L’homme aurait tendance à maintenir sa « vitalité » sur l’agora politique, même lorsqu’il est loin de la terre de ses ancêtres. Alors qu’il est attendu de pied ferme à Kinshasa, par les Députés pétitionnaires qui exigent une session extraordinaire, Kamerhe continue à séjourner au pays de l’Oncle Sam. Traits tirés sur les visages, les pétitionnaires se mordent les doigts. Les jours deviennent longs, voire très longs. Et l’inquiétude, pendant ce temps, hante les esprits. Kamerhe aurait-il choisi l’usure du temps, pour essouffler les pétitionnaires ? Toute la question est là. Elle est sur toutes les langues, au Palais du Peuple où la majorité des Députés l’attendent, à coup sûr. Franchement, le ciel politique congolais est en ébullition suite à l’entrée des troupes étrangères sur le territoire congolais. L’une des manifestations éloquentes de cet état est la déclaration politique signée Emery Okundji, un des Honorables Députés pétitionnaires, qui annonce ses couleurs. Une déclaration publiée lundi 16 février dernier et qui fait mention quelque part de la volonté affichée des pétitionnaires de transmettre, à Vital Kamerhe, en mains propres, le courrier déjà prêt, dès qu’il est de retour à Kinshasa, la capitale. « Lui remettre en mains propres », c’est quand même une petite connotée ; une phrase assassine, parce qu’elle serait révélatrice d’un climat malsain qui peut occasionner la chute de certaines têtes dont celle de Vital Kamerhe qui, en ce moment, réfléchi sur l’opportunité ou non de faire droit à la pétition. Pendant que les autres se débattent pour faire aboutir leur action, l’intéressé, lui, continue à séjourner aux Etats-Unis d’Amérique depuis le 4 février dernier. En vacances parlementaires, il s’y serait rendu pour participer à un déjeuner de prière et ce, en dépit, de quelques accrocs qu’il a connus au sein de sa famille politique, peu avant son départ pour le pays de Barack Obama. D’ailleurs, certaines indiscrétions ont laissé entendre qu’on lui aurait demandé de démissionner parce que s’étant mis en porte-à-faux contre son chef, le Président de la République, dans une de ses tonitruantes déclarations à la radio onusienne. L’épée de Damoclès Ainsi, en homme avisé, Kamerhe sait bien que sa tête est mise à prix par certains faucons de l’AMP qui ne cessent de lui jeter des peaux des bananes sur son parcours. Et son retour dans les circonstances actuelles peut faire l’affaire de ces derniers. Question. Kamerhe viendra, viendra pas ? Certains analystes estiment que si jamais Kamerhe ose retourner au pays avant le 15 mars prochain, il sera contraint de convoquer la session extraordinaire de l’Assemblée nationale. Ici, deux hypothèses plausibles sont envisageables. Il convoque la session extraordinaire et il est honni par sa famille politique ou il s’abstient et là les Députés crient à la trahison et lui règle l’affaire par une motion de défiance. Autant dire que dans l’un ou l‘autre cas, il voit suspendre sur sa tête l’épée de Damoclès. Situation délétère sur terrain Pendant que la cacophonie persiste encore quant à la convocation ou pas de la session extraordinaire, l’on enregistre sur le terrain un autre développement. D’abord, il y a le Parlement rwandais qui a levé l’option de prolonger la mission de leurs troupes au Congo pour une durée qui reste encore non connue. Pour Kinshasa, cette option reste inconnue. Lambert Mende, Ministre congolais de la Communication et des Médias, a soutenu, au cours d’une conférence de presse que le Gouvernement congolais n’est pas saisi de cette question. Or, comme par contagion, l’on apprend de sources dignes de foi que l’Ouganda s’est prononcé aussi dans le même sens que le Rwanda et ce, en dépit de la déclaration de Charles Mwando Nsimba, Ministre congolais de la Défense, qui a estimé, au seuil de sa tournée en Province Orientale, que la LRA désagrégé, toutes les forces étrangères peuvent déjà envisager leur retour. Des inquiétudes Les Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, Cenco, précédés en cela par certaines formations politiques comme le Parti Travailliste de Steve Mbikayi (P.T), le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de J.P. Bemba, l’Union Pour la République de Mme Odette Babandoa (UPR) ont déjà exprimé leurs inquiétudes non seulement s’agissant de la présence nombreuse des troupes étrangères, mais aussi de l’issue de toutes ces opérations au Nord-Kivu et en Province Orientale. Avec la prolongation de la mission sollicitée par les deux pays, les inquiétudes deviennent de plus en plus persistantes. Qu’adviendra-t-il si jamais Kinshasa s’opposait à cette alternative ? Serait-on amené à utiliser la force pour les bouter hors du territoire ? A chacun de réfléchir.