Aussi, depuis la semaine dernière, des manifestations d’hostilités se multiplient à l’égard des convois motorisés de la Monusco, de la Brigade d’Intervention des Nations et de tout ce qui affiche le label « UN ». Caillassés sur les voies publiques à Goma, les véhicules civils et militaires des Nations Unies ont de plus du mal à circuler. Une consigne stricte a été donnée au personnel civil onusien, celle de ne plus se risquer dans des quartiers populaires du chef-lieu du Nord-Kivu.
La méfiance est en train de s’installer entre les autochtones et les troupes onusiennes, qui ont pourtant reçu un mandat spécial pour les protéger, avec l’option d’user de la force face aux forces négatives. Les menaces répétées du M23 de réoccuper la ville de Goma, en dépit du verrou dressé par les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et la Monusco ne sont pas pour calmer les esprits. L’impression que commencent à avoir les Congolais du Nord-Kivu est que le pays est éclaté en deux. Il y a d’une part l’Etat congolais et, d’autre part, la Républiquette du M23, dont les frontières sont réputées intouchables par les troupes de la Monusco et de la Brigade d’intervention de l’ONU.
Pour beaucoup, le fait pour les casques bleus de ne pas toucher aux territoires occupés par le M23 et de ne s’attaquer qu’aux groupes armés épinglés en dehors de Rutshuru et Masisi parait en contradiction avec la Résolution 2098 qui parle de la traque de toutes les forces négatives, sans distinction, y compris le M23. Il va falloir aux responsables de la Monusco et de la Brigade d’Intervention expliquer clairement le sens de leur ultimatum du 30 juillet 2013 et de la fameuse « zone de sécurité » circonscrite à la seule ville de Goma et sa périphérie dissiper le doute dans les esprits des millions d’autochtones du Nord-Kivu.
Des milliers de Congolaises et Congolais victimes des exactions des groupes armés et du M23 aux quatre coins de cette province veulent savoir pourquoi les forces onusiennes ne peuvent pas opérer au-delà de Sake. Sans des réponses claires à leur détresse, le lourd discrédit risque de frapper la Monusco et ses troupes. Dans un tel climat, il faut craindre des gestes malheureux du genre de ceux déplorés le dernier week-end à Goma.
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