Kinshasa, le 16 février2008 - Vendredi 15 février, aux environs de 13 heures, heure locale, les Casques bleus sud-africains de la base opérationnelle mobile de la MONUC de Tongo, dans le territoire de Rutshuru, Province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC et située à 50 kilomètres au nord de Goma, ont entendu une série de coups de feu provenant du village de Rushovo, à proximité de leur base.
©MONUC
Se mettant immédiatement en état d’alerte, les Casques bleus ont dépêché une patrouille afin de se rendre compte de la situation. Ils ont très vite rencontré du personnel d’assistance humanitaire international se dirigeant vers leur base pour y trouver refuge car des hommes en armes étaient en train de tirer dans le village et avaient abattu un nombre indéterminé de personnes.
Après avoir découvert deux cadavres sur leur chemin, les Casques bleus ont aperçus un groupe d’hommes armés en uniforme de la police, identifiés par la suite comme étant des éléments de la «police» du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement politico-militaire de Laurent Nkunda, qui contrôle la zone de Tongo.
Ces «policiers» semblaient emmener un prisonnier en vêtements civils et les Casques bleus les ont sommés de s’arrêter afin de procéder à des vérifications. La réaction du groupe aux sommations des soldats de l’ONU a été d’ouvrir le feu sur eux.
Conformément à leurs règles d’engagement sous Chapitre VII, étant en situation d’auto-défense et informés que la population était en danger physique imminent, les Casques bleus ont répliqué en faisant usage de leurs armes, tirant à leur tour sur les hommes qui les avaient pris pour cible.
Ces derniers ont été désarmés, appréhendés et emmenés en détention, ainsi que leur prisonnier, à la base MONUC de Tongo où des soins ont été prodigués à l’un d’entre eux qui était blessé. Les assaillants des Casques bleus auraient déclaré avoir eu une confrontation armée avec des combattants de la milice Mayi-Mayi des Patriotes résistants congolais (PARECO), à laquelle appartiendraient les personnes abattues et qui auraient commis des exactions dans le village. Ce serait au cours de cet affrontement que l’un des «policiers» aurait été blessé.
Suite à cet échange de tir, les soldats sud-africains de la MONUC ont organisé une patrouille vers Rushovo, la zone d’où étaient provenus les premiers coups de feu. La population locale s’est empressée de venir à leur rencontre pour chercher protection et les informer qu’au moins deux civils, dont l’un semblerait être un mineur, avaient été abattus peu de temps auparavant par des membres du groupe ayant ouvert le feu sur les soldats de l’ONU.
Selon des témoins oculaires crédibles et dignes de foi, les éléments CNDP seraient entrés dans la localité, dans un état d’extrême agitation, faisant usage de leurs armes de manière indiscriminée et terrorisant la population et l’un deux semblait en état d’ébriété. Ils auraient abattus et dépouillés plusieurs personnes et fait au moins un blessé parmi la population.
Les premières constatations et des témoignages directs impartiaux démentent la version, rapportée par un responsable du CNDP aux médias, selon laquelle «les Casques bleus voulaient empêcher (les «policiers» CNDP) de faire leur travail», auraient tenté de les désarmer et qu’il y aurait «eu mésentente», résultant en un «crépitement de balles de part et d'autre».
Aucune «mésentente» n’aurait eu le temps d’avoir lieu, les assaillants ayant immédiatement fait usage de leurs armes contre les Forces des Nations Unies, une fois que celles-ci les aient sommés de s’arrêter pour être contrôlés. Ce n’est qu’après l’échange de tir et leur reddition, que ceux-ci ont été désarmés.
La mission des bases opérationnelles mobiles de la MONUC est la protection des populations, le soutien aux agences humanitaires et l’assistance à la mise en application des dispositions de l’acte d’engagement du Nord-Kivu, notamment celles concernant le cessez-le-feu.
Plusieurs témoins directs ont déclaré que, sans l’intervention courageuse et décisive des Casques bleus sud-africains, qui ont fait preuve du plus grand sang-froid sous le feu, et sans leur détermination à protéger la population, un plus grand nombre de victimes aurait été à déplorer.
Une enquête approfondie sera menée afin de déterminer les circonstances de cet incident, d’établir un bilan précis et de déterminer les responsabilités de chacun.
Il est encore une fois nécessaire de rappeler que, non seulement toute violation grave des droits humains est inacceptable, mais aussi que toute attaque contre des soldats de la paix et le personnel humanitaire ainsi que les exécutions sommaires de civils sans défense, constituent autant de crimes de guerre.