Rarement dans l’hémicycle rdcongolais, le rapport parlementaire n’a fait autant l’unanimité que celui sur l’expulsion des rd congolais du Congo-Brazzaville. Les élus de toutes les obédiences ont souscrit au travail de terrain de leurs collègues. Ce, jusque dans les recommandations à très large spectre. Car elles vont de la fermeture provisoire des frontières à la mise en œuvre du principe de réciprocité en passant notamment par le rappel de l’ ambassadeur de Kinshasa à Brazzaville pour consultation.

Excessif ? Irréaliste ? Spectaculaire ? On qualifiera ces recommandations comme on voudra, elles n’en répondent pas moins à une réalité macabre. Des centaines de milliers de Congolais chassés comme des pestiférés , dépouillés de leurs biens , violées -pour certaines femmes- , entassés comme du bétail et expédiés sur l’autre rive . Sans autre forme de procès. Sinon seulement celui uniquement à charge intenté collectivement contre les ex-Zaïrois, coupables de s’être installés au Congo-Brazza sans papiers.

On ne cessera jamais de se demander comment une opération, au demeurant légitime pour un pays souverain, s’est transformée en une chasse aux sorcières contre les seuls rd congolais ! On ne cessera jamais de s’interroger sur l’extrême brutalité avec laquelle la police de Brazzaville a fait le ménage sans le moindre respect de la dignité humaine ni des valeurs africaines.

Face à cette tragédie, aucun rd congolais digne de ce nom ne peut rester indifférent. Emanation du peuple, les députés n’ont fait que traduire cette exaspération populaire. La balle est maintenant dans le camp de l’Exécutif. Même si, autant par realpolitik que par modération diplomatique, le Gouvernement ne peut être aussi " maximaliste " que le Parlement, Kinshasa ne peut plus faire l’économie d’une réaction susceptible de traduire sa condamnation sans ambages des crimes perpétrés contre ses ressortissants.

Rien ne serait pire que faire comme si rien de gravissime ne s’était passé . Tout en reconnaissant que certains de leurs compatriotes vivaient dans l’illégalité de l’autre côté du fleuve, les Rd Congolais attendent de voir leur Gouvernement lancer un signal fort à Brazzaville.