Le constat a été fait par le directeur intérimaire du Bureau des Nations unies aux droits de l'homme, à l'occasion des manifestations commémoratives de la 11e journée internationale de soutien aux victimes de la torture.
Célébrée le 26 juin de chaque année, cette journée a été instaurée en 1997 par l'Onu pour marquer la reconnaissance de l'illégalité absolue et universelle de la torture, comme de tout traitement inhumain ou dégradant. Selon Louis Marie Bouaka, les rapports, aussi bien du Bureau des Nations Unies aux droits de l'homme que des ONG congolaises des droits de l'homme indiquent que la torture et les pratiques inhumaines et dégradantes sont toujours de mise en République Démocratique du Congo. Même dans des cas d'arrestations légales, il est courant que les personnes arrêtées subissent des actes de torture et de traitement cruel, a souligné la même source, ajoutant que les associations de défense de droits de l'homme dénoncent sans complaisance toutes les formes de tortures pratiquées en RDC. « Nous rapportons aux autorités compétentes pour que des mesures correctives soient prises afin d'éradiquer ces pratiques », a laissée entendre Louis Marie Bouaka.
Par ailleurs, le directeur intérimaire du Bureau des Nations Unies aux droits de l'homme a saisi l'occasion pour annoncer que son institution s'engage, désormais, à prendre en charge les frais médicaux et l'accompagnement judiciaire des victimes de la torture en RDC.
De son coté, la Ligue pour la paix et les droits de l'homme, Lipadho, a dénoncé quelques endroits dans la capitale où les tortures sont monnaie courante. Il s'agit, notamment de la Circo, de GLM et de Kin Mazière où, même la Monuc et les activistes des droits de l'homme n'ont pas accès, a indiqué Floribert Sezabo, secrétaire général de cette ONG. « Dieu seul sait comment les victimes sont maltraitées pour leur faire avouer des méfaits, même s'ils ne les ont pas réellement commis », a-t-il déclaré avant de plaider pour le respect, par la RDC, de ses engagements internationaux par rapport aux conventions sur la torture, et pour la disparition sur le territoire congolais des lieux de détention illégale.
Goma : la torture, un bilan mitigé
Le Centre de recherche sur l'environnement, la démocratie et les droits de l'homme a organisé une manifestation ce jeudi 26 juin, sous forme d'une journée porte ouverte de réflexion et de plaidoyer sur la torture, en collaboration avec le Bureau des Nations Unies aux droits de l'homme de Goma.
Au cours des échanges, cette organisation de défense des droits de l'Homme a dressé un bilan mitigé sur les actes de torture commis par certains services.
Selon les organisations de défense des droits de l'homme, l'ampleur de la torture exercée tant sur des civils que sur les militaires est épouvantable. Au total, plus de 50 cas ont été identifiés depuis le début de cette année sur l'ensemble de la province. Selon l'ONG qui organise ces activités, plusieurs thèmes dont la contribution de la justice à la répression de la torture, les cas de torture perpétrés par des responsables militaires, de la police et ceux de l'ANR ( Agence nationale des rensignements, soont fréquents dans les territoires de Rutshuru, Lubero et Beni. Les mêmes sources indiquent que les tortionnaires recourent au fouet, à l'arme?, et habituellement à la matraque pour arracher des aveux à leurs victimes.
A la fin de cette journée, les participants comptent élaborer un cahier de recommandations pour réprimer les actes de torture au Nord-Kivu. Ces recommandations seront remises à chaque responsable présent dans la salle, à titre de vade mecum.
Kisangani : une ONG dresse le bilan
L'Acat, Action des Chrétiens pour l'abolition de la torture réaffirme la pratique de la torture et autres traitements dégradants à l'endroit des hommes et des femmes en Province Orientale, pendant une année, a déclaré le président de cette organisation, en marge de la commémoration de cette journée.
Cette ONG internationale de défense des droits de l'homme souhaite en outre que le projet de loi sur la pénalisation de la torture soit vite adopté par l'Assemblée nationale.
Pierre Esanganya Wanyi, président provincial de l'Acat, affirme avoir observé mercredi, sous un ?il attentif, une personne sous menottes à la prison centrale de Kisangani. « Nous avons trouvé dans le même lieu une personne ligotée, jetée en plein air, saignant. Notre observation nous fait montrer que la pratique de la torture est bel et bien vivante dans la Province Orientale et spécialement à Kisangani. Cette année poursuivre et envisager des actions de grande envergure afin de demander à l'Assemblée nationale d'inscrire cet avant projet de loi pénalisant la torture afin que la loi soit votée. Et nous rappelons à l'autorité de prendre toutes les dispositions conformément aux engagements que la RDC a pris en cette matière », souligne-t-il.
Bas Congo : des améliorations sensibles
« Il y a une amélioration sensible dans la lutte contre la torture ». Déclaration faite ce jeudi à Boma par le secrétaire exécutif du Réseau provincial des ONG des droits de l'homme, Pamphile Mbuangi à l'occasion de la journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture. Selon lui, cette évolution est le résultat de la formation acquise par les officiers de la police nationale congolaise en matière des droits de l'homme, mais un grand travail reste à faire du côté des troupes.