«Nous venons d’annoncer une loi sur la protection des enfants-soldats. Des pays, parmi lesquels le Rwanda, font l’objet de sanctions sous le régime de cette loi» de 2008 sur la Protection des enfants soldats, a indiqué la nouvelle secrétaire d’Etat adjointe pour l’Afrique, Linda Thomas-Greenfield. La plus haute responsable du département d’Etat pour l’Afrique, citée par l’AFP, n’a pas donné des précisions sur la nature des sanctions.
«Cette affaire était liée au M23 et nous continuerons d’en discuter avec le gouvernement rwandais», a-t-elle cependant expliqué.
La porte-parole adjointe du ministère, Marie Harf, a ajouté lors de son point de presse que le Rwanda était sanctionné pour son «soutien à un groupe rebelle qui continue d’enrôler et de kidnapper de manière active des enfants et qui menace la paix et la stabilité de l’est de la RDC».
Au sujet de la nature des sanctions, un responsable du département d’Etat a révélé que ces mesures à l’encontre du Rwanda consistaient à «mettre fin à toute l’assistance en termes de formation et d’entraînement militaire pour l’année budgétaire 2014». L’année budgétaire 2014 a en principe commencé le 1er octobre.
Dans un communiqué du lundi 10 juin dernier, l’ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en République démocratique du Congo, Roger Meece, et la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour les enfants et les conflits armés, Leila Zerrougui, avaient appelé la rébellion du M23 de cesser d’utiliser les enfants dans ses rangs.
Ils se disaient alors préoccupés par les informations selon lesquelles au moins 53 enfants risquaient d’être recrutés de nouveau par le M23 dans le territoire de Nyiragongo, dans la province du Nord-Kivu. Les 53 enfants faisaient partie d’un groupe d’au moins 70 qui auraient été recrutés par la rébellion, dans les territoires de Nyiragongo et Rutshuru. Le mouvement rebelle avait aussitôt nié les faits.
Accusation directe contre Kigali
Depuis quelques mois, Washington hausse le ton contre Kigali, l’accusant d’être impliqué dans la crise qui prévaut dans l’Est de la RDC.
«Nous exigeons que le Rwanda mette immédiatement fin à toute forme d’aide au M23 (et) retire son personnel militaire de l’est de la RDC », avait déclaré mardi 23 juillet la porte-parole du département d’Etat américain, Jen Psaki, sans précisé si le président rwandais Paul Kagame était lui-même impliqué.
Déjà lors de sa visite lundi 1er juillet à Dar es Salaam, le président américain Barack Obama lui-même avait appelé les pays frontaliers de la RDC, sans les citer, à cesser de soutenir les groupes armés qui y opèrent.
Le M23 a été créé en mai 2012 par des mutins des FARDC issus de l’ex-rébellion du Congres national pour la défense du peuple (CNDP), exigeant l’application effective de l’accord de paix Goma signé en mars 2009 par le CNDP et Kinshasa. Mais, en marge de leurs pourparlers avec le gouvernement congolais à Kampala, les rebelles ont élargi leurs revendications à des questions politiques et économiques.