La révocation des magistrats véreux est un premier pas dans la bonne direction. Les populations congolaises exigent davantage de volonté politique pour nettoyer les derniers secteurs gangrenés par la corruption. Dans la ligne de mire : la classe politique au pouvoir, l’armée, la police ainsi que les mandataires publics. Car le développement du pays est incompatible avec la corruption institutionnalisée.
Confirmation du ministre de la Justice : « les effets induits dans la lutte contre la corruption au sein de la magistrature seront suivis par les autres corps…. Dans les prochains jours, les magistrats militaires seront également concernés ».
Qui d’autre aurait pu dire mieux ? Les propos du Garde des sceaux, Luzolo Bambi, suscitent incontestablement les encouragements de la part des justiciables, tant congolais qu’étrangers établis sur le sol de la RDC. Il y a longtemps que les plus faibles et les plus vulnérables d’entre eux réclament - vainement - d’être traités équitablement devant les tribunaux.
Donc, coup de chapeau au président de la République pour avoir, finalement, joint l’acte à la parole. C’est avec raison que le ministre de la Justice peut dire que « la lutte contre la corruption n’est plus un slogan » du fait que l’Exécutif vient de poser « des actes qui parlent, qui démontrent la volonté de lutter efficacement » contre le fléau.
UNE JUTEUSE PRIME A L’IMPUNITE
Néanmoins, estime l’immense majorité du peuple congolais, un pas décisif sera accompli dans cette croisade le jour où les autres catégories socioprofessionnelles seront sanctionnées pour actes de corruption avérée.
A présent, le regard des Congolais est, par conséquent, tourné vers Joseph Kabila. Les citoyens attendent que la deuxième phase de moralisation de la vie politique rattrape les fossoyeurs qui s’abritent, plus qu’ailleurs, sous les lambris de la présidence de la République, des cabinets ministériels, du Sénat, de l’Assemblée nationale, des Forces armées, des services de sécurité. Sont également ciblés les mandataires placés à la tête des entreprises d’Etat.
Il serait vain, disent les Congolais, de révoquer ou déchoir un cadre corrompu si cette déchéance n’est pas immédiatement suivie d’un procès en règle devant les tribunaux. Refuser d’accompagner la sanction des poursuites judiciaires équivaut à donner une juteuse prime à l’impunité. Car de l’expérience des Congolais, un haut cadre professionnellement « neutralisé » a la conviction d’être protégé par la haute hiérarchie. Ce faisant, il garde l’espoir d’être réhabilité un jour, après une traversée du désert relativement longue. D’où la culture des antivaleurs, de la mal gouvernance !
FRAPPER, SANS PITIE, DES INDELICATS
Les autorités congolaises, comme les y invitent leurs partenaires de la communauté des bailleurs de fonds, ne devraient pas fermer les yeux sur les méfaits de la corruption. Ce fléau sabote les projets de développement, sape la confiance dans les institutions démocratiques et ouvre la voie aux criminels et aux terroristes transnationaux.
En d’autres termes, la corruption – sous sa forme suprême de pots-de-vin – a la faculté d’étouffer le développement socio-économique d’un pays, d’affaiblir ses institutions et de miner la distribution de la justice. Juste le tableau que présente la RDC.
L’heure est donc venue de frapper, sans pitié, des ministres tripatouilleurs, des collaborateurs de cabinets présidentiel et ministériels indélicats, des parlementaires corrompus et affairistes, des mandataires et des gouverneurs sans scrupule dans la gestion de la chose publique.
Cette guerre là-laborieuse, il est vrai - ne pourrait être gagnée qu’avec le concours honnête d’une magistrature intègre. Le chef de l’Etat est plus que jamais mis à l’épreuve pour convaincre les électeurs que son « souci » est, selon le ministre de la Justice, « de mettre la magistrature en ordre de bataille dans la mesure où de tous les corps, (c’est) elle (qui) a légalement mission de lutter contre la corruption ».