En première instance, Denis Lessie avait été condamné à 10 ans de SPP pour incitation des militaires à la violation de leur consigne, association des malfaiteurs et escroquerie d’argent et des biens du précité. Cette condamnation avait été réduite à 15 mois par la Cour militaire de Gombe, qui était saisie en appel. Ce juge du second degré avait acquitté Lessie pour l’infraction d’association de malfaiteurs. Etant donné que ce dernier avait passé treize mois sous le régime de la détention préventive, mathématiquement parlant, il devrait quitter la Prison militaire de Ndolo à la fin du mois de juin. Mais curieusement, il a été libéré avant 5 mois suite à sa bonne conduite. C’est-à-dire, il n’a jamais tenté de fuir la prison, il a respecté tous les règlements qui concernent les prisonniers. Tout le monde s’attendait à ce que la Cour se montre plus sévère à son égard, compte tenu de la gravité des faits mis à sa charge. Mais, la Cour en avait décidé autrement le 5 mars 2014, date du prononcé.
Rappel des faits
Il y a lieu de rappeler que, ce procès à rebondissements opposait le ministre honoraire du Budget, Jean-Baptiste Ntahwa, au prévenu Denis Lessie, fondateur de l’église « Arche de Noé » et ses complices, à savoir Okunhimo Mambusa, étudiant en deuxième licence à la faculté de droit, qui s’était fait passer pour le petit-frère du chef de l’Etat et Kasongo wa Ngoy, ancien chauffeur de l’escorte présidentielle, qui s’était présenté comme un capitaine des FARDC, pour escroquer Ntahwa.
Les précités étaient poursuivis par le ministère public pour avoir fait usage de fausses qualités dans le but de soustraire des sommes d’argent et des biens à Jean-Baptiste Ntahwa. Ils avaient fait croire à ce dernier qu’ils étaient des proches du président de la République. Denis Lessié s’était fait passer pour le conseiller spirituel du chef de l’Etat et avait garanti un poste ministériel à l’ancien ministre du Budget dans le gouvernement Matata. Il lui avait fait croire avec sa bande que Kabila était mécontent du fait que lorsque Ntahwa était ministre du Budget, il aurait bloqué un document et porté un grave préjudice aux intérêts de sa sœur jumelle, Jaynet Kabila.
Aussi, pour être pardonné par la famille présidentielle, il devait payer des dommages et intérêts à titre de réparation des préjudices subis par Jaynet Kabila. Et Ntahwa faisant foi aux propos de Denis Lessie avait fini par libérer 135.000 dollars américains et des véhicules pour le compte du chef de l’Etat, de sa sœur jumelle et de sa mère Sifa. Après avoir perçu l’argent, Denis Lessie avait disparu de la circulation et vendu la jeep, en association avec ses complices.
Au cours de l’audition de Ntahwa devant le tribunal militaire de garnison de la Gombe qui siégeait en chambre foraine à Ndolo, ce dernier avait martelé qu’il avait une confiance aveugle en Denis Lessie, serviteur de Dieu comme lui. C’est ainsi qu’il ne lui avait pas exigé des décharges. Selon Ntahwa, il n’avait pas libéré argent et biens en contrepartie d’un quelconque avantage politique ou financier. C’était juste pour se mettre en harmonie avec la famille présidentielle.
En ce qui concerne ses relations avec le prévenu Okunhimo Mambusa, qui s’était présenté au nom de Mulindwa, le pasteur Ntahwa avait indiqué avoir fait sa connaissance par le canal de son ami Kasongo wa Ngoy, qui avait sollicité une assistance pour un problème de santé.
S’agissant de Denis Lessie, il avait soutenu n’avoir perçu aucun sou de la part du plaignant. Selon lui, la jeep réclamée par Ntahwa lui avait été donnée gratuitement comme action de grâce pour ses courses en tant que pasteur. Il avait soutenu également qu’il n’avait jamais coopéré avec les autres prévenus.
Le ministère public, dans son avis, avait demandé la condamnation de Lessie et consorts à perpétuité parce qu’ils méritaient une sanction sévère.
Toujours lors des audiences passées, le bourgmestre de la commune de Kalamu, Jean-Claude Kadima, invité par la CMG pour éclairer sa religion sur l’existence ou non du mariage civil de Ntahwa célébré par son prédécesseur BOWOLE en 1985, avait contesté tous les actes d’état civil produits par Ntahwa, bien que ces documents attestent l’existence dudit mariage. Il avait même remis en cause le nom de son prédécesseur sans avoir apporté la preuve contraire. C’est ainsi que le ministère public, après avoir parcouru ces actes de mariage, avait constaté que le bourgmestre faisait un faux témoignage. Il avait demandé au tribunal de prendre en considération les actes de l’état civil produits par Ntahwa, parce que c’était l’œuvre de l’administration communale de l’époque. Et il avait recommandé au bourgmestre de se reférer correctement aux archives de la commune, faute de quoi il pouvait faire la prison pour faux témoignage.