Joseph Kabila et son Cabinet se sont installés au Palais du peuple. Hier mercredi 1er octobre 2008, il a reçu tour à tour Léon Kengo (Président du Sénat) et Vital Kamerhe (Président de l’Assemblée nationale). L’arrivée de Kabila à l’hémicycle intervient un jour après l’agitation de quelques députés de l’AMP autour de Bahati qui voulaient statuer, sans succès, sur la nouvelle mouture gouvernementale. Le Président cherche à reprendre la main.
Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, il y a 7 ans environ, Joseph Kabila a délocalisé momentanément ses services au Palais du peuple. La descente du Président de la République, qui intervient dans un contexte dominé par la bataille de succession du Premier ministre démissionnaire Antoine Gizenga, a alimenté les discussions dans les rues animées de la ville de Kinshasa. Dans la soirée de mercredi, beaucoup étaient en train de se demander si Joseph Kabila n’est pas allé à l’hémicycle pour ressouder sa majorité plus que divisée depuis la démission déposée et acceptée de Gizenga Antoine. Dans la famille politique de Kabila, tout le monde veut devenir Premier ministre, à défaut ministre. Même des personnages dangereux épinglés dans différents rapports sur le pillage des ressources naturelles du Congo ont bu leur honte. Pourvu que l’on soit membre de l’AMP, on se croit digne d’administrer aux Congolais de leçons de bonne gouvernance. Le Président de la République veut s’assumer. Pas question de céder au clientélisme. Pour ce faire, le Président a réellement besoin d’avoir des mains libres. Travailler au Palais du peuple présente plusieurs avantages. Kabila peut rencontrer n’importe quel député ou sénateur. A ne pas oublier que l’AMP a fait publier, récemment, dans la presse un communiqué selon lequel ne seront désormais membres du Gouvernement que ceux qui ont été, à un moment ou à un autre, élus. Comme pour ne pas faciliter au Chef de l’Etat la tâche, certains caciques de l’AMP militent activement pour la révision des Accords du Grand Hôtel Kinshasa conclus entre Kabila (AMP), Gizenga (Palu) et Nzanga Mobutu (Udemo). Rompre cette alliance électorale et gouvernementale est perçu dans certains milieux comme un casus belli. Quand bien même au Palu où la tendance majoritaire et radicale tient au strict respect de l’esprit et de la lettre des Accords du Grand Hôtel Kinshasa, des voix s’élèvent pour rappeler que les vieilles amitiés conscientes et inconscientes entre les Kabila et Gizenga sont plus fortes et pourraient résister au séisme annoncé dans le microcosme politique congolais. Il y a une attitude positive au Palu où un haut cadre du parti, pressenti Premier ministre, estime que les liens qui unissent Kabila à Gizenga sont décennaux. Depuis la longue et difficile lutte pour la conquête de l’indépendance du pays. Il semble que le pouvoir kabiliste est d’une essence nationaliste dans la suite logique du lumumbisme. Gizenga revendique toujours le statut de dépositaire des idéaux lumumbistes. C’est ainsi, souligne-t-on, que quand l’Udps a concentré tout son combat dans la diabolisation du processus électoral, le Palu, de son côté, n’a fait qu’apporter son soutien dévoilé. S’exposant très ouvertement à la colère des extrémistes de l’Udps qui n’hésitaient pas, par moment, à s’attaquer au siège même du ‘‘gizengisme’’. Commentaire d’un politicien, le mariage entre Kabila et le Palu survivra aussi longtemps que les deux parties défendront les mêmes principes. Mais qui deviendra le prochain formateur ? La question reste posée du moment que le Président ne l’a pas encore nommé. Le suspense sera peut-être levé après que Kabila ait fini de battre le rappel de ses troupes au Palais du peuple.