Le général John Numbi, inspecteur divisionnaire de la police nationale congolaise suspendu, a comparu pour la première fois jeudi 27 janvier devant la Cour militaire au cours d’une audience de renseignement, à la prison centrale de Makala. Le général Numbi a été entendu en qualité de témoin, sur la mort du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya et la disparition de son chauffeur Fidèle Bazana, le 2 juin 2010.
Le général John Numbi est resté debout à la barre pendant plus de 4 heures dans une salle d’audience remplie. Face à lui, le président de la cour le colonel Masungi Mona et le ministère public.
L’interrogatoire a porté sur son emploi de temps avant et après la mort de Floribert Chebeya, le fonctionnement de la DRGS, (Direction des renseignements généraux et services spéciaux de la police) dont il assumait les fonctions à la découverte du corps de Chebeya. Le général Numbi a dit n’avoir pas rencontré Floribert Chebeya le 1er juin 2010.
John Numbi : « J’étais absent du bureau, en train de préparer les festivités du cinquantenaire de l’indépendance, d’abord à la base logistique militaire puis au camp d’entraînement vers Maluku. »
John Numbi : « Je l’ai rencontré pour la première fois en 1996. J’étais arrêté au Mont Ngaliema [ NDLR : cachot du camp Tshatshi] et Chebeya a tout fait pour me rencontrer. »
John Numbi : « Lui Chebeya voulait me rencontrer. Ce n’est pas moi qui voulais le rencontrer. Il a demandé au colonel Mukalayi s’il pouvait me rencontrer. »
Le général Unyon Bakba, inspecteur en chef de la DGRS auditionné avant le général Numbi se plaint que Mukalayi, son adjoint, échappe à son contrôle.
John Numbi charge Unyon : « si vous constatez que parmi vos collaborateurs il y a ceux qui posent des actes sans votre aval, mais vous réagissez, vous n’allez pas rentrer chez vous en train de pleurer.»
Attendu à la fin de l’audience, devant la prison de Makala par plusieurs épouses des policiers habillées en T-Shirts blancs et clamant son innocence, le général John Numbi explique le sens qu’il donne à ce procès :
« La procédure est meilleure. La justice fera son travail. J’attends que la vérité soit dite par la justice. »
Le procès se poursuivra lundi 31 janvier avec l’audition des experts des compagnies cellulaires afin d’obtenir d’eux des renseignements sur certains relevés téléphoniques.
Floribert Chebeya, militant émérite des droits de l’homme et directeur exécutif de l’ONG « La voix des sans voix » a été retrouvé mort sur la banquette arrière de sa voiture le mercredi 2 juin 2010 dans la banlieue Ouest de la capitale de la RDC sur la route de Bas-Congo.
La veille de la découverte de son corps, Chebeya avait un rendez-vous avec le chef de la police, le général Numbi, avait déclaré son épouse à Radio Okapi. On est toujours sans nouvelle de Fidèle Bazana, le chauffeur de Chebeya, disparu en même temps que lui.