Sauf changement de dernière minute, c’est ce mardi ou mercredi que Kisangani, la ville martyre, la capitale de la Province Orientale, accueille, pour la première fois depuis les élections présidentielles, législatives et sénatoriales organisées en 2006, les gouverneurs élus, pour une conférence axée sur l’évaluation du chemin parcouru et la projection des actions à impact visible à réaliser, pour le reste de la mandature. Le couple requinqué Kabila-Muzito veut désormais voir clair, dans la gestion de la chose publique, en ce moment d’assèchement des ressources à la suite de l’impitoyable crise financière internationale.
Kabila et Muzito qui ont retrouvé certainement la sérénité, après avoir déjoué le complot que tramait la supposée brouille au sommet de l’Etat, ont encore du travail à abattre ensemble. La restauration de la paix, le combat contre l’insécurité, la criminalité, la misère et la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie des populations ainsi que les défis de la reconstruction nationale exigent de Kabila et Muzito, un sens élevé de responsabilité, une communion d’âmes et un maximum de confiance mutuelle.
C’est fini. La hache de guerre est enterrée. Les coups montés ont raté leur cible. Muzito se maintient dans la confiance de Kabila, en dépit de toutes les spéculations qui ont entouré l’échange épistolaire des lettres sur la gestion saine des finances publiques. Plus d’une fois, le Premier Ministre a rencontré le Président de la République. Ce mardi ou mercredi, sauf imprévu, ils seront ensemble, à Kisangani, à la conférence des gouverneurs des provinces, la première du genre, depuis les élections législatives, sénatoriales et présidentielles 2006.
A l’agenda, selon des informations glanées dans les hautes sphères, ils seront encore ensemble au conseil des ministres projeté à Bukavu. Puis, à Goma, ils seront, une fois de plus ensemble, aux festivités marquant le 49ème anniversaire de l’accession de la RD. Congo à l’indépendance nationale et à la souveraineté internationale. Des festivités ponctuées, cette année, d’une série d’activités dont la foire agricole destinée à planter le décor de l’après-mines, en ce temps de basse conjoncture économique doublée de crise financière internationale et de nombreux chocs endogènes et exogènes.
Page tournée !
La brouille appartiendrait donc au passé. Elle n’est peut-être restée que dans les crânes des tireurs des ficelles, terrés à l’ombre. Le regard est résolument tourné vers les perspectives d’avenir. Comment gérer les défis de la reconstruction communément connus sous l’appellation de cinq chantiers ? Comment gérer les contradictions dans les relations avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux notamment, le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, l’Union Européenne, l’Union Africaine, les chinois, belges, français, britanniques, américains, ou allemands ? Comment faire taire durablement les armes à l’Est ? Comment gagner la bataille contre la misère et la pauvreté ? Comment rétablir les équilibres macro-économiques ? Comment faire aboutir le processus de réforme des entreprises publiques transformées en sociétés commerciales, établissements ou services publics ? Comment remporter les élections locales, municipales et urbaines ? Et, comment, enfin, se maintenir en pôle position, lors de la saison 2011, avec sa kyrielle de surprises à l’affichage de noms des candidats à la présidentielle ? C’est tout un tas de dossiers.
Kabila qui a choisi le Palu comme son principal allié dans la bataille politique n’aurait aucun intérêt à s’en dessaisir, sans la moindre négociation. Rien, dans cet angle, n’a cependant été enclenché. Les cœurs sont à l’ouvrage. Muzito qui a échappé à la motion de défiance, à la fin de la session, devrait plutôt s’attendre à des questions en septembre, à l’Assemblée Nationale. En même temps qu’il sera tenu de soumettre aux Députés, le collectif budgétaire et le projet de Budget, pour l’exercice 2010. Pour maintenir la dragée haute, il doit agir plus qu’il ne parle. Il doit faire preuve de compétence et développer un minimum de sacrifice face aux défis majeurs auxquels la RD. Congo est confrontée.