Les ressortissants de la République démocratique du Congo vivant dans la République s?ur d'Angola continuent d'être expulsés de ce pays. En masse et dans des conditions on ne peut plus inhumaines, à en croire les victimes elles-mêmes, interrogées par les ONG caritatives et autres médias.
Malheureusement, motus et bouche cousue de la part du gouvernement congolais, se contentant de « voler au secours » des expulsés pour leur prise en charge à la frontière où ils sont entassés. A l’approche des élections urbaines, municipales et locales, le fichier électoral congolais doit être revisité, surtout avec le retour au pays de quelque 90 mille réfugiés congolais de Tanzanie.
La dernière expulsion massive des Congolais d’Angola, révélée par la presse, date du 14 août courant. Surtout à la veille pratiquement des législatives angolaises qui auront lieu le 5 septembre prochain, ces compatriotes sont chassés, sans ménagement, dépouillés de tout par des éléments de l’armée et de la police angolaises. Et on parle de 15.000 expulsés en un Jour. Le gouvernement congolais n’a pas bronché. Alors que cette situation ne date pas d’aujourd’hui. Les expulsés d’Angola vivent leur calvaire à la frontière angolaise dans les provinces du Bandundu du Bas Congo du Kasaï occidental et du Katanga. Enfants, jeunes et vieux, hommes et femmes, personne n’est épargné. Ils ont besoin d’assistance en eau, vivres, biens non alimentaires, médicaments et en transport.
Il est vrai que la pullule angolaise est difficile à avaler par toute personne, soucieuse du respect des droits de l’Homme. Le silence de l’Exécutif fait que les autorités congolaises soient souvent accusées de mollesse et d’indifférence face à ce problème. Surtout qu’il n’existe aucune structure d’accueil côté congolais.
Toutefois, il convient de signaler, tout de même, qu’il y a deux mois, ces vagues d’expulsions ont révolté le chef de la diplomatie congolaise qui avait vivement protesté contre ces agissements. Il convoquera l’ambassadeur angolais en RDC pour dénoncer la manière dont les ressortissants de la RDC avaient été maltraités pendant leur conduite à la frontière par les services de sécurité angolaise. Cela ne doit pas s’arrêter là. La diplomatie d’action que prône le ministre congolais des Affaires étrangères doit effectivement rapprocher le gouvernement congolais de ses citoyens vivant à l’Etranger de façon à leur apporter l’assistance humanitaire en cas des situations difficiles. Et élever la voix pour protester avec énergie contre ces violations répétées des droits de l’Homme.
Chassés et dépouillés
Certes, les autorités angolaises avaient annoncé, dès 2003, qu’elles procéderaient à l’expulsion du territoire angolais des étrangers en situation irrégulière dans la perspective de l’organisation des élections de septembre 2008. Cela afin d’éviter que des non Angolais participent aux scrutins. Qu’à cela ne tienne, pareilles operations, notent les observateurs, devraient amener le gouvernement angolais à prévenir de nouveau les autorités congolaises par voie diplomatique de manière à faire face à cet afflux massif d’expulsés.
Surtout qu’en service commandé, les zélés, qui sont toujours de la partie, ont été systématiquement dépouillés de tout leurs biens, vêtements, radios, meubles et argent. « Vous êtes venus dans le pays mains vides » leur aurait-on dit, « vous quitterez sans rien emporter ». Aussi la reconduite à la frontière l’est-il dans des conditions inhumaines sans aucun respect des droits dus à la personne humaine.
L’agence France presse, qui cite le coordonnateur d’une mission inter agences, le Dr Philémon Sikulisimwa, indique que, dans la province du Bandundu, outre les cas de viols, « plus de 2.500 personnes » s’étaient plaintes de « services corporels » au cours de fouilles par les policiers angolais, jusque dans leurs parties génitales.
Selon l’agence onusienne en charge du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) « près de 72.000 Congolais expulsés ont été enregistrés en juin et juillet », à l’approche des élections législatives angolaises du 5 septembre, depuis le 25 mai 2008, date à laquelle le gouvernement de la République d’Angola a repris les opérations d’expulsion des Congolais vivant sur son territoire. Et de prévenir qu’« environ 150.000 personnes de plus pourraient être concernées ». Le Bureau de l’ONU dit craindre une « accélération des expulsions au fur et à mesure que les élections approchent » en Angola.
Revoir le fichier électoral
Outre les expulsés d’Angola, le gouvernement congolais devra également faire face à quelque quatre-vingt mille réfugiés en provenance de la Tanzanie. A l’approche de joutes électorales prévues en 2009, il serait prudent et correct de revoir le fichier électoral non seulement pour les électeurs qui auraient déjà eu leur majorité électorale depuis octobre 2006, mais aussi pour ces expulsés et réfugiés qui rentrent en masse. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu chiffre le nombre des expulsés d’Angola à plus de 150 mille avant le 5 septembre prochain. Ajouter aux neuf mille de la Tanzanie et aux autres réfugiés qui fourmillent dans d’autres pays limitrophes de la RDC, il ne serait pas étonnant que l’on revoie ce nombre à la hausse d’ici à début janvier 2009.
C’est ainsi que, pour rendre crédibles les scrutins à venir, il serait avantageux pour le gouvernement de procéder au recensement de la population électorale. Cela afin d’actualiser le fichier électoral, jouer à la transparence et éviter ainsi la tricherie. Laquelle pourrait entraîner la contestation et toutes les conséquences malheureuses qui pourraient en découler.
Tags: |