Le président de la République Joseph Kabila a plaidé pour un partenariat ACP-UE au bénéfice de la paix, du progrès social et du développement durable. Il a invité les parlementaires réunis à Kinshasa dans le cadre de la 20ème session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE à faire le point des problèmes en matière des droits de l’Homme, de la démocratie et de l’amélioration des conditions de vie dans leurs pays respectifs. Cela avant de dévoiler un pan du nouveau paysage qu’offre la RDC après de longues années d’instabilité, de guerre et de destruction.
Quelques allocutions ont dominé la séance d’ouverture, jeudi au Palais du peuple, de la 20ème session de l’Assemblée parlementaire paritaire groupant les pays ACP et ceux de l’Union européenne (UE). C’est le président de la République Joseph Kabila qui a donné le coup d’envoi des travaux qui prendront fin le 4 décembre prochain. Le chef de l’Etat a saisi cette occasion pour lancer un appel aux participants en vue d’un partenariat pour la paix, le progrès social et le développement. Il a estimé que dans ce partenariat le Parlement a un important rôle à jouer dans la mesure où les élus sont les représentants du peuple à qui il revient le pouvoir d’investir et de sanctionner le gouvernement. Selon le chef de l’Etat, les rencontres des élus du peuple sont des lieux par excellence pour une meilleure connaissance réciproque. Celles-ci facilitent la compréhension des défis auxquels tous sont confrontés. D’où, la nécessité d’agir de concert pour y faire face et de manière efficace.
Il a rappelé qu’à la faveur de la révision quinquennale de l’Accord de Cotonou, le rôle des élus du peuple a été reconnu et renforcé, permettant ainsi à l’Assemblée parlementaire paritaire d’apporter sa contribution aux efforts tendant à rendre le partenariat ACP-UE toujours plus pertinente et plus efficace.
Auparavant, le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab avait souhaité la bienvenue à toutes les délégations estimées à environ 450 personnes. A son avis, le choix de Kinshasa est notamment le fait que c’est une ville multiculturelle et charnière par sa position géostratégique. Les deux coprésidents de ces assises, à savoir Louis Michel pour l’UE et le Zambien David Matongo pour les ACP ont mis l’accent entre autres sur un partenariat et un dialogue franc entre les deux parties.
Pour Louis Michel qui a noté une transformation remarquable de la ville de Kinshasa, la présence de Joseph Kabila dans la salle de banquets du Palais du peuple est un témoignage d’amitié à l’égard de l’Union européenne ainsi que sa volonté de fonder les institutions sur un parlementarisme vigilant, engagé et proche du peuple. Il a félicité le Parlement de la RDC pour avoir voté des lois courageuses notamment contre les violences faites aux femmes et sur l’environnement.
Au nombre des sujets retenus pour les discussions, le député européen a annoncé la liberté des médias, la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), les violences faites aux femmes et le changement climatique. Dans la foulée, il a dit que la démocratie, la bonne gouvernance (politique et économique) ainsi que la protection des droits de l’Homme sont essentielles au développement.
Abordé par la presse, Modeste Mutinga Mutuishayi, rapporteur du Sénat, a fait savoir que sans la liberté de la presse, on ne peut s’attendre à la démocratie et au développement.
Encadré
Louis Michel plaide pour une législation européenne sur les minerais de sang
Louis Michel, coprésident de l'Assemblée ACP-UE, a appelé l'UE à renforcer son arsenal juridique pour assurer une meilleure traçabilité des minerais issus de l'exploitation illégale, notamment en Afrique et dans les provinces orientales de la RDC. La séance inaugurale de la 20ème session de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, s'est tenue ce jeudi à Kinshasa (République démocratique du Congo).
« Je plaide pour que l’Union européenne se dote d’un instrument de contrôle du marché international des ressources naturelles », a déclaré Louis Michel, coprésident de l'Assemblée. « Il est toujours incompréhensible que les pays les plus riches en ressources soient ceux dont les populations sont les plus misérables ». Il souhaite que l'UE s'inspire de la loi Dodd-Frank, récemment adoptée par le Congrès américain et qui impose aux sociétés cotées à Wall Street, et notamment les compagnies pétrolières, gazières et minières, de révéler publiquement leurs revenus ainsi que les paiements fiscaux qu’elles font de part le monde.
«Cette divulgation aurait un effet dissuasif sur la corruption et les flux illicites de capitaux qui se traduisent dans de nombreux pays pourtant riches en ressources naturelles par des pertes énormes de ressources, par l’aggravation des conflits et une profonde pauvreté», a-t-il ajouté.
Il a également lancé un appel aux entreprises qui opèrent dans les pays en développement d'adopter un «code d'éthique».
ACCORDS DE PARTENARIATS ECONOMIQUES
David Matongo (Zambie), coprésident, a réitéré la préoccupation des pays ACP sur les Accords de partenariat économique qui visent à créer une zone de libre échange entre l’Union européenne et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Il a notamment dénoncé le «manque de souplesse nécessaire» de la part de la Commission européenne pour faciliter une avancée dans les négociations. « Dépourvu de volet développement, tout APE serait préjudiciable au développement économique et ralentirait le processus d'intégration régionale des États ACP », a-t-il ajouté.
LIBERTE DES MEDIAS
Sur la liberté des médias, Louis Michel a fait référence au projet de résolution qui dénonce la dégradation des conditions de la liberté de la presse et qui sera soumis au vote samedi. Selon lui, «une information libre et professionnelle est toujours préférable à la «rumeur» qui se substitue souvent à la presse lorsque celle-ci est muselée ».
David Matongo a de son côté estimé que «seule une presse responsable - et permettez-moi de souligner ce terme - devrait faire partie du processus de démocratisation des pays africains».
SITUATION EN RDC, OMD ET INSECURITE AU SAHEL
L'Assemblée débattra de la situation en RDC lors d'un échange des vues avec les autorités de ce pays.
Lors du débat central sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui devrait se tenir en présence de Blaise Compaoré, président du Burkina-Faso, les députés devraient plaider pour une relance des efforts en vue de réduire la mortalité maternelle et les complications liées à la gestation et à la naissance, l'un des Objectifs du millénaire sur lesquels les progrès s'avèrent les plus limités.
Les députés se pencheront également sur l'insécurité dans la bande saharo-sahélienne et sur la lutte contre l'insécurité alimentaire dans les pays ACP. Ils débattront de la situation à Madagascar, en Somalie, au Soudan et au Zimbabwe et à Haïti.
Trois rapports co-rédigés par des députés européens et des députés ACP seront discutés et mis aux voix samedi 4 décembre : «Réalisation des OMD : des réponses innovantes pour relever les défis sociaux et économiques» : Licia Ronzulli (PPE, IT) et Odirile Motlhale (Botswana); «L’après Copenhague: transfert de technologies, nouvelles technologies et renforcement des capacités techniques dans les pays ACP »: Jo Leinen (S&D, DE) et Marisa Dalrymple Philibert (Jamaïque); «Liberté et indépendance des médias» : Rainer Wieland (EPP, DE) et Jean Rodolphe Joazile (Haïti).
Deux fois par an, 78 députés européens et 78 députés nationaux des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique se réunissent pour assurer le contrôle parlementaire de la politique de développement de l'Union européenne.
Cette 20ème session a été ouverte par Joseph Kabila, Président de la République démocratique du Congo.