A une semaine de la commémoration de la journée internationale de lutte contre le VIH/SIDA, la ville de Bukavu se mobilise dans la lutte contre les violences sexuelles. La Première Dame de la République Démocratique du Congo, Olive Kabila, le Président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe et le Représentant Spécial Adjoint de la MONUC en RDC, Ross Mountain, ont été présents à Bukavu, marquant ainsi leur engagement à lutter contre ces violences qui déstructurent la société congolaise.
Les 16 jours d’activisme ont débuté le 24 novembre, avec l’inauguration de la Cité de la Joie, à l’Hôpital Général de Référence de Panzi, par une délégation venue de Kinshasa, conduite par la Première Dame et comprenant le Président de l’Assemblée Nationale et le Représentant Spécial adjoint de la MONUC. Ce site est destiné à la prise en charge des victimes des violences sexuelles.
Dans la matinée, une gigantesque marche qui a réuni plusieurs associations et la population de Bukavu est partie du gouvernorat pour finir au collège Alphajiri, où attendaient les officiels. Eve Ensler, fondatrice de l’ONG V-Day, une des personnes à avoir pris la parole à cette occasion a rappelé le fait que l’hôpital de Panzi reçoive en moyenne une douzaine de victimes par jour. Avec forte véhémence, elle a souligné l’importance du mot pouvoir, qui ne doit pas être entendu comme pouvoir des armes et de domination, mais plutôt comme pouvoir de vivre librement et de déterminer son propre destin.
La veille, 23 novembre, à 14 heures, la salle de conférence de l’Hôtel Mont Kahuzi-Biega de Bukavu était archi comble. Et pour cause? On venait de lancer officiellement la Campagne nationale de lutte contre les violences sexuelles. A l’origine de cette campagne: l’UNICEF, la CONDIFA (Ministère de la Condition de la Femme et Famille), la MONUC/Bukavu et l’ONG V-Day. L’objectif principal? Amener la société congolaise à reconnaître le statut et la valeur de la femme et de la fille dans la société, conformément à la constitution de la République. Le thème de cette campagne: «Stop au viol de notre ressource la plus précieuse. Pouvoir aux femmes et filles de la RDC».
Dans son exposé, le Chef de Bureau de l’UNICEF Sud Kivu, Danielle Keulen explique le pourquoi de cette initiative: «Des centaines de milliers de filles et de femmes ont été violées depuis le début du conflit en RDC. La violence sexuelle a été utilisée pour torturer, humilier des femmes, des filles, et détruire des familles entières». Par conséquence, ajoute-elle, «des efforts devront être fournis pour répondre aux conséquences de ces actes inhumains commis à l’égard de la femme et de la jeune fille, affectant ainsi toute la communauté et la Nation». Puis elle dira: «En ce moment encore, plusieurs cas restent sans assistance suite à l’inaccessibilité géographique de certains milieux, à une très faible réponse juridique à des actions de prévention encore disparates…Au nom de l’UNICEF nous espérons que par cette campagne, la population sera sensibilisée aux problèmes de violences sexuelles afin que soit appliqué la tolérance zéro vis-à-vis des auteurs des violences sexuelles en RDC».
S’adressant aux autorités, elle a souligné: «Nous souhaitons que par cette séance, les autorités de la province du Sud Kivu prennent leur responsabilité, de manière active, dans cette lutte contre les violences sexuelles, mais aussi pour créer un environnement politique favorable dans la prise en charge des victimes, ce qui facilitera leur intégration dans la société».
Dans la matinée, le Bureau Intégré des Nations Unies pour les Droits de l’Homme au Sud Kivu a lancé le premier atelier de sensibilisation aux droits de l’Homme, auprès des Députés de l’Assemblée Provinciale. Cet atelier est le tout premier d’un cycle hebdomadaire qui se poursuivra jusqu’au10 décembre, date commémorative de la Journée Internationale des Droits de l’Homme. S’adressant aux honorables Députés, le Chef du BNUDH / Sud Kivu, Luc Henkinbrant dira: «L’objectif de cette journée est d’identifier ce que vous parlementaires pouvez faire pour améliorer le respect des droits de l’Homme dans la province».
L’atelier a démarré par une présentation sur la notion des Droits de l’Homme et d’un Guide à l’usage des parlementaires. Un autre exposé sur les mécanismes d’action d’un Parlement Provincial dans le domaine des Droits de l’Homme et celui sur les mécanismes de promotion et protection des parlementaires victimes de violations de leurs droits fondamentaux ont été présentés. La deuxième partie des travaux a été consacrée à l’action de l’Assemblée Provinciale dans le domaine des violences sexuelles. A la clôture, les Députés ont signé un Acte d’engagement dans la lutte contre l’impunité suite aux violences sexuelles.