Le «match» Alliance de la majorité présidentielle (AMP)-opposition n’a pas eu lieu la nuit de vendredi 17 avril à samedi 18 avril 2009 dans la salle de Congrès du Palais du peuple lors des élections pour le renouvellement du Bureau de l’assemblée nationale. En effet, l’AMP a, comme au Bureau sortant, raflé tous les sept postes. Cela par une majorité écrasante pour tous les candidats endossés. La consigne a été respectée.
Vendredi 17 avril matin, dès 8 h00’, les environs du Palais du peuple sont quadrillés par des éléments de la police congolaise. Les membres de la presse, arrivés avant cette heure, ont gagné la salle de Congrès, pratiquement, problème. Après, l’accès à la ceinture de sécurité et à l’enceinte du Palais du peuple a été conditionné par la possession d’un macaron délivré par le service de protocole de la chambre basse du parlement, ont laissé entendre les policiers dont les officiers. Sur l’ordre de la hiérarchie, non autrement identifiée. C’est dire qu’en dehors des députés nationaux, invités parmi lesquels les membres du gouvernement et du personnel de l’Assemblée nationale ainsi de la presse officielle et «alliée», personne d’autre ne pouvait avoir accès au Palais du peuple. C’est ainsi qu’en dépit de l’insistance, des membres des partis membres de l’AMP et autres sympathisants des candidats ainsi que la plupart de professionnels des médias ont été tenus loin du cordon sécuritaire, sous un soleil de plomb.
Ayant compris qu’il arrive souvent que les agents de l’ordre fassent preuve d’un zèle hors du commun, les professionnels des médias ont attendu calmement que les esprits de leurs «anges gardiens» s’apaisent. C’est aux environs de 15h00’ qu’ils ont été admis dans l’enceinte du siège du parlement. D’autres «indésirables» ont finalement gagner l’hémicycle du Palais du peuple vers 18h00’. Heureusement, pour la presse, la séance électorale, prévue pour 10h00’, a été repoussée à 13 h00’ pour ne débuter qu’à 14h00’.
Le président du Bureau sortant, Vital Kamerhe, est au perchoir. Son bureau organise ces élections avec le concours de la commission technique de l’assemblée nationale instituée à cet effet.
PRESENTATION DES CANDIDATS
L’heure est à la présentation des candidats aux différents postes. C’est l’un des moments chaux. Surtout pour les cinq candidats présidents du Bureau. Chacun a pris au moins cinq minutes pour son cursus et ses intensions une fois élu. L’ordre alphabétique oblige, Evariste Boshab, candidat du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) pour le compte de l’AMP, ouvre les «hostilités» sous les applaudissements frénétiques des députés de son obédience et d’autres sympathisants. Justifiant sa candidature, il a fait valoir que son souci, notamment, est de rendre réellement l’Assemblée nationale un miroir de la démocratie. Pour cela, sous son mandat, la chambre basse du parlement ne deviendra jamais la une caisse de résonance. Il n’a pas manqué de souligner, entre autres, l’importance qu’il attache au social de ses pairs à améliorer, à la transparence dans la gestion financière et au contrôle parlementaire appelé à être plus rigoureux pour la bonne gouvernance. Cela après avoir relevé le fait que plusieurs parmi ses pairs s’adonnaient déjà à faire la comptabilité de ses défauts. Qu’à cela ne tienne, une fois au perchoir, a-t-il laissé entendre, il ne manquera pas de se dépasser, par des conseils de ses électeurs, tout en étant président de tous les députés, toutes tendances confondues. Applaudissements et autres cris d’allégresse.
Idambito Bakaato lui succède à la tribune. Doyen d’âge parmi les candidats, il s’est dit engagé, entre autres, à redorer le blason terni de l’Assemblée nationale, promouvoir la démocratie et le débat démocratique, arrêter l’hémorragie fiscale et mettre le député à l’abri du besoin. Il quitte le podium avec des applaudissements timides.
Vient le tour de Kanku Bukasa wa Tshibuabua. Après avoir remercié le travail abattu par le Bureau sortant, il s’est désisté. Non sans relever qu’aucune recommandation de l’assemblée nationale n’a été appliquée par le gouvernement et que cette institution est soumise aux pressions politiques. Avant d’ajouter qu’il fallait élire un Bureau dont les membres font preuve d’indépendance d’esprit, en déplorant en même temps le fait que être député, aujourd’hui, est devenu synonyme de corrompus, d’égoïstes et de jouisseurs. Il a finalement demandé à ceux qui lui ont fait confiance de reporter leurs voix sur le candidat François Muamba. Il regagne sa place, hué par les uns, ovationné par d’autres.
Pour sa part, Gilbert Kiakwama, candidat de l’opposition, enflamme la salle dès qu’il est invité à la tribune. Sifflé et applaudi de manière frénétique à la fois, le sens de sa candidature qu’il donne dans un français châtié n’est pratiquement pas suivi. Son propos est à peine audible car le brouhaha persiste. Et Vital Kamerhe intervient pour permettre à tout le monde de suivre. Toutefois, son message est de même passé. Il fait remarquer qu’ils se connaissent tous et qu’ils ne doivent pas se voiler la face. «Nous devons réinventer la manière de faire la politique en République démocratique du Congo», a-t-il dit en ayant, notamment, le sens de l’Etat et en faisant preuve de loyauté d’abord envers le peuple congolais. Répétition des mêmes onomatopées.
De son côté, également de l’opposition, François Muamba, dernier à prendre la parole, se dit candidat de large rassemblement. La plénière suit «religieusement» son mot. Bien que des applaudissements, parfois nourris, fusent du côté des membres de l’opposition. «Une fois élu, je serai président de tous les députés, favorisant le libre débat démocratique, sans tabou ni faux-fuyant», lance-t-il. Lui aussi est déterminé à veiller à ce que l’Assemblée nationale ne devienne une simple chambre de résonance. Le secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC) voudrait restituer sa dignité à la fonction et au statut de député. Il s’engage à préserver l’acquis du débat démocratique, veiller au respect de la légalité constitutionnelle, respecter la séparation du pouvoir …, note-t-il.
Après les candidats présidents, ceux aux postes de premier et deuxième vice-présidents, de rapporteur et rapporteur adjoint ainsi que de questeur et questeur adjoint défilent, tour à tour, à la tribune pour leur présentation. Les applaudissements proviennent selon le camp de chacun.
C’est vers 21h30’ que cette présentation des candidats prend fin. Commence, alors, l’élection proprement dite par la signature des bulletins de vote par le président de la commission technique de travail chargée d’assurer les opérations de vote, sur lesquels est apposé le sceau officiel de l’assemblée nationale. Pour éviter la fraude ou tentative de fraude. Avant de se retirer dans l’isoloir, chaque électeur obtient sept bulletins de vote pour tous les candidats. Les membres du Bureau étant élus par ordre de préséance selon le règlement intérieur de l’assemblée nationale, on commence par la présidence.
LE NOUVEAU BUREAU ELU
Ici, 484 votants, c’est Evariste Boshab (PPRD) qui est élu à une majorité écrasante. Il obtient 329 voix contre 75 à François Muamba, 54 à Idambito Bakaato et 15 à Kiakwama. S’agissant de la première vice-présidence, le choix se porte sur Mbuku Laka Boris (ARC) en qui 273 électeurs manifestent leur confiance. Pour la deuxième vice-présidence, Charles Bofassa Djema, l’un des neuf candidats, se retire de la course pour des raisons de convenance personnelle. Ce poste est occupé par Mme Madiko Mulende (Palu) avec 271 voix. Quant aux postes de rapporteur et de rapporteur adjoint, ils reviennent respectivement Makonero Wildor Wildor et à Mme Sophie Kakudji Yumba. Enfin, concernant la questure, les suffrages sont allés vers Dieudonné Bolenge Balea élu questeur et à Robert Bopolo Bongeza. A noter que les opérations de vote, débutées à vendredi15h30’, ont pris fin samedi à 10h00’.
L’UNAFEC SALUE L’ELECTION DE BOSHAB
Le président de l’Assemblée provinciale du Katanga et leader de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), Gabriel Kyungu, a aussitôt salué l’élection du professeur Evariste Boshab au poste de président du Bureau de l’Assemblée nationale.
« Cette victoire doit être considérée comme un camouflet infligé aux détracteurs de tous bords qui croyaient, à tort, en la désintégration de la famille politique du chef de l’Etat qu’est l’Alliance de la majorité présidentielle », a-t-il affirmé devant la presse. A son avis, elle démontre que « le président Joseph Kabila est confortablement assis au sein de sa famille politique ». « Je félicite le professeur Boshab et son équipe. Je leur souhaite une fructueuse carrière sous la protection du Tout Puissant pour l’accomplissement de cette lourde tâche d’intérêt national », a déclaré de son côté Me Maj Kisimba Ngoy, ministre des Affaires foncières et membre de l’Unafec dont un membre a été élu rapporteur adjoint au Bureau de l’Assemblée nationale, en la personne de Mme Sophie Kakudji Yumba.