Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat américaine est en Afrique. Elle visitera sept pays africains. Visite à caractère économique doublé de politique. Avec cette possibilité de procéder à la redistribution des cartes en Afrique des Grands Lacs. A Kinshasa, Kigali et Kampala, on n’exclut pas cette possibilité. Mais comment les choses vont-elles se passer ? Enigme.
Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat américaine, est bel et bien arrivée à Nairobi, capitale du Kenya, première étape de sa tournée dans le continent africain. Elle visitera sept pays. Outre le Kenya, elle est attendue en République sud africaine, Angola, Nigeria, Liberia, République démocratique du Congo et Cap vert.
A l’étape de Nairobi, la secrétaire d’Etat a annoncé ses couleurs. Certes, sa visite est d’ordre économique et que les Etats-Unis entendent renforcer la coopération dans ce domaine avec les Etats africains. Mais pour couper court à toutes les supputations, Hillary Clinton a affirmé que les Etats africains peuvent faire mieux. A la seule condition de faire preuve de « bonne gouvernance et d’adhésion à l’Etat de droit, conditions essentielles pour créer un climat positif pour les investissements et une croissance économique globale ».
Déclaration faite à l’ouverture de la Conférence ministérielle du Programme américain sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, AGOA. Elle rejoint ainsi le discours du président Obama, à Accra, qui affirmait que les Etats-Unis « devront soutenir les démocraties puissantes et durables ».
Voilà un message qui ne peut laisser indifférents les pays de la région des Grands Lacs soumis à des conflits armés récurrents. Dans le diagnostic qui a été posé, dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, l’absence de la démocratie a été l’une des grandes causes du retard sur le plan de développement dans cette région aux immenses ressources et nombreuses opportunités.
LA RENCONTRE DE GISENYI-GOMA
A quatre jours de l’arrivée de la secrétaire d’Etat américaine en République démocratique du Congo, attendue le 10 août, une rencontre est prévue aujourd’hui à la frontière entre la RDC et le Rwanda. Les premiers entretiens entre les experts des deux pays se déroulent à l’ Hôtel Serena, à Gisenyi. C’est à ce titre d’ailleurs que le président Kabila séjourne depuis mercredi à Goma, en provenance de Beni.
Rien à dire quand on sait que les deux pays, la RDC et le Rwanda continuent à affirmer leur volonté d’améliorer leurs rapports, efforts caractérisés par l’échange des ambassadeurs. On n’exclut pas que dans le cadre de la relance des activités de la CEPGL, le tête-à-tête Kabila-Kagame donne une nouvelle impulsion dans le cadre de la coopération bilatérale qui aboutirait certainement à la conclusion des accords dans le domaine de l’exploitation commune du gaz méthane du Lac Kivu.
Mais l’on ne doit pas aussi se faire d’illusion. Les questions sécuritaires domineront cette rencontre. Pas plus tard qu’il y a de cela une semaine, le président Kagame avait exprimé la disponibilité du Rwanda de renvoyer ses troupes en RDC pour contribuer à la traque des éléments des FDLR. Ce qui suppose le déclenchement de l’Opération UMOJA WETU II.
Au mois de janvier 2009, les deux pays avaient mené une opération militaire conjointe pour traquer les rebelles rwandais. Les résultats de cette opération militaire conjointe demeurent mitigés et plusieurs affirment qu’elle n’a pas été un succès. D’où l’on envisage une nouvelle opération militaire conjointe entre la RDC et le Rwanda, en plus de l’Opération KIMIA II déjà en exécution avec des résultats satisfaisants jusque-là.
COMMENTAIRES EN SENS DIVERS
Toujours est-il que cette nouvelle opération militaire conjointe ne soulève pas du tout de l’enthousiasme, surtout dans plusieurs milieux congolais. L’on parle même d’un parfum de piège lié à l’arrivée de la secrétaire d’Etat américaine en RDC. Son agenda de voyage ne mentionnant pas du tout une escale à Kigali et à Kampala, deux capitales des pays amis traditionnels des Etats-Unis, crée une certaine agitation. C’est ainsi que de la lointaine Amérique, il nous revient qu’une certaine diaspora africaine s’est mise en exergue pour tenter une opération de charme auprès des autorités américaines.
C’est dans ce contexte que des observateurs avertis constatent cette effervescence dans les capitales des pays des Grands Lacs, notamment à Kigali et à Kampala. Le sommet de Gisenyi, selon les mêmes sources informelles, devrait également connaître la participation du président ougandais.
Nombreux sont ceux qui voient en cette rencontre un « certain marketing politique » initié par Kigali qui n’a pas été retenu dans le carnet de voyage de la secrétaire d’Etat américaine. Et que dans le cadre d’un retour réel de la paix dans la région des Grands Lacs, Kigali voudrait se montrer incontournable. Au-delà, envoyer un message en direction de Washington. L’image de l’amélioration des relations entre Kinshasa et Kigali et ce face-à-face Kabila-Kagame seraient payants dans cet élan de la redistribution des cartes dans la région des Grands Lacs par les Etats-Unis.
Ce qui est vrai, c’est que cette visite de Hillary Clinton en RDC vise à effacer cette image des administration Bush et Clinton dans la région des Grands Lacs. Si effectivement Washington tient à donner une nouvelle impulsion à la coopération économique en Afrique des Grands Lacs et créer un climat positif pour les investissements et une croissance économique globale, le terrain de prédilection n’est autre que la République démocratique du Congo. C’est tout dire.