Photo: Serge Farnel - Metula News Agency |
Laurent Nkunda |
« Nous sommes prêts à adhérer à l'initiative de paix », a déclaré samedi dernier M. Nkunda lors de l'interview accordée à IRIN à son quartier général situé dans la région montagneuse de Masisi, à l'est de la RDC.
« Toutefois, nous voulons d'abord avoir l'assurance que notre population sera protégée et qu'elle aura des mêmes droits que tous les autres citoyens congolais ».
Les pourparlers entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement rebelle du général Nkunda, et les Fardc ont démarré début janvier à Kigali sous la médiation du gouvernement rwandais. Fondé par Laurent Nkunda, le CNDP a officiellement été créé en juillet 2006 à l'occasion d'une réunion organisée dans le village de Nyamitaba (région de Masisi) et à laquelle participaient des membres de la société civile, des hauts responsables militaires et des représentants politiques du mouvement rebelle.
Depuis 2004, Laurent Nkunda est à la tête d'une rébellion très active dans la province du Nord-Kivu. Selon lui, il serait entré en dissidence contre le pouvoir central pour mettre fin aux persécutions dont sont victimes les Tutsis congolais, des Rwandophones de descendance rwandaise.
Membre de ce groupe ethnique, le général dissident Nkunda, qui se fait aussi appelé Nkundabatware, est né en 1967 dans le Masisi (Nord-Kivu). Après une formation miliaire à Gabiro, dans le nord-est du Rwanda, il a rejoint en 1998 le Rassemblement Congolais pour la Démocratie - RCD-Goma et a immédiatement été nommé commandant de la septième brigade du mouvement rebelle.
Laurent Nkunda commande quelque 2 000 hommes, des Rwandophones, pour la plupart, qui ont déserté les Fardc. Les affrontements entre ses partisans et les Fardc ont souvent eu lieu près de Goma, la capitale du Nord-Kivu, et ont fait des milliers de déplacés parmi la population civile. Les derniers accrochages de décembre 2006 ont fait près de 15 000 nouveaux déplacés.
A propos de l'intégration de ses combattants au sein de l'armée nationale, le général Nkunda a exigé que toutes ses unités soient placées sous le commandement militaire basé à Kinshasa, la capitale de la RDC.
En effet, l'intégration de certains mouvements rebelles au sein de l'armée nationale s'est révélée difficile, puisque la plupart des ex-mouvements rebelles ont conservé leur autonomie par rapport au gouvernement central de Kinshasa, notamment ceux qui sévissaient dans la région est du pays.
Actuellement, seuls quelques milices et groupes rebelles ont été intégrés au sien des Fardc. Le processus d'intégration est très lentement car certains ex-rebelles refusent d'être placés sous le commandant du chef d'état-major des armées, à Kinshasa.
Le mouvement de Nkunda est très actif dans la province du Nord-Kivu, en particulier sur l'axe routier reliant Goma à Sake, un carrefour commercial situé à 20km à l'ouest de Goma et contrôlé par le CNDP. C'est dans cette région, où les Tutsis congolais sont majoritaires, que le général dissident s'est autoproclamé défenseur de ce groupe ethnique qui, affirme t-il, est persécuté en raison de sa descendance rwandaise.
Toutefois, depuis le début des négociations entre le CNDP et les autorités de la RDC, M. Nkunda s'est montré plus conciliant et s'est dit prêt à accepter l'intégration de ses combattants au sein de l'armée nationale.
« Cette intégration se fera si nous avons la garantie que les autorités s'engagent à assurer la protection de la population tutsie congolaise », a indiqué M. Nkunda au cours de l'interview accordée à IRIN au siège du CNDP.
« Nous avons accepté de réintégrer l'armée gouvernementale et les deux parties ont décidé de créer deux brigades mixtes composées d'ex-combattants du CNDP et d'éléments des Fardc », a t-il ajouté.
Interrogé sur les mesures qu'il envisageait de prendre, en cas d'échec des négociations, M. Nkunda a déclaré : « Nous ne souhaitons pas la guerre. Nous voulons protéger notre population et poursuivre les négociations. Mais si la partie adverse ne s'engage pas sur cette voie, nous sommes prêts pour la confrontation ».
Selon le général dissident, il était important que les autorités du pays reconnaissent les massacres perpétrés contre la population tutsie congolaise, et qu'elles tiennent compte de cette réalité afin que de tels actes ne se reproduisent plus.
Par ailleurs, la nouvelle équipe dirigeante devra éviter de commettre les erreurs des précédents régimes qui pratiquaient une politique exclusionniste en « divisant pour mieux régner », a-t-il ajouté.
« Mais si l'insécurité persiste, tout accord de paix conclu dans ces conditions sera fragile », a conclu M. Nkunda.
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