Le président de la République, Joseph Kabila Kabange, a regagné le pays depuis la fin de la semaine passée. Il s’était rendu à New York, prendre part à la 66ème session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, ONU. Une rencontre au sommet qui permet aux «grands » de ce monde d’exprimer leurs points de vue sur de grandes questions internationales.
Le chef de l’Etat Joseph kabila a donc saisi cette opportunité pour faire entendre la voix de la République démocratique du Congo. Aussi, s’est-il attardé sur l’importance que revêt cette période charnière en RDC qui sera caractérisée par l’organisation des élections démocratiques, les deuxièmes du genre, en vue de pérenniser la culture démocratique au Congo-Kinshasa. Il a, de ce fait, suggéré la modification du mandat de la MONUSCO, jusque-là de maintien de la paix, pour accompagner la RDC dans ses efforts de développement et de relance économique. Profitant de cette circonstance, il a fait d’une pierre deux coups en proposant la restructuration du Conseil de sécurité de manière à ce que l’ONU soit plus efficace afin de renforcer la confiance entre les Etats membres.
Candidat à sa propre succession, Joseph Kabila a certainement mis son séjour à profit à New York pour multiplier des rencontres couplées en vue de souligner sa vision politique, économique d’une RDC aspirant à l’émergence.
Après New York, la presse internationale a fait état de la visite du président de la République à la Havane, Cuba. Un séjour visant à raffermir les relations amicales entre la RDC et Cuba. Aussitôt, il a effectué une visite de travail à Malabo, capitale de la Guinée Equatoriale et pays membre de la CEEAC. Le déroulement des élections le 28 novembre n’ont pas manqué de figurer au menu des entretiens au sommet entre Joseph Kabila et son homologue Theodoro Obiang Nguema, et l’occasion était encore bien indiquée pour le président-candidat de souligner la détermination du peuple congolais à consolider le processus de démocratisation en RDC.
Chassé-croisé de l’Opposition
Presqu’au même moment, les «poids lourds» de l’Opposition reprenaient leur bâton de pèlerin pour une tournée en Europe et aux Etats-Unis. Sans oublier, bien sûr, le Canada.
Le premier à partir du pays a été Etienne Tshisekedi, président national de l’UDPS et candidat à l’élection présidentielle. Outre ses entretiens avec des partenaires étrangers pour leur rassurer de la viabilité de la RDC afin de revenir investir au Congo, selon ses propres termes dans l’interview accordée à Colette Braeckman, Etienne Tshisekedi s’est entretenu avec d’autres leaders de l’Opposition. Il s’est rendu à La Haye pour rencontrer successivement Thomas Lubanga et Jean-Pierre Bemba, respectivement président de l’Union des patriotes congolais, UPC, et président national du Mouvement de libération du Congo, MLC. Les entretiens ont porté sur la candidature commune du candidat de l’Opposition à l’élection présidentielle 2011 après un survol de la situation générale du pays. Peu avant de quitter Bruxelles pour Montréal, au Canada, Tshisekedi a rencontré Léon Kengo wa Dondo, président national de l’Union des forces du changement, UFC, et également candidat à l’élection présidentielle. Les deux personnalités politiques ont plaidé pour une candidature commune de l’Opposition à la présidentielle.
Etienne Tshisekedi était attendu hier mardi à Washington, venant de Montréal. Il devrait atterrir à 20h00, heures locales, à l’aéroport Reagan pour un séjour de quatre jours. Les 5 et 6 octobre, il est à Washington avant de partir pour Raleigh, en Caroline du Nord.
Il nous revient que les entretiens qu’il devrait avoir avec Vital Kamerhe, président national de l’Union pour la Nation Congolaise, UNC, ne pouvaient plus avoir lieu à Montréal. En effet, Kamerhe qui était auparavant en Afrique du Sud et Ethiopie, devrait quitter Montréal pour Washington, selon son carnet de voyage. Si les circonstances de temps le permettraient, les deux personnalités de l’Opposition allaient s’entretenir hier mardi à Washington.
A en croire les milieux proches de l’UNC à Washington, Vital Kamerhe devait être reçu par des proches du président américain, Barack Obama, et par la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton. Si ces entretiens ne pourraient être décalés, Kamerhe a promis d’instruire ceux des collaborateurs qui l’accompagnent dans ce périple à aller à la rencontre d’Etienne Tshisekedi.
Par ailleurs, un autre candidat, Antipas Mbusa Nyamwisi, séjourne aussi à Washington. Candidat à l’élection présidentielle, il pourrait s’entretenir avec Tshisekedi. Mbusa Nyamwisi s’emploie à rapprocher les points de vue des uns et des autres de l’Opposition pour un compromis autour d’une candidature consensuelle. Si la rencontre entre le président national du RCD-KML et celui de l’UDPS ne se déroulerait pas comme prévu, compte tenu de l’emploi du temps de l’un et l’autre, Bruxelles aurait été proposée pour qu’ils se rencontrent.
Toujours dans l’Opposition, l’on signale la présence de Roger Lumbala, président national du RCD-N à Rotterdam, en Hollande, en provenance de Paris. Invité par la diaspora congolaise, Lumbala qui soutient la candidature d’Etienne Tshisekedi plaidera pour l’alternance avec l’élection du candidat commun de l’Opposition, Tshisekedi.
Comme on peut le constater, l’Opposition poursuit ses grandes manœuvres. Loin de Kinshasa, elle compte parvenir à un compromis.
Marche pro-Kabila à Paris
La mouvance présidentielle est également sur le terrain en Europe. Il nous revient, de sources crédibles, qu’une marche pacifique de soutien est prévue ce 22 octobre 2011 à Paris. Une marche pro-Kabila visant à mobiliser les Congolais à voter pour le candidat Kabila. Les autorités françaises, particulièrement celles de Paris, ont été saisies afin que tout se déroule dans le calme.
Entre-temps, l’on signale le retour à Kinshasa du président de l’Assemblée nationale. Secrétaire général du PPRD, Evariste Boshab a séjourné dernièrement en Corée du Sud. Au regard de ses deux casquettes, cette figure de proue de la mouvance présidentielle ne pouvait ne pas aborder la grande question des élections 2011 avec ses interlocuteurs.
Décidément, l’on est bien parti pour la campagne électorale avec cette croisade d’outre-mer. Le mérite de ce chassé-croisé demeure incontestablement cette prise en compte de la dimension internationale au regard des exigences de la gestion d’un pays moderne. Mais au-delà de cette considération à haute portée politique, il convient de concilier les intérêts supérieurs de la Nation à ceux de la dimension internationale tant il est vrai que vivre en autarcie se traduit toujours par un suicide. Mais, il est important de le retenir, l’histoire de tout pays, comme son développement, s’écrit toujours de l’intérieur.