Par les discours de Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, et d'Azarias Ruberwa, dirigeant du "Rassemblement congolais pour la démocratie" (Rcd) - ex-rébellion pro-rwandaise devenue mouvement politique -, les travaux de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et de Développement au Kivu se sont poursuivis hier, près l'Université libre des pays des Grands Lacs, à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
Après avoir évoqué la situation d'insécurité qui règne dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu - le Nord est le théâtre de combats armés depuis plus de quatre mois -, M Ruberwa a proposé un travail portant sur la "prévention et la réconciliation", requérant des délégués réunis à Goma un "pardon sincère", rapporte "Radio Okapi".
Il est nécessaire d'écouter sans crainte ceux qui sont à l'origine de l'insécurité dans la région, notamment les groupes armés, pour qu'ils exposent les raisons pour lesquelles ils ont recours aux armes, a dit M Kamerhe, demandant aux rebelles de présenter un plan de désengagement de leurs troupes, de décréter un cessez-le-feu et de s'engager dans le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion.
Sur les près de 1000 délégués accrédités à la conférence figurent, en plus des gouvernants et de la société civile, des représentants rebelles, dont les Mayi-Mayi et le Cndp (Congrès national pour la défense du peuple) - mouvement politico-militaire à la tête duquel se trouve le général dissident Laurent Nkunda, responsable ces dernières années de nombreux affrontements dans la région contre l'armée régulière. D'après plusieurs médias, la délégation du Cndp se serait retirée des travaux de la Conférence - ou en tout cas, menacerait de le faire - en raison d'une erreur sur l'identité d'un délégué qui a porté avant-hier à l'arrestation de ce dernier pendant une heure.
Actuellement, les représentants des Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (Fdlr) - groupe armé présent dans l'Est du Congo depuis la fin du génocide rwandais de 1994 - manquent toujours à l'appel de la réunion, les Fdlr étant accusées par le gouvernement de Kigali d'être impliquées dans les massacres d'il y a 14 ans et de constituer un facteur d'insécurité dans l'Est congolais. De fait, c'est également dans le but de défendre "sa" communauté tustie congolaise contre des rebelles tels que les Fdlr que Laurent Nkunda déclare s'être soulevé dans la région. Hier, les réactions en première page des quotidiens congolais sur le début de cette Conférence de paix ne se montraient pas particulièrement enthousiastes : "Le Potentiel" reprochait par exemple aux discours de n'être restés que superficiels et dépourvus de véritables débats de fond, avant de mettre l'accent sur la nécessité de passer aux choses sérieuses.
On espère cependant que l'appareil d'organisation se soit maintenant mis en route en direction de la tenue de débats plus concrets et plus approfondis. Les travaux de la Conférence ont été prolongés, mais les renseignements recueillis sur les médias ne permettent pas encore de connaître la nouvelle date de clôture, initialement fixée au 14 janvier.
Pendant ce temps, dans la zone au nord de Goma, la Conférence semble avoir connu des répercussions positives. "Mis à part quelques affrontements sporadiques, tout est assez calme. Cela nous permet de travailler et d'assister la population civile et les centaines de milliers de déplacés qui vivent encore dans la zone", ont dit hier à la MISNA des sources humanitaires. (Article de Céline Camoin, traduit de l'italien) (CN)