Des électeurs dimanche devant leur bureau de vote |
KINSHASA, le 2 août (IRIN) - Les premières élections démocratiques depuis 1960 en République démocratique du Congo (RDC) ont eu lieu dimanche. Loin d'avoir terminé son travail après ce scrutin présidentiel et législatif, la Commission électorale indépendante (CEI) doit maintenant se préparer à organiser quatre autres élections entre octobre et janvier 2007.
«Nous avons encore beaucoup de travail à faire d'ici le début de l'année prochaine», a expliqué dimanche le président de la Commission, Apollinaire Malumalu, en annonçant le calendrier électoral.
Dans l'éventualité où aucun candidat n'obtiendrait 50 pour cent des voix à l'issue du scrutin de dimanche, le deuxième tour de l'élection présidentielle a été fixé au 29 octobre, en même temps que l'élection des députés des 11 provinces du pays.
Puis, le 29 décembre, un autre scrutin doit permettre d'élire les nouveaux sénateurs. Enfin, l'élection des gouverneurs provinciaux et de leurs suppléants est prévue le 7 janvier.
Le deuxième tour des présidentielles n'inclura que les deux candidats arrivés en tête du premier tour. La collecte des résultats définitifs de cette dernière élection pourrait encore prendre plusieurs semaines, a prévenu M. Malumalu.
Certains bureaux de vote de Kinshasa, la capitale, ont commencé à publier des résultats préliminaires des élections présidentielles, qui donnent une avance au vice-président et ex-leader rebelle, Jean-Pierre Bemba, sur le président sortant, Joseph Kabila.
A Bunia (nord-est) et à Goma (est) les favoris seraient Joseph Kabila et Azarias Ruberwa, un autre ex-leader rebelle et vice-président du gouvernement de transition.
A Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, Joseph Kabila et Pierre Pay-Pay, un ancien gouverneur de la Banque centrale, seraient en tête, tandis qu'à Mbuji-Mayi, la capitale provinciale du Kasai Oriental, les favoris seraient pour l'instant Bemba et Oscar Kashala, un médecin récemment entré en politique.
Par ailleurs, un nouveau scrutin devait être organisé lundi dans certaines villes et villages du Kasai Occidental et du Kasai Oriental, où des militants du leader de l'opposition de longue date, Étienne Tshisekedi, ont mis le feu à des bureaux de vote, a indiqué M. Malumalu.
M. Tshisekedi et son parti l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) n'ont pas participé au scrutin de dimanche.
Des problèmes d'organisation ont été constatés lors de ces élections du 30 juillet, entre autres des confusions autour des numéros d'inscription sur les listes électorales attribués aux électeurs : les agents électoraux, déchiffrant souvent ces chiffres de manière erronée, affirmaient aux électeurs que ceux-ci avaient déjà voté alors que ce n'était pas le cas.
Certains électeurs de Kinshasa ont également affirmé avoir été témoins de fraudes. Selon leurs témoignages, des gens auraient tenté de les soudoyer pour qu'ils donnent leur numéro d'inscription.
D'autre part, dimanche soir, les agents chargés du dépouillement dans les bureaux de vote visités par IRIN à Kinshasa n'ayant reçu ni nourriture, ni eau, certains ont décidé de faire grève.
Les observateurs internationaux ont mentionné que dans un bureau de vote en particulier, ces agents étaient tellement épuisés qu'ils ont tout abandonné et sont rentrés chez eux, laissant les bulletins de vote étalés sur le sol.
M. Malumalu a déclaré que la CEI avait ordonné des enquêtes au sujet de ces allégations et qu'elle rendrait ses conclusions dans une semaine.
De son côté, un représentant du comité des observateurs de l'Union européenne a déclaré lundi qu'il ne donnerait aucun verdict final sur les élections avant mercredi.