Région où les industries peinent à se développer du fait en l'occurrence de déficits énergétiques, la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) est en train de mettre progressivement en place un marché de l'électricité avec la République démocratique du Congo (RDC) comme pôle de production pivot.
Constitué de deux noyaux, ce marché de l'électricité se traduit par des projets de construction entre, d'une part, le Congo-Brazzaville, l'Angola et la RDC à travers de lignes d'interconnexion à partir d'Inga, dans le sud-ouest de la RDC où existent déjà deux centrales, Inga I et Inga II, mises respectivement en service en 1972 et 1982 et d'une capacité officielle de 351 MW et de 1.424 MW.
Précisément, le projet prévoit de relier Cabinda en Angola, Pointe-Noire, Imboulou puis Brazzaville au Congo, a indiqué à Xinhua le secrétaire permanent du Pool énergétique de l'Afrique centrale (PEAC), Bruno Kapandji Kalala, lors des réunions annuelles du Programme pluriannuel de coopération CEA-CEEAC-CEMAC du 23 au 25 novembre à Douala, la métropole économique du Cameroun.
"Brazzaville est déjà connectée avec Kinshasa. Et Kinshasa reçoit l'énergie d'Inga. Donc, il y aura cette boucle-là", a expliqué M. Kapandji Kalala pour qui "les études sont en cours pour construire Inga III d'une capacité 4.500 mégawatts et construire aussi grand Inga de 49.000 mégawatts avec lignes associées".
D'après les estimations, Inga I et Inga II, sur le fleuve Congo (limite naturelle de la RDC et du Congo), fonctionnent à l'heure actuelle à 20% de leur capacité, à cause de la mise à l'arrêt de la plupart des turbines due aux difficultés de disponibilité des pièces de rechange. Mais, cette situation n'empêche pas la RDC d'exporter de son électricité produite vers l'Angola, le Congo et le Zimbabwe.
De même, des lignes relient aussi le complexe à la Zambie, au Botswana, à la Namibie et à l'Afrique du Sud. Pour la construction d'Inga III à l'horizon 2020 et la première phase de Grand Inga en 2025, les autorités de Kinshasa chiffrent à quelque 22,1 milliards de dollars les besoins de financements dont 7 milliards pour le premier de ces deux projets.
Sur un potentiel estimé à plus de 150.000 MW pour l'ensemble de la région dont 2,5% seulement exploité, la RDC, grâce au complexe d'Inga, fait office de réservoir hydroélectrique de la CEEAC. Au-delà des 4.500 MW de la première phase, Grand Inga devrait atteindre à terme 100.000 MW destinés aux marchés du Sud de l'Europe et du Moyen-Orient.
Envisagée depuis longtemps, la réalisation de ce chantier se heurte à des obstacles institutionnels qui n'aident pas à la mobilisation des financements. La fermeture récente du consortium Wester Power Corridor (Westcor), qui réunissait en son sein les 5 pays concernés par le projet (RDC, Afrique du Sud, Angola, Botswana et Namibie), a imposé la recherche d'un nouveau management.
Conforté par les initiatives menées dans le cadre du Nouveau Partenariat pour l'Afrique (NEPAD) de l'Union africaine (UA), des programmes de coopération de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) et le concours financier de la Banque africaine de développement (BAD) en appui à la CEEAC et la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale), le secrétaire permanent du PEAC croit à l'aboutissement du projet.
Récemment d'ailleurs, la BAD a octroyé un don de 554.000 dollars au PEAC pour financer les études de faisabilité et les dossiers d'appel d'offres de 5 projets du programme pilote d'électrification transfrontalière concernant le Cameroun, le Gabon, le Tchad, la République centrafricaine (RCA), le Congo, la RDC et la Guinée équatoriale.
Créé en 2003 à Brazzaville, le Pool énergétique de l'Afrique centrale est un organisme spécialisé de la CEEAC chargé de la mise en œuvre de la politique énergétique, du suivi des études, de la construction des infrastructures communautaires, de l'organisation des échanges de l'énergie électrique et des services connexes au sein de cette communauté économique régionale africaine.
Le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Gabon sont les trois pays concernés par le deuxième noyau du marché régional de l'électricité "au travers de lignes d'interconnexion qui vont relier les lignes électriques de la partie Sud du Cameroun, le Nord de la partie continentale de la Guinée équatoriale et l'Ouest du Gabon", a informé Bruno Kapandji Kalala.
"Il y a déjà des études qui sont en cours au niveau du PEAC", a--t-il dit.
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