Le représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), Alan Doss, a dressé un tableau mitigé de l'évolution de la situation dans l'Est du pays, lors d'un exposé vendredi devant le Conseil de sécurité.
Selon M. Doss, les forces armées de la RDC (FARDC) ont fait des progrès dans leurs opérations contre les groupes armés étrangers, en particulier les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui ont été repoussées de la plupart des zones habitées et qui se trouvent à présent dispersées et affaiblies. « L'intégration des groupes armés congolais se poursuit et les personnes déplacées et les réfugiés retournent dans leur foyer », s'est-il félicité.
M. Doss a néanmoins souligné que des menaces et risques sérieux persistaient. Il a ainsi expliqué que les FDLR n'étaient pas encore neutralisées et que des attaques étaient régulièrement menées par des hommes armés dans les deux provinces du Kivu et dans la Province orientale, « où des éléments résiduels de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) montent des raids sporadiques ». Il a également relevé que le retour des personnes déplacées et des réfugiés, souvent après des années d'absence, provoquait des tensions ethniques et des litiges fonciers.
« La violence sexuelle continue à représenter un défi énorme », a encore déclaré le représentant spécial, qui a mis l'accent sur le rôle de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) en matière de lutte contre l'impunité et de protection des civils.
« Le maintien de la discipline au sein des FARDC et de la police nationale congolaise est en soi un élément vital pour assurer la protection des populations », a-t-il affirmé, avant de signaler que, dans le cadre de la politique de tolérance zéro instaurée par le président congolais Kabila, les cinq commandants identifiés par le Conseil de sécurité avaient été démis de leurs fonctions et seraient traduits en justice.
M. Doss a indiqué que dans ce contexte, la MONUC s'efforçait de fournir une protection régulière contre les attaques des FDLR et autres éléments armés, en patrouillant dans les axes les plus vulnérables pour faciliter la fourniture de l'aide humanitaire. « Les jours de marché, les Casques bleus fournissent aussi des escortes armées aux villageois, en particulier les femmes, pour qu'ils puissent vaquer à leurs occupations sans être harcelés ou agressés par les groupes armés », a-t-il également dit.
Le représentant spécial a reconnu qu'en dépit des efforts des FARDC et de la MONUC pour améliorer et étendre la protection, il n'est toujours pas possible de protéger « tout le monde, partout et tout le temps dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, une zone aussi vaste que la Californie et peuplée de 8 millions d'habitants ».
Sur ce point, M. Doss a indiqué que le prochain rapport du Secrétaire général porterait sur la mise en œuvre du Cadre stratégique intégré, une initiative conjointe de la MONUC et de l'Équipe de pays des Nations Unies destinée à renforcer le mandat de la Mission dans les secteurs clefs suivants : la promotion du processus de progrès, la réforme de la sécurité, la protection et l'Etat de droit, la prévention et le règlement du conflit, la stabilisation de l'Est de la République du Congo, le processus de démocratisation du pays et l'organisation d'élections.
De son côté, à l'occasion d'une visite à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, le Haut commissaire des Nations Unies aux réfugiés, Antonio Guterres, a appelé vendredi la communauté internationale à ne pas oublier les Congolais au moment où ils en ont le plus besoin.
Il a rappelé qu'environ 2 millions de personnes étaient déplacées en RDC et que les défis humanitaires à relever étaient énormes pour répondre aux besoins de ces civils.
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