Dans un point de presse tenu hier lundi 30 septembre au siège de l’ONGDH « La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme », les parties civiles ont réagi aux propos tenus le mercredi 26 septembre 2012 par M. François Kande, conseiller juridique du général John Numbi.
A cette occasion, l’ONGDH « La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme (VSV) », le Réseau national des organisations non gouvernementales des droits de l’Homme de la République démocratique du Congo (RENADHOC), les frères et sœurs de Floribert Chebeya Bahizire, les frères et sœurs de Fidèle Bazana Edadi, la veuve Floribert Chebeya et ses enfants, la veuve Fidèle Bazana et ses enfants ont, par la bouche de leurs représentants,exprimé leurs vives protestations contre les menaces et intimidations du général John Numbi Banza Tambo proférées à travers son conseiller juridique, M. François Kande, de traduire en justice toute personne qui oserait citer le nom du général John Numbi Banza Tambo dans cette affaire, et ce, après avoir déposé une plainte devant le tribunal de première instance de Liège en Belgique, par une citation en référé contre M. Thierry Michel, réalisateur belge du film « Affaire Chebeya, un crime d’Etat ? »,pour obtenir le retrait et l’interdiction de diffuser, d’éditer, d’afficher, de distribuer ou de placarder sur quelque support que ce soit l’image de Numbi Banza Tambo.
Les parties civiles ont fait remarquer à la presse : « Ce dernier, par le biais de son conseil, prétend que le montage photographique du film documentaire précité reprenant son image apparaît particulièrement dommageable à son honneur et à sa dignité ». En effet, il est dans la plainte en question : « La manipulation de sa photographie nuit au droit à son image, à sa réputation et cause un préjudice grave et un inconvénient sérieux non seulement à lui-même, mais également à sa famille et à ses proches alors que tout au long du parcours judiciaire à aucun moment il n’a été inquiété étant donné qu’il était étranger aux faits criminels… ».
Selon les parties civiles, les moyes développés par le général John Numbi ne sont pas fondés et constituent non seulement des faux-fuyants, mais aussi prouvent qu’il aurait reçu des garanties de protection et de sa soustraction des poursuites judiciaires consacrant ainsi l’impunité en République démocratique du Congo en faveur d’une catégorie de personnes dites intouchables.
Pour les parties civiles, le général John Numbi n’a jamais été inquiété pour, entre autres, les raisons ci-après : l’assujettissement de la justice congolaise aux plus forts politiquement et financièrement ; la gestion du bataillon Simba dont les éléments lui sont restés fidèles et n‘obéissant qu’à ses ordres en dépit de sa suspension, depuis le 5 juin 2010, des fonctions d’inspecteur divisionnaire en chef de la Police nationale congolaise ; l’absence de volonté dans le chef des autorités congolaises en général et celles de la justice en particulier, de le déférer devant les instances judicaires compétentes pour un procès juste et équitable.
En outre, arguent-elles, il est difficile voire impossible de concevoir, organiser et exécuter l’assassinat d’une aussi grande personnalité, d’un grand défenseur des droits de l’Homme dans les installations de l’Inspection générale de la PNC sans que le numéro un de cette institution n’en ait été au courant et donné l’ordre.
Le directeur exécutif adjoint de la VSV Rostin Mankenda et le secrétaire exécutif du RENADHOC Fernandez Murhola et Mme Adélaïde Chebeya ont rappelé à cette occasion : « D’autres éléments et faits ont démontré lors du procès au premier degré l’implication du général John Numbi Banza Tambo dans l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme. Il s’agit, entre autres, des appels téléphoniques entre lui et la bande exécutante notamment le major Christian Ngoy Kenga Kenga et consorts ; le témoignage accablant et corroborant du chef du protocole et directeur de sécurité du général John Numbi, le major Paul Mwilambwe, démontrant la participation de l’Inspecteur divisionnaire en chef de la PNC dans l’assassinat de Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana Edadi; la précipitation du général John Numbi Banza Tambo à signer le 27 mai 2010 un accusé de réception à une lettre lui envoyée par la Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme (VSV) depuis le 10 février 2010, et déposée, contrairement aux habitudes, au siège de la VSV le 28 mai 2010 (soit quatre jours avant l’assassinat) ; etc. ».
Pour les parties civiles, les menaces et les intimidations du général John Numbi Banza Tambo constituent une entrave, mieux une atteinte au droit à l’information, à la liberté de la presse, d’expression et d’opinion, surtout pour une affaire qui a endeuillé toute la communauté mondiale des défenseurs des droits humains, suscité des réactions de par le monde entier et terni l’image de la République démocratique Congo.
Aussi, les parties civiles fustigent-elles, avec la dernière énergie les menaces et intimidations du général John Numbi Banza Tambo proférées contre les défenseurs des droits de l’homme et toute autre personne soucieuse de contribuer à la manifestation de la vérité sur les circonstances réelles de l’assassinat de Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana Edadi.
Les hôtes de la presse ont ajouté : « Les craintes et la suspicion légitime des parties civiles de voir le général John Numbi Banza Tambo être soustrait des poursuites judiciaires vont crescendo, d’autant plus que la réaction de ce dernier intervient juste après le report inattendu par la Haute Cour Militaire (HCM) au 23 octobre 2012, du prononcé de l’arrêt avant dire droit sur les exceptions relatives à la saisine et requêtes tendant à obtenir des mesures conservatoires, la surséance à statuer sur le fond ainsi que les exceptions sur la requalification des faits,… ».
Et ils ont renchéri : « Tout compte fait, les parties civiles et la famille mondiale des défenseurs des droits de l’homme croient fermement à la responsabilité pénale du général John Numbi Banza Tambo, suspect principal dans cette affaire et réitèrent ainsi pour la énième fois, leur demande visant son arrestation et sa comparution devant la HCM en qualité de prévenu ».
En définitive, tout en exprimant leur solidarité et soutien au réalisateur Thierry Michel, les parties civiles préviennent qu’elles n’entendent nullement céder à un quelconque chantage ni aux menaces et intimidations d’où qu’ils viennent, et ce, jusqu’à ce que les circonstances réelles de l’assassinat de Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana Edadi soient élucidées.