Restructuration, désignation de nouveaux animateurs, répartition des postes, immobilisme et jouissance de certaines personnalités ... le débat bat son plein au sein de la principale plate-forme de la coalition au pouvoir.
Imperceptiblement, la classe politique congolaise, après la rentrée parlementaire du 15 septembre dernier, évolue vers la zone de grande activité qui la caractérise généralement. Pour ne pas parler de zone de turbulence… Comme les eaux calmes, la sérénité apparente, jusqu’à ce jour, ne cache pas moins les grands enjeux qui se trament au sein des différentes familles politiques et entre elles. La semaine dernière, Forum des As annonçait le lancement, au sein de l’AMP, des consultations pour peaufiner les stratégies. Cela à la faveur d’une rencontre qui a réuni ses sociétaires, officiellement à l’occasion d’une « réception » organisée en l’honneur des députés et sénateurs qui venaient de reprendre le chemin du Palais du peuple après leurs vacances parlementaires.
La semaine dernière toujours, des confrères annonçaient le réveil des ambitions au sein de l’opposition institutionnelle pour la finalisation du processus de désignation de ses animateurs après l’adoption et la promulgation de la loi portant son organisation. Les perspectives de confirmation de l’indisponibilité de Jean-Pierre Bemba se précisant de plus en plus, les différents leaders au sein de l’opposition estiment donc qu’il est temps de « remplir les cases » pour donner au groupement de meilleures coudées.
Retour au sein de la majorité, il semble que c’est d’ici que pourrait partir la grande animation politique. La famille politique au pouvoir couve, en effet, en son sein plusieurs dossiers qui ont fini d’asseoir l’impératif de revisitation des alliances. Il y a, d’ailleurs, des mois que les structures officielles de l’AMP avaient annoncé le réexamen de ses alliances, notamment avec l’UDEMO. Plus près de nous, une importante rencontre avait réuni la direction exécutive de l’AMP et une représentation du PALU en présence du Premier ministre, Adolphe Muzito, et du Directeur de cabinet du Président de la République, autorité morale de l’AMP.
Plus loin encore, lors de la célébration de l’anniversaire de son parti, le Secrétaire général du PPRD, aujourd’hui Président de l’Assemblée nationale, ne s’était pas caché pour faire état de la nécessité, pour son parti, de voir dans quelle mesure reconsidérer ses alliances politiques par rapport à sa force individuelle (celle du PPRD) dans l’environnement politique générale. Petite phrase qui ne passa pas inaperçue du tout.
Olivier Kamitatu et le « pavé » de l’ARC
Il y a donc beaucoup d’antécédents (peut-être trop) qui constituent, dans une analyse politique, les prémices de cette fameuse grande activité politique en perspective. Signe de ce bouillonnement, comment donc comprendre autrement la position rendue le week-end dernier par l’Alliance pour le Renouveau du Congo (ARC) de Olivier Kamitatu, lors de l’inauguration de la permanence nationale de ce parti ? En effet, dans une déclaration rendue publique à cette occasion, l’ARC, faisant une lecture de la situation politique nationale, a invité le Chef de l’Etat à procéder à des ajustements institutionnels devant lui permettre de s’entourer de personnes réellement engagées et qui partagent sa vision du Congo pour les changements qu’attendent les Congolais à deux ans des prochaines élections. Premier à se prononcer ainsi ouvertement sur cette question du chambardement gouvernemental tant attendu, le parti de l’actuel ministre du Plan, qui partage la même plate-forme – « les Forces du renouveau » - que le RCD/K-ML de Mbusa Nyamuisi, va plus loin en plaidant pour la restructuration de l’AMP et la désignation de nouveaux animateurs de ce groupement politique. Sur la même lancée, l’ARC justifie son plaidoyer par la nécessité de privilégier l’intérêt national et l’efficacité au détriment des alliances conjoncturelles.
La restructuration de l’AMP, estime encore l’ARC dont les propos sont rapportés par l’Agence congolaise de presse (ACP), devrait s’opérer à la lumière de l’évaluation de ses actions réalisées depuis l’élection du Président de la République jusqu’à ce jour, mais aussi sur la nécessité de faire représenter, au sein des nouvelles structures, les partenaires selon le poids politique de chacun.
Tout en disant s’opposer à « l’immobilisme et à la jouissance de certaines personnalités de la coalition », l’ARC rassure l’autorité morale de l’AMP de son engagement à dénoncer les maux qui rongent celle-ci.
Cette sortie politique du parti de Kamitatu a, à tout le moins, le mérite de lever un bon coin de voile sur les enjeux qui couvent réellement au sein de la famille politique du Chef de l’Etat et qui confirment les appréhensions des divers observateurs. L’AMP, manifestement, a besoin d’une véritable cure de jouvence qui, d’une pierre deux coups, lui donnerait l’occasion de s’ajuster pour s’adapter au nouveau contexte politique. Car, qu’on le veuille ou pas, les enjeux ayant sous-tendu la nécessité de tisser des alliances électorales sont passés au profit des défis de la gestion, puis, à terme, la conservation du pouvoir acquis.
Depuis samedi donc, le débat peut être considéré comme officiellement ouvert au sein de l’AMP.
Ce débat pourrait s’élargir sur un autre sujet qui s’annonce en perspective: l’éventualité d’une révision de la Constitution dans le sens d’un allongement du mandat électoral. Le sujet se murmure déjà dans les milieux de la majorité ...
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