Quelle réponse va-t-il réserver à la pétition tendant à obtenir la convocation, toutes affaires cessantes, d’une session extraordinaire de l’Assemblée Nationale, sur la délicate question de la présence des troupes rwandaises à l’Est de la RD. Congo ? Quelle attitude va-t-il avoir vis-à-vis de sa propre famille politique, l’Alliance de la Majorité Présidentielle, qui lui reproche de manque de loyauté ?
L’homme est désormais sous deux feux. Il est exposé à tous les coups croisés.
262 Députés Nationaux auraient déjà apposé leur signature au bas de la pétition qui circulait au Palais du Peuple en vue de la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée Nationale.
Depuis hier, en effet, la liste et le courrier sont prêts. Les pétitionnaires n’attendent que le retour de Vital Kamerhe à Kinshasa, pour les lui transmettre, en mains propres. Leur souci, dans cette démarche, serait d’obtenir un minimum d’explications sur les raisons qui ont fondé le gouvernement de la République à autoriser l’entrée des troupes rwandaises à l’Est du territoire national.
Ces Députés veulent, au fait, se saisir de l’occasion que devrait leur offrir Vital Kamerhe, pour fustiger, en réalité, le déficit de communication qui régnerait entre les institutions même lorsqu’il s’agit de prendre des décisions qui engagent le pays, pour plusieurs générations.
En soi, l’esprit de ces pétitionnaires est fortifié par les dispositions de l’article 56 du Règlement Intérieur de la chambre basse. La majorité de 250 plus 1 signatures étant dépassées, Vital Kamerhe aurait du mal à contrarier cette requête. D’autant qu’il serait en porte à faux contre cette majorité presque absolue des Députés. Va-t-il, par contre, y accéder, pour mettre sur la place publique ce que Joseph Kabila, le Chef de l’Etat a appelé, lors de sa conférence de presse du samedi 31 janvier dernier, « accord militaire, accord secret » ? Ou bien, il trouvera d’autres motivations, pour renvoyer les pétitionnaires à la session ordinaire dont la rentrée est normalement fixée au 15 mars prochain ? Des questions affluent sur le choix que ferait le Président de l’Assemblée Nationale. De son actuel séjour aux Etats-Unis d’Amérique, loin de l’Afrique et du Congo, l’homme happe le vent. Il sait pertinemment bien ce qu’il attend, à son retour au pays. Peu avant qu’il ne quitte Kinshasa, il y a environ une semaine, une forte rumeur le donnait pour démissionnaire. Il semble qu’il aurait même subi des pressions, en ce sens. Et qu’un certain nombre de caciques du régime Kabila verraient, dans ses prestations, une teinture d’un homme manifestement prêt à voler de ses propres ailes, sur l’agora politique. Des attitudes qui ne trompent pas, souligne-t-on, lorsqu’on juge certaines de ses déclarations tonitruantes dans Jeune Afrique et sur Radio Okapi, en des temps relativement séparés. Ses visées, si légitimes soient-elles, seraient passées au prisme des intérêts du groupe sans toutefois chercher à l’immoler, tout de suite.
Pris dans cet étau, la convocation de cette session extraordinaire serait perçue, au groupe, comme un acte de haute trahison ; comme une désinvolture envers la famille politique. Entre les deux positions diamétralement opposées, Kamerhe dispose de peu de marge de manœuvre.
D’aucuns pensent qu’il ne perdrait rien, s’il prorogeait son voyage à l’étranger. Ainsi, l’objet de la pétition devrait-il figurer, en priorité, à l’ordre du jour de la prochaine session ordinaire, à la mi-mars.