La bataille pour la conquête de la Primature a atteint son paroxysme. Parmi les critères de sélection du prochain Premier ministre, on dit que l’élément géopolitique devait jouer un rôle important à côté des critères de compétence, efficacité et de probité morale. Au Centre, des noms circulent comme Mabi Mulumba, André-Philippe Futa et, dans le cas d’une ouverture, François Mwamba. Au Palu, Muzito est de plus en plus cité.
Qui va succéder à la béquille Antoine Gizenga au poste de Premier ministre ? C’est la question qui préoccupe les politiciens congolais. Depuis sa démission ou son éviction, c’est selon, les prétendants à la Primature multiplient des réunions dans des salons cossus de la haute ville. On suppute. Parfois, on a tendance à oublier par quel mécanisme la désignation du Premier ministre devait s’effectuer. La Constitution est sans lacune là-dessus. Il est dit que la majorité désigne le Premier ministre et le Président de la République le nomme. C’est ainsi qu’en dehors de l’appartenance à la famille politique de Joseph Kabila, des voix s’élèvent pour que le critère sacro-saint de géopolitique soit pris en compte. Les gens du Centre du pays affirment que le Sud est représenté au sommet de l’Etat par le Président Kabila. Vital Kamerhe représente l’Est à l’Assemblée nationale et Kengo pour l’Ouest au Sénat. Comme quoi depuis la transition née de l’Accord global et inclusif de Sun City, le Centre est marginalisé. Il y a une évolution. Désormais, les politiciens voudraient se regrouper en quatre blocs sous-régionaux : l’Est, l’Ouest, le Sud et le Centre. Ainsi, de deux blocs sortis des urnes, on en arrive à quatre. A l’élément géopolitique, on ajoute le profil individuel, l’expérience de la fonction et l’expertise nécessaire. Quelqu’un a souligné que la session parlementaire en cours est budgétaire. Par conséquent, il faudrait un homme d’Etat qui s’y connaît. Un homme capable de briser l’immobilisme dont on a souvent accusé, à tort ou à raison, Antoine Gizenga. Le prochain Premier ministre devait disposer des aptitudes dans la mobilisation de la population. L’idée, c’est d’obtenir l’adhésion très large des Congolais au programme du Gouvernement. Pour ce faire, il faudrait un politicien passé maître dans l’art de communiquer et d’établir des contacts humains. Le fameux oiseau rare que l’on recherche doit avoir la maîtrise des dossiers chauds du pays : contrats chinois, contrats miniers léonins, contrats forestiers, les réticences du FMI et de la Banque mondiale à conclure un programme avec l’exécutif congolais, la guerre à l’Est, la grogne sociale à Kinshasa, etc.
Les hommes
Le Centre voudrait se faire représenter par le sénateur Evariste Mabi Mulumba, ancien Premier commissaire d’Etat de Mobutu et ex-patron de la Cour des comptes. Mabi, dit-on, est un intellectuel de haute facture, professeur d’université, etc. Ses supporters pensent qu’il a des atouts à faire valoir. Certains analystes affirment que si Mabi Mulumba avait été opposé à Kengo, en lieu et place de She Okitundu, il serait président du Sénat. André-Philippe Futa, actuel ministre de l’Economie nationale, a fait ses armes au sein de la BAD. Dans le cas d’une main tendue à l’opposition, le nom de François Mwamba (Mlc) est avancé dans certaines officines.
Le Palu tient bon
Puisque l’accord AMP- Palu- Udemo n’a pas encore été résilié, les partisans du patriarche démissionnaire croient toujours que le poste de Premier ministre leur revient de droit. Adolphe Muzito, ministre du Budget, devancerait ses concurrents. Il a la maîtrise des dossiers et est parmi les ministres les plus actifs de l’équipe sortante. Worf Kimasi, Adga de l’OCC, est aussi bien parti. Sans oublier le Secrétaire général du Palu, Mayele, qui a le contrôle direct de la base radicale du parti.
Le PPRD veut s’assumer
Moïse Katumbi pour son portefeuille et Vital Kamerhe pour son sens développé de contacts sont cités comme candidats.
L’Ouest toujours demandeur
Dans l’hypothèse où le Président Kabila décidait unilatéralement de mettre fin à l’accord qui lie l’AMP au Palu et à l’Udemo, Olivier Kamitatu, ministre du Plan très bien introduit dans des cercles politiques belges, est annoncé. Jeannine Mabunda, Léon Kengo et José Makila ne passent pas inaperçus.
La guerre de succession est bien lancée. L’homme de la rue ne comprend plus rien.