Un face-à-face Muzito-Fec a eu lieu ce lundi 02 août au siège de la Fédération, avec en toile de fond, un débat autour d’un sulfureux mémo du patronat remis au chef du gouvernement. Le Premier ministre s’est voulu fort modeste en s’improvisant modérateur d’un débat, au début tendu mais qui s’est, in fine, transformé en un échange plutôt « amical ».
Les revendications couchées dans le mémo portaient essentiellement sur les secteurs miniers où l’on dénonce le « non respect systématique de la loi minière », industriel local, bancaire, tabassicole, le secteur des télécommunications, et du commerce. Point par point, le président national de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) a fait observer que le secteur minier est découragé par « la création de nouvelles taxes qui faussent des conditions qui avaient motivé leurs investissements et par votre décret qui suspend les allègements et exonérations des taxes à l’importation des produits pétroliers ».
Dans le secteur industriel, Yuma s’est déclaré touché, au même titre que ses pairs, par l’annulation, « sans préavis » et « sans concertation », du décret portant exonérations et allègement douanièrs et fiscaux, à la stupéfaction des opérateurs économiques.
Au chapitre lié au secteur bancaire, c’est un décret du Premier ministre, selon Yuma, qui est venu saper les efforts liés au problème de la sous-bancarisation du pays et à l’insuffisance des financements pour les Pme locales. Pour le secteur du tabac, c’est encore grave : « le secteur a subi une augmentation de 100% de sa fiscalité et qui a vu réintroduire dans l’industrie un système ad valorem ».
Comme dans les autres secteurs épinglés par la Fec, le secteur aérien est victime de « dysfonctionnement grave qui se traduit par la prolifération des centres des décisions (…), les prélèvements représentent plus de 50% du prix du billet ».
Dans une sorte de diagnostic, le tableau peint par Yuma à l’attention du Premier ministre est fort sombre : « une taxe d’accise de 10% introduite dans le secteur de télécommunications ; la hauteur exagérée des taxes et redevances perçues dans le secteur du commerce ». Ici, la FEC a mis un accent sur « le cas RVM et du bief maritime qui devient alarmant ».
Une dégradation grave de la navigabilité est entrainée par la baisse du tirant d’eau de 23 pieds à 18 pieds aujourd’hui, s’est plaint le président national de la Fec qui a fait savoir que « les armateurs sont obligés de charger de bateaux au tiers de leur capacité (…), situation qui a une répercussion évidente sur l’offre des produits et sur leur prix ».
Secteur judiciaire : une autre épine…
Les opérateurs économiques citent, en ordre utile, le secteur judiciaire comme l’un des obstacles à l’essor de l’initiative privée. « Notre justice est malade et condamne le pays à manquer les investisseurs ». C’est donc, ici, que la FEC invite à l’accélération du processus d’intégration Ohada à notre législation des affaires. « Il faut aussi, Monsieur le ministre, sanctionner les magistrats corrompus tous les niveaux jusqu’à la Cour suprême ».
Syndicat des opérateurs économiques membres, la FEC, a précisé cependant son président, « ne défendra jamais un opérateur pris en flagrant délit de fraude, ni de concussion avec les fonctionnaires véreux de l’Etat ».
A ce sujet, le souhait émis par le patronat, c’est celui de réactiver le Cadre permanent de concertation économique (CPCE).
Les assurances de Muzito
A chaque secteur ayant fait l’objet de débat, le ministre attitré devrait, devant les opérateurs économiques, présenter les moyens de sa défense. Ainsi pour le secteur minier, le ministre Kabwelulu a expliqué que les taxes, fort décriées par les assujettis, perçues par son ministère au Katanga visaient des opérateurs qui exportaient du Congo des concentrés en lieu et place des produits finis, en faisant fi d’une décision les obligeant à disposer d’une entité de traitement sur place.
D’autres responsables d’entreprises, comme celui de la Régie de voies maritimes (RVM), cités comme obstacles se sont défendus. Pour certains sans convaincre. De manière ramassée, Adolphe Muzito a dit rassurer les investisseurs et souligné que toutes les questions soulevées, jugées pertinentes, trouveront des solutions dans un « cadre officiel ». En tenant compte des intérêts des parties.