Le Premier Ministre, Adolphe Muzito, s'est entretenu, hier à la Primature, avec l'Ambassadeur des USA à Kinshasa, James Entwitsle, sur le processus électoral en RDC. Les échanges ont tourné essentiellement autour de la contribution de Washington au financement des différentes opérations du processus électoral, mais aussi sur la transparence des scrutins.
Au sortir de ces entretiens, le chef de la mission diplomatique américaine en RDC a fait savoir, au sujet de la crise actuelle autour du mode de scrutin pour la présidentielle, que pour son pays le processus électoral, "c'est une question de politique intérieure ; il existe des pays de vieille démocratie qui organisent l'élection présidentielle à un, à deux voire à trois tours ". Ce qui intéresse les Etats-Unis d'Amérique, a-t-il poursuivi "c'est la transparence du scrutin et la liberté d'expression à tous les candidats ". Cela avant d'ajouter que son pays suivra avec grand intérêt ce qui va se passer.
Quant à l'épineuse question du financement, le diplomate américain a dit l'avoir garanti avant de préciser que la contribution de son pays passera par les ONG comme par le passé. Il n'a, cependant, pas indiqué la hauteur de cette contribution.
Cette position de Washington exprimée par son ambassadeur à Kinshasa intervient au lendemain d'une rencontre que des membres de l'opposition tant parlementaire qu'extraparlementaire ont eue avec la haute hiérarchie de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) au sujet du vote de la loi portant révision de la Constitution.
L'opposition saisissait ainsi la communauté internationale, à travers la Monusco, de ce qu'elle considère comme une dérive totalitaire amorcée par la Majorité dans l'objectif futur de noyauter les élections. La presse n'a été informée d'aucune suite de la Monusco à cette démarche.
Cependant, la position de Washington, l'un des pays les plus influents parmi les membres de l'ONU, peut présager de l'attitude de la communauté internationale face à la nouvelle donne en RDC pour les futures élections. D'ailleurs, on peut observer que, depuis le début du débat sur la révision constitutionnelle, cette communauté internationale n'a pratiquement pas fait d'observation.
Ce qui démontre, selon des observateurs, que le débat intérieur ne se circonscrit que dans le cadre de la classe politique suivant les intérêts et les calculs des uns et des autres.
Paris pour les élections libres et transparentes
Outre Washington qui s'est clairement exprimé, via son ambassadeur en poste à Kinshasa, en faveur de cette révision, le Quai d’orsay a aussi donné son point de vue. Lundi, le 17 janvier 2011, M. Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères et européennes qui répondait à une question de la presse concernant la révision de la constitution congolaise a précisé que " la modification du mode de scrutin a été opérée, à dix mois de l'élection, en conformité avec la légalité constitutionnelle congolaise. Elle a été décidée et menée dans des délais très brefs, qui ont conduit à un boycott par l'opposition du processus d'approbation ".
Néanmoins, sans s’inviter au débat congolo-congolais, Paris n'accorde pas un chèque en blanc à la suite des opérations. . Bernard Valero précise à cet effet que la France observera avec attention la poursuite du processus électoral, avec une sensibilité particulière à la qualité du dialogue entre les autorités et l'opposition. Quoi qu'il en soit, l'Elysée, dit-il, "réitère son attachement à la tenue des élections libres et transparentes, permettant à tous les électeurs d'exprimer librement leur choix, dans un scrutin ouvert à l'ensemble des acteurs politiques ".