Malgré l’ombre de la Chine, la mission de la délégation du Fonds monétaire international s’est terminée sur une note de satisfaction : forte performance des recettes, une politique monétaire prudente. Le FMI a toutefois recommandé au gouvernement d’aller de l’avant en s’appuyant sur une forte discipline monétaire.
Dans sa déclaration sanctionnant sa mission d’évaluation en République démocratique du Congo, la délégation du Fonds monétaire international reconnaît que «la mise en oeuvre du Programme économique du Gouvernement pour l’année 2008 jusque fin août a été satisfaisante d’une manière générale. La forte performance des recettes a facilité la réduction des emprunts auprès des banques. En outre, une politique monétaire prudente a aidé à contenir le taux d’inflation à 24 pour cent à la fin du mois d’août face à la terrible augmentation des prix des produits pétroliers et alimentaires.»
La délégation du FMI a tenu toutefois à faire des recommandations au gouvernement pour assurer la stabilité macro-économique. Pour ce faire, «il faudra aller de l’avant, avoir une discipline monétaire et une politique monétaire serrée». C’est dans cette condition que les objectifs 2008 des autorités peuvent être atteints et que « le gouvernement devra résister aux pressions d’augmentation des dépenses en faisant des réductions compensatoires pour faire face à toutes les dépenses imprévues», souligne le communiqué de la délégation du FMI.
PROJET DE BUDGET 2009 ET LA DECENTRALISATION
Le gros du temps de la mission du FMI a été consacré à l’appréciation du Projet de Budget 2009 et à la décentralisation fiscale. Sur ces deux points précis, la délégation du FMI a émis des observations pertinentes et précises. Le souci du FMI vise à ne pas restreindre les dépenses prioritaires au risque d’affecter la stabilité macro-économique. A ce sujet, la mission a revu le projet de budget 2009 en échangeant longuement avec les autorités congolaises sur « des hypothèses réalistes de recettes », dans le sens allant vers une forte augmentation des salaires. Quant à la décentralisation fiscale, le FMI recommande «une mise en œuvre de manière progressive conformément au progrès réalisé dans le domaine de renforcement des capacités institutionnelles au niveau provincial».
En d’autres termes, il s’agit là de «vraies contraintes» qui s’opposent au gouvernement et qu’il lui appartient de faire appel à tout son esprit d’initiative pour s’appuyer alors sur des hypothèses réalistes. Et ce dans le seul but de ne pas déstabiliser le cadre macro-économique tout en préservant la « paix sociale».
LA CONVENTION SINO-CONGOLAISE
Evidemment, comme dans notre dernière livraison, il a été fait allusion à la coopération RDC-FMI qui se joue sur les contrats chinois. Si la mission «a soutenu le double objectif du gouvernement à accélérer le développement des infrastructures», le FMI attend toujours «des éclaircissements complémentaires de l’étude de faisabilité minière d’ici mars 2009 . Question d’évaluer la viabilité de la dette ainsi que les implications de l’accord de coopération sino-congolaise». Ses propos ne sont pas loin de ceux tenus récemment à New York, au siège de l’ONU, par le président français, Nicolas Sarkozy sur «un réendettement public trop rapide et trop coûteux ».
Dans les coulisses des deux parties, il se murmure de plus en plus que cette exigence a plus une «connotation politique qu’économique». On craindrait que la Chine «rachète la dette congolaise», un peu comme le Venezuela l’a fait en Amérique latine. Ce qui se traduirait par une nouvelle donne dans les rapports de coopération entre la RDC et le Fonds monétaire international.
Déclaration de la Mission du FMI en République démocratique du Congo
Une mission du Fonds Monétaire International (FMI) conduite par Mr Brian Ames a effectué une visite à Kinshasa du Il au 23 septembre 2008, pour évaluer la mise en œuvre à ce jour du programme économique 2008 du gouvernement et discuter des politiques pour l’avenir.
La mission a rencontré tour à tour le Ministre d’Etat chargé de l’Intérieur, Denis Kalume Numbi, le Ministre de Finances, Athanase Matenda Kyelu, le Ministre du Budget, Adolphe Muzito, le Ministre de l’Infrastructure, des Travaux Publiques et de la Reconstruction, Pierre Lumbi, le Ministre des Mines, Martin Kabwelulu, le gouverneur de la Banque Centrale, Jean-Claude Masangu, et d’autres officiels de haut rang du gouvernement. Elle a aussi rencontré le Président du Sénat, Léon Kengo, le Président de l’Assemblée Nationale, Vital Kamerhe, ainsi que les membres des Commissions Economico-financières de deux chambres. La mission a publié cette communication ce jour à Kinshasa :
La mise en œuvre du Programme Economique du Gouvernement pour l’année 2008 jusque fin août a été satisfaisante d’une manière générale. La forte performance des recettes a facilité la réduction des emprunts auprès des banques. En outre, une politique monétaire prudente a aidé à contenir le taux d’inflation à 24 pourcent (sur glissement annuel) à la fin du mois d’août face à la terrible augmentation des prix des produits pétroliers et alimentaires. Une réelle croissance du PIE de l’ordre de 10.8% appuyée par une forte performance des activités minières, de construction et des télécommunications est attendue. Les réserves internationales ont dépassé les objectifs et le taux de change demeure stable.
Pour assurer la stabilité macroéconomique, il faudra aller de l’avant, avoir une forte discipline monétaire et une politique monétaire serrée. Les objectifs fiscaux 2008 des autorités peuvent être atteints, à condition que le gouvernement résiste aux pressions d’augmentation des dépenses pendant tout en faisant des réductions compensatoires pour faire face à toutes les dépenses imprévues. Pour ce faire, des mesures urgentes révisées relatives aux dépenses devront aider à limiter des telles dépenses aux domaines bien définis et accroître la transparence dans la gestion des finances publiques. La Banque Centrale du Congo (BCC) devra rester vigilante et éponger l’excès de liquidité en vendant les Bons de Trésor (BTrs) en vue de contenir les pressions inflationnistes et garder des taux d’intérêt positifs en termes réels.
La mission a revu le projet de budget 2009. La mission a encouragé les autorités de baser leur budget sur des hypothèses réalistes de recettes et a noté qu’une forte augmentation de la masse salariale, particulièrement lorsqu’elle coïncide avec d’importants transferts vers les provinces, pourrait indûment restreindre les ressources pour des dépenses prioritaires et poser des risques à assurer la stabilité macro-économique. La mission a aussi recommandé que la décentralisation fiscale soit mise en œuvre de manière progressive conformément au progrès réalisé dans le domaine de renforcement des capacités Institutionnelles au niveau provincial.
La mission a soutenu le double objectif du gouvernement qui consiste à accélérer le développement des infrastructures et à atteindre une remise substantielle de la dette de la part des créanciers traditionnels. Nous avons bien travaillé avec les autorités dans l’évaluation de la viabilité de la dette ainsi que les implications de l’accord de coopération Sino-congolais, quoique des éclaircissements complémentaires devront attendre que l’étude de faisabilité minière soit terminée d’ici mars 2009. La mission a prié les autorités de prendre toutes les mesures afin d’assurer que dans sa version finale, l’accord soit compatible avec la viabilité de la dette.
Les discussions continueront à Washington lors des Réunions Annuelles de la Banque Mondiale et du FMI à la mi-octobre. Une mise en œuvre satisfaisante continuelle du programme économique du gouvernement, le respect des procédures budgétaires appropriées, la promulgation d’un budget 2009 cohérent avec la stabilité macroéconomique, et la finalisation de l’accord de coopération Sino-congolais avec la viabilité de la dette seront déterminants dans la conclusion des discussions sur des nouveaux arrangements sous le programme du FMI visant à Faciliter la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRPC) et à atteindre le point d’achèvement de l’Initiative PPTE.
La mission aimerait remercier les autorités pour leur accueil chaleureux et l’excellente collaboration lors de la visite.