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Budget 2010: la majorité resserre ses rangs

Le Potentiel - 16 octobre 2009
Parlement du Congo - Kinshasa

L’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) vient de décider de renouveler sa confiance au Premier ministre Adolphe Muzito, en donnant le mot d’ordre à ses députés et sénateurs de le soutenir dans le débat autour du rapport sur l’exécution du budget 2009 et du projet de budget pour l’exercice 2010. Contre vents et marées.

Députés et sénateurs membres de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) ont été instruits de soutenir le Premier ministre Adolphe Muzito dans l’examen en cours, à l’Assemblée nationale, et plus tard, au Sénat autour du projet de budget 2010 pour l’exercice 2010.

« Malgré les divergences apparentes, observées dans les prises de position entendues lundi et mardi au Palais du peuple, les députés de la majorité parlementaire sont tenus de ne pas lâcher Adolphe Muzito », selon des sources concordantes. « Le projet de budget sous examen sera déclaré recevable et la motion initiée par l’opposition vouée à l’échec », ont-elles précisé.

Sans être dans les secrets de Dieu, elles croient savoir que la consigne viendrait de l’Autorité morale de l’AMP, qui ne voudrait par voir s’installer un climat de méfiance et de zizanie au sein de sa famille politique. « Les enjeux du moment, particulièrement au plan économique et financier, sont si importants que le moment ne semble pas propice pour fragiliser le gouvernement », rapportent-elles.

CLUB DE PARIS : NOUVEAU REPORT

Au fait, le soutien de la majorité à Muzito n’est nullement un « chèque en blanc ». Le débat général a largement démontré que même au sein de la famille politique du président de la République, la recherche de l’excellence est à l’ordre du jour. D’où ces observations pertinentes pour inviter l’Assemblée nationale à enrichir ce projet de budget.

Le souci de la majorité présidentielle est de permettre au Premier ministre de poursuivre les négociations avec les institutions de Bretton Woods dans la perspective de les rassurer. Au moment où le FMI et la Banque Mondiale s’illustrent par des tergiversations pour la signature d’un nouveau programme avec le gouvernement, la responsabilité politique exige de geler les passions politiciennes, même au sein de l’AMP, pour mieux resserrer les rangs et permettre au gouvernement Muzito de poursuivre les pourparlers avec les partenaires bi et multilatéraux. D’ailleurs, dans les couloirs du FMI et de la Banque Mondiale, l’on insiste que cet accord soit conclu avec le gouvernement Muzito au regard des avancées enregistrées jusqu’ici et la maîtrise du dossier, évitant ainsi de rentrer à la case départ.

Il convient de noter qu’entre le Fonds monétaire international (FMI) et la République démocratique du Congo, le divorce n’est pas encore à l’ordre du jour. Toutefois, il subsiste encore quelques malentendus à dissiper, avant de renouer formellement au travers d’un programme triennal soutenu par ses services au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC).

Au départ de Kinshasa le 18 août 2009 des experts du FMI, les deux parties ont convenu d’une feuille de route censée mener à fin mai 2010 la RDC au point d’achèvement de l’initiative d’allégement de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).

Cependant, pour y arriver, le gouvernement congolais devait - à la date prévue du 15 septembre 2009 - s’expliquer devant ses créanciers traditionnels membres du Club de Paris. De l’avis du FMI, la discussion avec le Club de Paris allait porter sur un seul point, celui relatif aux amendements portés suivant un avenant sur le partenariat signé entre la RDC et un consortium d’entreprises chinoises.

A l’échéance, cette condition n’avait pas été remplie. Ce qui rendait impossible la rencontre avec le Club de Paris. La raison avancée, à cette occasion, se résumait au fait que sur les trois entreprises chinoises engagées dans le partenariat avec la RDC, une seule avait, avant cette date, signé l’avenant. Il en restait donc deux, empêchant ipso facto le Club de Paris de siéger pour trancher sur le cas RDC.

Selon la feuille de route de Kinshasa, les faits ont été alignés de telle manière que le Conseil d’administration - dernier à approuver l’accord formel avec la RDC - ne pouvait inscrire le cas RDC à son ordre après deux étapes préalables. Il s’agit de la rencontre avec le Club de Paris, suivie de la réunion mixte FMI-Banque Mondiale pour, sans doute, des questions communes à intégrer dans le programme en négociation.

L’échéance du 15 septembre 2009 n’ayant pas été respectée, le 21 octobre 2009 a été avancé comme date probable pour l’épreuve orale du gouvernement devant le Club de Paris.

Mais, comme toujours, tout dépendait de la promptitude pour la partie chinoise de signer l’avenant, selon les amendements proposés par le FMI.

A cinq jours de cette échéance, à Kinshasa, rien ne semble bouger dans le sens de la concrétisation de cette rencontre. Dans les rangs du gouvernement, silence radio, toute l’activité gouvernementale étant suspendue au débat général sur le projet de budget 2010, en cours à l’Assemblée nationale.

Par contre, plusieurs sources, généralement bien introduites dans les milieux gouvernementaux, font état d’un report de la rencontre de Paris en novembre. La nouvelle n’étonne pas, outre mesure. Car à Istanbul où il participait aux assemblées d’automne du FMI et de la Banque Mondiale, le ministre des Finances et chef de la délégation congolaise à ses assises, Athanase Matenda, a évoqué ce scénario.

A cette occasion, annonçait-il que sur les trois entreprises chinoises engagées dans le partenariat sino-congolais, une seule avait jusqu’au moment de sa déclaration, soit le 4 octobre 2009, signé l’avenant.

SOUTIEN DE RAISON

Craignant que la rencontre prévue courant octobre avec le Club de Paris ne soit avortée, le ministre des Finances a prédit : « Nous souhaitons que l’avenant soit signé au plus tard le 09 octobre pour permettre le traitement de ce dossier au prochain Conseil d’administration du FMI. Au cas contraire, l’échéance risque d’être repoussée au mois de novembre, avec des implications sur la date d’atteinte du Point d’Achèvement de l’Initiative PPTE ».

Outre l’avenant aux contrats chinois, les indélicatesses du gouvernement sur le plan budgétaire justifieraient les réserves exprimées par le FMI de renouer formellement avec la RDC.

Pourquoi alors ne pas adhérer à cette logique lorsque des sources diplomatiques renseignent qu’entre la Chine et le FMI, il ne subsisterait plus de divergences, l’essentiel des malentendus ayant été aplani au terme des discussions « secrètes ».

En Angola, en Côte d’Ivoire, ou plus près de la RDC, au Congo/Brazzaville, les entreprises chinoises s’activent sans que le FMI s’en émeuve. « En quoi le cas RDC ferait-il exception ? », s’interroge-t-on.

Les volte-face du FMI ne seraient-elles pas une manière d’affaiblir davantage la RDC ?

Si par ailleurs, le FMI n’a pas pu imposer son diktat, que manquerait-il à la RDC de résister, en empruntant courageusement le schéma qu’elle trouve propice à son développement, n’en déplaise à ses partenaires extérieurs, dont le FMI ?

Voilà pourquoi, le gouvernement du Premier ministre Adolphe Muzito, bien au fait des méandres de ce dossier et de tant d’autres jugés « très importants », devrait rester en place pour poursuivre les pourparlers en cours. Le problème est réel.


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