« Je peux confirmer que Bosco Ntaganda, inculpé par la CPI et un leader de l'une des factions du M23, est entré dans l'ambassade américaine à Kigali. Il a expressément demandé à être transféré à la CPI, à La Haye. Nous menons actuellement des consultations avec un certain nombre de gouvernements, dont le gouvernement rwandais, afin de faciliter sa demande », a déclaré la porte-parole Victoria Nuland lors du briefing quotidien du Département d'Etat américain.
« Nous soutenons fermement le travail que la CPI est en train de faire pour enquêter sur les atrocités commises en République démocratique du Congo, et nous allons continuer à travailler avec la CPI dans cette affaire », Mme Nuland a déclaré aux journalistes.
Le sort de Ntaganda était devenu de plus en plus périlleux depuis que les rebelles du M23 se sont divisés en deux factions rivales le mois dernier, avec une faction soutenant le tristement célèbre chef de guerre surnommé « Le Terminator » et l'autre dirigée par Sultani Makenga. Ntaganda a fui vers le Rwanda samedi après des semaines de combats entre les deux factions.
Les rebelles du M23 avaient auparavant nié que Ntaganda faisait parti de leur rébellion.
D'origine rwandaise, Ntaganda est devenu général dans l'armée congolaise dans le cadre d'un accord de paix signé entre le gouvernement et les rebelles du CNDP en 2009. Auparavant, il avait combattu dans l'armée rwandaise avant de rejoindre une milice dans le nord du Congo dirigée par Thomas Lubanga.
En avril de l'année dernière, les anciens rebelles du CNDP intégrés dans l'armée congolaise se sont révoltés alors que le gouvernement congolais était sous une pression accrue pour arrêter Ntaganda. Ils ont alors changé leur nom en « Mouvement du 23 mars. »
Les rebelles du M23 ont pris Goma, la capitale de la province du Nord Kivu, le 20 novembre, mais s’en sont ensuite retiré sous la pression des leaders régionaux et internationaux. Le gouvernement congolais est en train de « négocier » avec ces rebelles à Kampala, en Ouganda.
Les Nations Unies et des groupes de droits de l'homme ont accusé le Rwanda et l'Ouganda de soutenir le M23. Le Rwanda a été mis sous pression par des bailleurs de fonds étrangers, y compris les États-Unis et le Royaume-Uni, pour cesser son soutien aux rebelles du M23.
Le président américain Barack Obama a appelé le président rwandais Paul Kagame le 18 décembre pour lui souligner « l'importance de mettre fin, une fois pour toute, à tout soutien aux groupes armés en RDC, ... pour parvenir à un accord politique transparent et crédible qui mettra un terme à l'impunité pour les commandants du M23 et d'autres » qui sont impliqués dans des violations des droits de l'homme.
Le 24 février, onze pays de la région des Grands Lacs et ceux de l'Afrique australe ont signé un accord de paix visant à mettre fin à plus d'une décennie de conflits dans l'est du Congo.