Une évasion spectaculaire s'est produite mercredi à la prison d'Angenga, dans la province de l'Equateur de la République démocratique du Congo (RDC) où 180 prisonniers et détenus ont forcé les portes et pris la fuite, au moment où la chambre de conseil du Tribunal de grande instance siégeait pour vérifier les dossiers de 60 détenus de cette maison pénitentiaire.
Après avoir forcé la porte de la prison, les détenus ont lancé des projectiles sur le procureur et le seul juge qui siégeait avec lui, obligeant ces deux magistrats et les deux policiers qui gardent la prison à battre en retraite, pour échapper aux pensionnaires déchaînés de cette maison d'arrêt, laissant ainsi la voie libre à ces derniers. Seuls 30 détenus sur les 210 que contient la prison d'Angenga ont pu être récupérés le même jour.
Selon des témoins, cette évasion était perceptible depuis plusieurs jours eu égard aux plaintes répétées des détenus. Ces derniers déploraient notamment les mauvaises conditions de leur détention, le manque de nourriture et de prise en charge sanitaire pour les malades.
La plupart d'entre eux dénonçaient aussi le retard dans l'instruction et la programmation de leurs dossiers au tribunal.
Le procureur de la République du parquet de Gemena, Fabien Mbeka, a reconnu cette situation qu'il a justifiée par l'insuffisance des juges dans sa juridiction. Ce qui l'a poussé à organiser la chambre foraine dans l'enceinte de la prison.
Selon lui, l'évasion massive des détenus s'explique aussi par l'insuffisance des policiers commis à leur garde. A peine deux policiers gardaient la prison d'Angenga lorsque l'évasion s'est produite.
Pourtant, a-t-il ajouté, plusieurs demandes d'augmentation des effectifs de policiers commis à la garde de la prison ont été adressées sans succès à plusieurs fois aux autorités tant politiques qu'administratives pour augmenter l'effectif des policiers à la prison déjà vétuste.
La prison d'Angenga héberge des détenus dangereux comme les jeunes communément appelé "Kuluna" venus de la capitale et qui n'ont peur de rien, surtout dans une prison déjà vétuste.
Mbeka a ajouté que la question de vétusté et d'évasions dans les prisons est presque générale dans la province de l'Equateur où les évasions d'Angenga ne sont que la suite d'autres.
C'est le cas notamment des prisons de Gemena, chef-lieu du district du Sud-Ubangi, et de Gbado-Lite, chef-lieu du district du Nord-Ubangi ayant connu des évasions partielles et qui se trouvent dans un état de délabrement.
La section "Unité pénitentiaire" de la Mission de l'ONU pour la stabilisation au Congo (MONUSCO) a décidé de débloquer 100 000 dollars américains pour la prison de Gemena et autant pour celle de Gbadolite en vue de leur réhabilitation. Il en est de même de la prison centrale de Mbandaka, capitale de la province, qui avait connu l'évasion de 13 de ses détenus qui ont été repris. Cette prison doit aussi bénéficier du programme de réhabilitation de la MONUSCO ainsi que le parquet de Gemena.
La réhabilitation de ces maisons d'arrêt doit être suivie de l'augmentation des effectifs des juges et des policiers commis à la garde des prisons, mais aussi de la prise en charge des malades et la ration alimentaire des prisonniers.