Dans son réquisitoire, le ministère public a demandé à la Haute Cour militaire de pourvoir à la révision du jugement prononcé par le Conseil de guerre de Thysville, au motif que ce procès avait violé toutes les règles de droit de l’homme et tablait sur « l’inexistence » des faits portés à charge des condamnés. Simon Kimbangu et ses disciples Zola, Matuefueni Lenge, Nsumbu Daniel, Mbaki André, Mikala Mandombe et Philémon Matabenge avaient été condamnés, le 03 octobre 1921, par le Conseil de guerre de Thysville (Congo belge) respectivement à la peine de mort et à des peines allant de 2 à 20 ans de servitude pénale principale pour « atteinte à la sûreté de l’Etat et à la tranquillité publique ».
Dans son arrêt, la Haute Cour militaire de Kinshasa a dit recevoir le pourvoi en révision introduit par l’auditeur général et annulé le jugement antérieur ainsi que la condamnation prononcée contre Simon Kimbangu et ses disciples. Ce procès en révision ouvre ainsi la voie au processus de réhabilitation officielle de la mémoire de Kimbangu et de ses disciples, 90 ans après leur condamnation.
La question de la révision de ce procès avait été déjà posée en RDC lors de la Conférence nationale souveraine en 1991, plusieurs voies ayant estimé que le prophète et ses disciples avaient été condamnés sur des faits injustes et que leur mémoire devait être réhabilitée.
Un juriste congolais, Me Mbungu Kadivioki Bayanama, avocat près la Cour suprême de justice, avait relevé « des erreurs judiciaires » dans le procès contre Simon Kimbangu, déplorant toute une série d’entorses imputées à la justice coloniale, notamment le vice de procédure, l’absence de l’acte d’accusation et l’inexistence d’un procès-verbal d’audition qui contiendrait les éléments du dossier sur lequel le ministère public devait s’appuyer pour justifier son accusation.
Il relevait par ailleurs que l’accusé Simon Kimbangu n’était pas assisté par un avocat comme le prévoit la loi en pareille circonstance, ce qui constitue, selon lui, une lacune judiciaire grave de la part de la justice coloniale belge. Le juriste dénonçait également le fait que le conseil n’était composé que d’un seul juge alors que la loi en prévoit au minimum trois.
Outre le caractère expéditif de ce procès, contrairement aux us et coutumes judiciaires, Me Mbungu observait aussi qu’un simple villageois ne pouvait être jugé par un tribunal militaire d’exception pour des infractions qui n’avaient donné lieu à aucune perte de vie humaine ni occasionné des troubles sociaux et moins encore des mouvements de révolte, concluant à l’existence d’une « cabale judiciaire » montée contre Simon Kimbangu pour la simple raison d’avoir « évangélisé ses compatriotes avec des actes de puissance divine ».
Une conférence internationale sur le prophète Simon Kimbangu va se tenir sur la question dans la capitale congolaise du 24 au 28 juillet courant, rappelle-t-on.