Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, Louis Moreno O'Campo, est arrivé mercredi le 8 juillet à Bunia dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) pour une visite d'enquête de trois jours en Ituri, dans la province Orientale, alors que les divergences persistent entre cette juridiction et le gouvernement congolais au sujet du transfert à La Haye de l'ex-commandant de CNDP, Bosco Ntaganda, a-t-on appris du bureau de la CPI à Bunia.
"Durant cette visite, qui est la première qu'il effectue en Ituri, le procureur Louis Moreno O'Campo visitera les villages de Bogoro et de Zumbe, situés respectivement à 20 et 25 Km au Sud de Bunia", a déclaré à la presse le porte-parole de la CPI en RDC, Paul Madidi.
Ces villages, a-t-il ajouté, ont été le théâtre des crimes pour lesquels sont poursuivis Mathieu Ngudjolo et Germain Katanga à la CPI.
"Il vient donc rencontrer les populations, les différents groupes des ONG, des activistes de Droits de l'homme pour leur expliquer le sens de son mandat, particulièrement à Bogoro où il y a eu des combats assez violents", et à propos de Mathieu Ngudjolo et Germain Katanga, a déclaré M. Madidi, ajoutant qu'à Zumbe, "des communautés ont été affectées d'une manière ou d'une autre" par des violences provoquées par ces deux hommes.
Il en profitera pour "expliquer le mandat de la cour et en quoi consiste le travail qu'il fait, afin d'apporter un réconfort moral aux communautés affectées par les crimes qui font objets des enquêtes" en Ituri, a ajouté M. Madidi .
Mais le problème se pose encore quant au transfert de Bosco Ntaganda, ancien commandant de l'ex-rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) devenu parti politique depuis les accords de Nairobi l'année dernière.
"Il est temps que le gouvernement de la RDC procède à l'arrestation de Bosco Ntaganda pour le livrer à la Cour pénale internationale", a déclaré le week-end dernier Béatrice Lefrapere, conseillère spéciale du procureur de la CPI.
Mais pour Lambert Mende, ministre de la Communication et des Médias et porte-parole du gouvernement congolais, le transfert de Bosco Ntaganda doit se faire selon un calendrier qui a été déjà expliqué à la CPI.
"Le gouvernement congolais tiendra ses engagements conformément aux prescrits du Statut de Rome dont la RDC est signataire. Mais pour l'instant, la sécurisation de la partie Est du pays est prioritaire et la Cour pénale internationale l'a bien compris", avait déclaré M. Mende, en réponse à la déclaration de Mme Lefrapere.
La CPI accuse Bosco Ntaganda des crimes de guerre et contre l'humanité pour lesquels elle a lancé un mandat d'arrêt international à son encontre.
Selon des sources crédibles, M. Ntaganda, cet ancien membre du CDNP, serait détenu dans un lieu tenu secret de la RDC, pour des raisons de sécurité, au moment où les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), présentés jadis comme des supplétifs du CNDP, continuent d'écumer plusieurs localités et villages du Nord-Kivu (est), créant ainsi une insécurité permanente dans la province.