L’heure était grave hier en fin d’après-midi au siège du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). Le quartier général du parti présidentiel a accueilli tout ce qu’il compte de cadres, non seulement de ses structures nationales, mais surtout les députés et sénateurs ainsi que d’autres mandataires publics et même des membres du gouvernement. Tous répondaient, en fait, à l’invitation leur lancée par le Secrétaire général du Parti, Evariste Boshab, pour examiner ensemble la situation de tension qui est subitement montée à travers le pays à la suite de l’annonce de l’entrée des troupes rwandaises au Nord Kivu dans le cadre de l’opération de traque des FDLR suivant l’accord passé début décembre dernier entre la RDC et le Rwanda. La tension, particulièrement au niveau des cadres, se justifiait par le fait qu’en lieu et place de quelques officiers rwandais de renseignements qui devaient participer comme observateurs à cette opération, ce sont des colonnes entières de militaires rwandais que les médias occidentaux ont montrés entrant sur le territoire congolais.
Dans la foulée, une certaine tension couvait autour de l’intervention, le même mercredi, de Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée nationale, sur les médias. Profitant de la réunion extraordinaire de concertation convoquée par le Secrétaire général du PPRD sur la situation qui prévaut à l’Est, Vital Kamerhe a voulu tirer la question au clair et préciser sa pensée. Selon ses propres dires et suivant l’introduction faite à ce sujet par Boshab, il lui aurait été reproché de s’être, dans ses déclarations, désolidarisé de l’action gouvernementale et d’avoir trahi le devoir de cohésion et de solidarité.
Après avoir fait réécouter à l’assistance son interview accordée à Radio Okapi et dont le contenu est en contradiction avec les reproches qui lui ont été faites, Vital Kamerhe a rassuré ses pairs du parti de sa fidélité, sa loyauté et son indéfectible attachement aux visions du parti et à l’action de son initiateur. « Je ne serai jamais un Ngbanda qui, après avoir servi Mobutu, a trahi sa mémoire en publiant un livre contre lui », a-t-il confié en substance. Après avoir rappelé qu’il avait pris le temps préalable de consulter la haute hiérarchie sur ce qui se préparait et était surpris de suivre, comme tout le monde, l’entrée des troupes rwandaises contrairement aux informations qui lui avaient été fournies, il a convié chacune et chacun à cultiver l’esprit de vérité, d’amour mutuel et de cohésion. Kamerhe s’est félicité, par ailleurs, de l’identité de vues qui s’est dégagée de ses propos à la presse et des différentes interventions des membres du parti.
Faisant la synthèse de toutes ces interventions, le Secrétaire général Boshab a remercié ses camarades membres du parti pour leurs apports en informations et en suggestions. Il leur a garanti d’élaborer un document ad hoc à soumettre, toutes affaires cessantes, à l’appréciation du Gouvernement pour dispositions utiles.
Boshab s’est donc engagé à signifier au gouvernement le désappointement des élus du peuple devant le fait accompli et à recommander la mise en place de mesures efficaces d’encadrement de l’opération pour épargner les populations d’éventuels débordements et dans le but d’apaiser les inquiétudes de la population. Pour ce faire, il a retenu la recommandation de déléguer des missions de députés, préalablement informés, auprès de la base pour apporter tous les apaisements nécessaires.
Tout en s’engageant aussi à mettre sur pied une commissions spéciale chargée d’approfondir la question, il a terminé par inviter ses collègues à assumer la situation et soutenir l’action du Gouvernement. Dans cet ordre d’idées, il leur a demandé de faire confiance au Chef de l’Etat, initiateur du parti et commandant suprême des forces armées qui, par le passé, a su démontrer la justesse de ses initiatives pour la paix.