Le président Joseph Kabila va se rendre prochainement au Burundi à l’invitation de son homologue Pierre Nkurunziza, dont c’est le second séjour à Kinshasa après celui effectué en 2006. Le président burundais a salué hier à Kinshasa les relations « exceptionnelles et de solidarité » entre la RDC et son pays.
Le chef de l’Etat et le président burundais Pierre Nkurunziza, arrivé mardi après-midi à Kinshasa, se sont entretenus en tête-à-tête durant une heure (10h-11h) au palais de la Nation.
A 19h00 dans les jardins du palais de la Nation, Joseph Kabila a offert un dîner au cours duquel son hôte l’a invité « à rendre une visite au peuple burundais ». Il a également invité les investisseurs congolais « à investir au Burundi » où il y a beaucoup d’opportunités, a-t-il déclaré. Le Burundi, qui sort d’une longue guerre civile (plus de dix ans) - qui a emporté beaucoup de vies humaines et laissé d’innombrables veuves, veufs et orphelins, et qui a fait beaucoup de réfugiés et de déplacés intérieurs - a déjà tiré une grande leçon de son histoire.
L’espoir d’un avenir plus prometteur pour le Burundi et les Burundais est maintenant permis, car des jalons pour la paix, la stabilité et la concorde nationale ont déjà été fixés et lancés par le gouvernement.
L’heure est donc à la reconstruction, a affirmé le chef de l’Etat burundais qui a dévoilé les grandes lignes du « programme de reconstruction » gouvernemental portant sur tous les domaines de la vie nationale.
A propos des élections générales, dont le processus a démarré le 5 avril 2010, il a dit attendre la présence de témoins étrangers, dont ceux de la RDC, saluant au passage la solidarité africaine dont a bénéficié le Burundi lors des événements tragiques qui l’ont ébranlé durant une dizaine d’années.
Dans son discours de bienvenue, le président Joseph Kabila a salué la relance en cours de la coopération bilatérale entre la RDC et le Burundi. Il a réaffirmé sa détermination à restaurer la paix sur l’ensemble du territoire congolais, particulièrement au Kivu et dans la province Orientale. Soulignant que sans la paix, il n’y a point de développement.
C’est à cette tâche qu’il se consacre afin que les Grands Lacs deviennent une oasis de paix, où tous les peuples vivent dans un climat de fraternité et de confiance mutuelle. La reconstruction de la RDC, a-t-il déclaré en substance, repose sur le programme gouvernemental des « Cinq chantiers » dont la réalisation a déjà démarré dans toutes les provinces du pays.
RENFORCEMENT DES RELATIONS BILATERALES
La présence au sein de la délégation burundaise du ministre Alain Guillaume Bunyoni de la Sécurité publique et de quelques officiers supérieurs et généraux de l’armée, donne à penser que la visite du président Nkurunziza a eu pour toile de fond la question sécuritaire.
En effet, avec la mise en branle du processus électoral rentré dans sa « phase décisive » avec l’affichage des listes des électeurs (5-11 avril 2010) et l’enregistrement des candidats aux élections communales à partir de ce jeudi 15 jusqu’au 24 avril, les autorités burundaises voudraient vraisemblablement « voir clair » dans le mouvement des étrangers présents sur leur territoire et de leurs compatriotes réfugiés dans les pays voisins.
Le Burundi, qui « bénéficie d’une meilleure sécurité et d’une plus grande stabilité sur le front politique » du fait que « la démobilisation des combattants du Palipehutu-Forces nationales de libération (FNL, transformé en parti politique) a été menée à terme », fait face à un mouvement en masse de retours librement consentis de réfugiés burundais. v« Aujourd’hui, plus de 6 pour cent des habitants du Burundi sont d’anciens réfugiés, revenus de pays avoisinants au cours des six dernières années. Le HCR a facilité l’instauration d’un dialogue entre le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC), concernant le rapatriement librement consenti des réfugiés burundais et congolais », rappelle-t-on.
« En 2010, selon les prévisions du HCR et de ses partenaires, quelque 10.000 réfugiés burundais devraient regagner leur pays, principalement à partir de la RDC, si les discussions tripartites entamées en 2008 se concluent de manière satisfaisante. Ceci ouvrira la voie au rapatriement librement consenti des Congolais réfugiés au Burundi».
Les « solutions durables » visent notamment à « veiller à ce que les Burundais réfugiés en RDC regagnent de leur plein gré leur pays, dans la sécurité et dans la dignité et à aider, lorsque les conditions de sécurité se seront améliorées dans la province du Sud-Kivu, tous les réfugiés congolais qui optent pour le rapatriement librement consenti ».
En 2009, des réunions tripartites RDC-Burundi-HCR, organisées à Bujumbura et à Kinshasa, ont examiné le problème des réfugiés congolais et burundais ainsi que celui des modalités de leur « rapatriement volontaire dans la sécurité et la dignité de leurs citoyens ».
Durant son séjour de 72 heures à Kinshasa, le président Pierre Nkurunziza devait visiter le pont de « Pompage » à Ngaliema et l’hôpital du Cinquantenaire dans la commune de Kasa-Vubu entre 14h et 16h, avant de rencontrer au Grand Hôtel Kinshasa à 17h les opérateurs économiques et de prendre part au dîner officiel offert par le président Joseph Kabila, à 19h au palais de la Nation.
Ce jeudi, le chef de l’Etat burundais va prendre congé du président Joseph Kabila à 9h au Grand Hôtel Kinshasa. Ensuite, il va se rendre à l’aéroport international de N’Djili où il va prendre son avion à destination de Bujumbura.