Après les concessions consenties entre la mission du Fonds à Kinshasa et les experts financiers du Gouvernement, le Conseil d’administration du Fonds monétaire se réunit le 24 septembre 2009 pour décider définitivement sur le dossier congolais avec, à l’horizon, le point d’achèvement
La mission du Fonds monétaire international (FMI) et les autorités congolaises sont parvenues à un accord sur les politiques économiques et financières pour le reste de l’année 2009 et pour 2010, d’une part, et de l’autre, le gouvernement a accepté les amendements concernant le contrat chinois. Ces précisions ont été données hier au cours d’une conférence de presse animée conjointement par le Chef de la délégation du FMI, M. Brian Ames, et le Gouverneur de la Banque centrale du Congo, Jean-Claude Masangu.
Au terme d’un séjour de neuf jours, soit du 10 au 18 août 2009, la mission du FMI laisse la RDC sur une bonne note. Au regard des résultats de la mission, le Gouverneur de la BCC n’a pas caché sa joie devant la presse: «Je suis très heureux de la conclusion des travaux entre le FMI et l’équipe économique de la RDC. Cet accord n’était pas facile à obtenir , a renchéri le n°1 de la BCC. La question chinoise qui posait problème a été balayée. D’ici le 15 septembre, le Gouvernement congolais tiendra une réunion avec les membres de Club de Paris qui traitent le dossier du Congo pour qu’ils puissent donner des assurances financières. Cela parce qu’il y a des écarts de financement dans le budget.»
Une étape importante sera aussi celle du 21 septembre prochain où l’équipe du FMI devra soumettre les conclusions de sa mission au Conseil d’administration qui a la responsabilité de décider de la conclusion ou non d’un nouveau programme formel avec la RDC. Sur le volet budgétaire, le Gouvernement a déjà mis de l’ordre pour s’assurer qu’une fois en programme, on maintienne le cap d’une bonne performance sur le plan de la gestion publique.
Une fois l’accord signé, il y aura une évaluation. Au bout de 6 mois, si l’évaluation est jugée globalement satisfaisante, en ce moment là, la RDC va atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE qui fera alleger sa dette de l’ordre de 10 milliards de dollars US.
Le Chef de la mission du FMI a salué la création, par le Gouvernement congolais, d’une commission chargée de faire la revue concernant la mise en oeuvre de tous les déclencheurs du point d’achèvement ; «on a mis en place une bonne coordination. Il y a des réunions de suivi», a-t-il dit. Concernant la suppression de la garantie sur l’accord de coopération, sur le montant global de 9 milliards US, 3 milliards de projet d’infrastructures ont été mis en veilleuse tant que la première phase d’infrastructure ne sera pas achevée. Quant au projet minier, les chinois ont exigé une garantie de l’Etat. Le contrat reste tout à fait commercial quant à première phase de l’infrastructure (3 milliards). La garantie est maintenue, mais elle ne démarre que 25 ans après. «Ce qui permet de dire que selon le Gouverneur de la BCC, d’après les analyses du FMI sur la soutenabilité de la dette et sur la concessionalité de la dette, la dette est soutenable et elle est concessionnelle». Mais pour conclure définitivement que le contrat ne pose plus problème, il faut attendre l’avenant signé par les deux parties pour pouvoir vérifier si oui ou non toutes les hypothèses de travail mis en place tiennent la route.
Jean-Claude Masangu a fait savoir, concernant le plan de gestion des finances publiques, que tous les membres du Gouvernement devrait respecter le plan de trésorerie. Celui-ci sera hebdomadaire et sera catégorisé à partir de ce mercredi.
La mission s’est également entendue avec les autorités congolaises sur les principaux agrégats du projet du budget 2010 et sur l’ensemble des politiques conformes aux objectifs du Gouvernement, consistant à atteindre un taux de croissance de 5,5%, une inflation de 15% en fin d’année et une accumulation des réserves internationales à 11 semaines d’importation.
N’importe comment, le Gouvernement mérite une fière chandelle. Diabolisé, vilipendé pour des raisons politiciennes liées au simple repositionnement, Adolphe Muzito est en passe de gagner une bataille décisive sur le front du redressement économique du pays. Le succès en vue est la preuve que les finances publiques sont bien tenues. Ce, malgré certains écarts essentiellement inhérents aux impératifs liés à la défense et à la souveraineté du pays. Dina BUHAKE
Déclaration au terme d’une visite des services du FMI en République démocratique du Congo
Une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par M. Brian Ames a séjourné en République démocratique du Congo du 10 au 18 août 2009 pour conclure les entretiens sur un nouvel accord triennal au titre de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) du FMI. La mission a rencontré le Premier ministre, M. Adolphe Muzito, le Ministre des Finances, M. Athanase Matenda, le Ministre du Budget, M. Michel Lokola, le Ministre du Plan, M. Olivier Kamitatu, le Gouverneur de la Banque centrale, M. Jean-Claude Masangu, ainsi que d’autres hauts responsables du gouvernement.
La mission est parvenue à un accord sur les politiques économiques et financières pour le reste de 2009 et 2010 compatibles avec les objectifs des autorités visant la promotion de la croissance, la réduction de l’inflation et la reconstitution des réserves de change fragilisées par la crise financière internationale. Les autorités ont aussi indiqué que leurs partenaires ont accepté les amendements concernant le projet d’accord de coopération sino-congolais y compris le retrait de la garantie du gouvernement sur le projet minier. Lorsque les services du FMI confirmeront que l’accord révisé est compatible avec la viabilité de la dette, les autorités congolaises seront en mesure de solliciter les assurances financières pour leur programme auprès des créanciers du Club de Paris. Le Conseil d’Administration du FMI pourra alors rapidement examiner la demande d’un nouvel accord triennal au titre de la FRPC.
M. Ames a fait la déclaration suivante aujourd’hui à Kinshasa : « Les entretiens se sont déroulés à un moment où les autorités se heurtent à une conjoncture économique difficile marquée par les retombées de la crise financière internationale. Face à l’effondrement des prix à l’exportation des principaux produits de base et à la détérioration des termes de l’échange au quatrième trimestre 2008, la RDC a reçu une aide financière d’urgence de ses partenaires au développement, dont 200 millions de dollars EU au titre de la composante d’accès rapide de la facilité de protection contre les chocs exogènes (FCE) du FMI. Les réserves officielles brutes se sont ainsi redressées après être descendues à de faibles niveaux historiques. Durant le premier semestre 2009 la croissance a été faible du fait du ralentissement de l’activité dans le secteur minier et les BTP. L’inflation a atteint un maximum en avril à un taux annualisé de 100 % et le taux de change s’est déprécié de 45 % durant la même période. Depuis, l’inflation s’est modérée et le taux de change s’est stabilisé.
Pour le reste de 2009, la mission s’est entendue avec les autorités sur un ensemble de politiques et de cibles conformes à leurs objectifs économiques. Les recettes publiques durant les sept premiers mois de l’année ont été inférieures aux prévisions et les engagements de dépenses en cours sont plus élevés par rapport aux ressources disponibles. La situation est exacerbée par le niveau plus faible que prévu du produit des privatisations et par les retards dans l’appui budgétaire des donateurs. Les autorités prennent des mesures pour maintenir les dépenses aux niveaux prévus du programme, y compris en annulant les engagements existants dans la mesure du possible et en plafonnant les nouveaux. Pour pouvoir mettre en œuvre ces mesures il faudra un solide soutien politique. La politique monétaire restera rigoureuse et le taux directeur de la Banque centrale devrait rester inchangé afin d’assurer la poursuite de désinflation. La mission s’est également entendue avec les autorités sur les principaux agrégats du projet de loi de finances de 2010 et sur un ensemble de politiques conformes aux objectifs du gouvernement consistant à atteindre un taux de croissance de 5 ‘/a %. une inflation de 15 % en fin d’année et une accumulation des réserves internationales à 11 semaines d’importations. Le programme des autorités est centré sur la mobilisation des recettes intérieures, par le biais de mesures concernant les trois régies financières, le renforcement de. la gestion des finances publiques et la réforme de la Banque centrale. Les hypothèses de recettes sont prudentes vu les incertitudes quant au redressement de l’économie et les bénéfices décalés des réformes. Les recettes publiques devraient cependant s’accroître de 2 points de PIB par rapport à 2009 et les dépenses globales devraient augmenter de plus de 6% du PIB. La politique salariale du gouvernement prévoit la mise en place progressive d’une harmonisation des salaires entre Kinshasa et les provinces et la politique de décentralisation se poursuivra en tenant compte des contraintes de capacité des provinces.
Les autorités ont fait savoir que durant la première revue annuelle de l’accord de coopération sino-congolais leurs partenaires ont donné leur accord à la suppression de la garantie publique sur la composante minière, et à la suppression de la deuxième phase de la composante infrastructure. Une fois que les services du FMI auront confirmé que l’accord ainsi amendé est conforme à la viabilité de la dette, les autorités seront en mesure de demander des assurances de financement des créanciers du Club de Paris pour leur programme. Le Conseil d’Administration du FMI pourra alors rapidement examiner la demande d’un nouvel accord triennal au titre de la FRPC. La mission tient à remercier les autorités de leur chaleureuse hospitalité et de leur excellente coopération.»