"Sans machine à voter, il n'y aura pas d'élections le 23 décembre 2018", a déclaré à l'AFP Corneille Nangaa, interrogé sur la position des Etats-Unis qui se sont opposés à l'utilisation d'un système électronique de vote.
"Les élections du 23 décembre 2018 se feront avec la machine à voter", a-t-il dit au téléphone depuis New York.
Lundi, les Etats-Unis ont affirmé leur opposition à un système électronique de vote pour la triple élection du 23 décembre, alors que sept membres du Conseil de sécurité pressaient le président Kabila d'annoncer qu'il ne serait pas candidat à la présidentielle. "Nous sommes très préoccupés de voir l'insistance (en RDC) à vouloir utiliser un système électronique de vote" pour les scrutins présidentiel, législatif et provincial de décembre, avait lancé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.
Un tel recours représente "un risque colossal" et les Etats-Unis souhaitent le recours à "des bulletins papier pour qu'il n'y ait pas de doutes sur le résultat". "Les États-Unis ne soutiennent pas" ce recours à un système électronique.
S'il faut recourir aux bulletins papier, les élections devraient être organisées en juillet 2019, a estimé M. Nangaa. "Les élections en RDC ne sont pas une affaire des Etats-Unis ou du Conseil de sécurité. La Céni entend faire respecter son indépendance" vis-à-vis de ses partenaires nationaux et étrangers.
"Il ne suffit pas de dire que la machine à voter est mauvaise, il faut aussi proposer une solution à la place, notamment combien vous mettez sur la table!", a réagi le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.
Le coût des scrutins est estimé à 432 millions de dollars avec les machines à voter et à 554 millions pour des bulletins papier.
Il revient à la Céni de "prendre la décision qui lui convient. Personne n'a le droit de donner des injonctions à la Céni", a ajouté M. Mende.
La RDC est minée par une crise aggravée par le maintien au pouvoir du président Kabila dont le second mandat a pris fin le 20 décembre 2016.
Kinshasa a justifié la non-tenue d'élections fin 2016 par des problèmes de sécurité. Un scrutin avait été prévu fin décembre 2017, avant d'être reporté au 23 décembre 2018.
Le climat est très tendu, l'opposition rejette tout recours à la machine à voter et accuse M. Kabila de chercher à tout faire pour se maintenir au pouvoir.
"Nous ne voulons pas de cette machine à voter", a déclaré Vital Kamerhe, chef de la troisième force politique d'opposition à l'Assemblée nationale. "Avec ces machines, il n'y aura plus d'isoloir. Lorsque les électeurs vont choisir leurs candidats sur cette machine à voter, tout se fera sous la pression des militaires, des policiers et des agents des services des renseignements puisqu'ils assisteront à l'opération".
Avec AFP.