Comment s'est réglé le différend entre la Zambie et le gouverneur du Katanga ? Le gouvernement zambien vient d'annoncer, il y a trois jours, la fin de ce litige qui date de 2001. A l'époque, le gouvernement zambien avait associé le gouverneur du Katanga à la mauvaise gestion financière attribuée à l'ex-président zambien Frédéric Ciluba, rapporte radiookapi.net
Radio Okapi : Moïse Katumbi bonjour.
Moise Katumbi : Bonjour Madame.
R O : Il y a eu un certain moment des problèmes entre vous et la Zambie, et maintenant la Zambie annonce l'abandon des poursuites contre vous, quelle est votre réaction ?
M K : Merci beaucoup madame, il n'y avait pas de poursuites entre la Zambie et la personne de Moïse Katumbi. C'est Moïse Katumbi qui avait porté plainte contre le gouvernement zambien. Nous nous sommes entendus à l'amiable. Maintenant je suis à la tête d'une grande province qui partage la frontière avec la Zambie. Alors on a trouvé un compromis à l'amiable. J'ai retiré ma plainte, ils [Ndlr : le gouvernement zambien] ont retiré aussi ce qu'ils avaient contre moi. Nous avons trouvé un compromis à l'amiable.
R O : Avec cet accord ou ce compromis que vous avez trouvé, vos biens qui avaient été saisis en Zambie vous sont-ils restitués ?
M K : Vous savez, le problème, ce ne sont pas les biens qui avaient été saisis en Zambie. Le problème c'était d'abord d'avoir de très bonnes relations entre le Congo et la Zambie. Et tout ce qu'on avait saisi, j'ai été en procès avec eux et j'ai gagné le procès. Après, nous nous sommes mis autour d'une même table. D'autres biens étaient vendus aux enchères, donc c'était une vente publique avant même le jugement. Donc, je ne pouvais pas poursuivre le gouvernement zambien à propos de tout ce qu'il a vendu. Je leur ai dit j'oublie tout ce que vous avez vendu. On recommence à zéro. Remettez-moi mes émeraudes qui étaient dans une banque chez vous. Et contrairement aux rumeurs qui faisaient état d'une saisie d'émeraudes dans ma maison en Zambie, c'était plutôt dans une banque. C'est repris même dans le communiqué. Je ne peux pas réclamer tout ce qu'ils avaient vendu, nous avons trouvé un compromis.
R O : Et vos émeraudes sont de quelle valeur ?
M K : Quand on les avait évaluées, on les avait estimées à 13 millions de dollars américains.
R O : Vous irez les récupérer ?
M K : Vous savez, je ne suis pas pressé, ça peut rester encore 5 ou 10 ans, ça ne va pas fuir. Ce sont des pierres qui sont là. Si un jour je rentrais, je les vendrais pour faire un peu de social avec cet argent, parce que c'était de l'argent déjà perdu. Dieu merci, je vais récupérer au moins cet argent qui peut aider à faire beaucoup de choses dans ma province. Est-ce qu'on va m'enterrer avec ces 13 millions de dollars ? Jamais. Il vaut mieux les consacrer au bien de la population.
R O : Monsieur le gouverneur, peut-être les curieux chercheraient à savoir pourquoi vous avez porté plainte contre le gouvernement zambien.
M K : Vous savez, je travaillais en Zambie à l'époque. J'avais investi presque pour 35 millions de dollars. Alors, il y a eu un malentendu parce que j'étais proche de l'ancien président Ciluba. Vous savez, quand le pouvoir change dans un pays, on s'attaque toujours aux proches du pouvoir précédent. C'est ça l'Afrique. Alors je suis allé au tribunal comme on était dans un Etat de droit. J'avais gagné le procès. Mais malheureusement, il y avait des biens qui étaient déjà vendus pour à peu prés 2 millions de dollars américains. J'ai dit bon 2 millions de dollars c'est rien du tout. On peut tourner la page. Mais j'ai récupéré quand même tous mes bâtiments et beaucoup d'autres choses.
R O : Une certaine presse dit que la Zambie vous poursuivait pour trafic d'armes ?
M K : Merci beaucoup madame. Vous savez quand on est journaliste, on doit dire la vérité. Le communiqué du gouvernement zambien, la presse de ce pays diffuse comme ils le disent toujours en anglais. Vous pouvez aller sur Internet. Vous pouvez lire le journal « The Post », vous pouvez lire « Times of Zambia », ils n'ont jamais parlé de ça. Cette histoire, j'étais très étonné de l'apprendre. Car, la presse à laquelle vous faites allusion doit fournir des preuves. Elle peut me montrer des contrats que j'ai signés avec telle ou telle autre société. Cette presse a écrit ce qu'elle a écrit. Je ne peux pas me mettre à chercher pourquoi elle a écrit cela. Certaines gens peuvent ne pas être contentes du dénouement de ce différend. Des gens ont trouvé une cible pour s'attaquer à moi. C'était comme une petite tache? (rires ). C'était... et la Zambie... et la Zambie. Maintenant qu'on a trouvé compromis, on ne sait pas ce qu'ils vont encore dire. Je pense au contraire que nous devons nous mettre ensemble pour construire notre beau pays et aider le chef de l'Etat.
R O : Pour vous M. le gouverneur, vous n'avez jamais fait de trafic d'armes avec la Zambie ?
M K : Madame, si vous faites du trafic d'armes, la communauté internationale est là. C'est pourquoi il y a la Cour pénale internationale. Est-ce que vous avez entendu parler de l'interpellation de M. Moïse Katumbi ? Des gens disaient qu'il y avait un mandat d'arrêt international contre la personne de Katumbi. Et jusqu'aujourd'hui, je n'ai jamais reçu ce mandat. Je voyage de temps en temps, je pars en Europe, je ne me cache pas. Je ne sais pas où ils sont allés ramasser ça. Peut-être c'était dans leur rêve., il y a des gens comme ça.
R O : Pour terminer, M. le gouverneur, cela veut dire que maintenant vous avez libre accès à la Zambie ?
M K : Disons que j'avais depuis très longtemps libre accès à la Zambie. Ici, il s'agit de la restitution de mes biens et que la Zambie confirme cette restitution. Je peux aller en Zambie. Nous nous entendons bien avec les Zambiens et nous devons vivre en harmonie avec ces frères avec lesquels nous partageons la même frontière.
R O : Je vous remercie M. le gouverneur.
M K : Merci beaucoup.