En tout cas jusque maintenant son cabinet reste catégorique. Le président de l'Assemblée nationale ne va pas rendre le tablier, et cela pour trois raisons. Ses partisans estiment que Kamerhe va rester légaliste et veut à tout prix sauver la jeune démocratie congolaise. Selon toujours son cabinet, Kamerhe a été élu par la plénière de l’Assemblée nationale et donc par les députés et non par son parti politique.
Pour preuve, Vital Kamerhe a reçu 400 voix sur 430 votants, alors que le PPRD, son parti, ne dispose que de 111 députés à l’Assemblée nationale. Ceci nous rappelle qu’au Sénat où Shé Okitundu, candidat du PPRD-AMP, bien que majoritaire dans la chambre haute, a été battu par Kengo Wa Dondo, indépendant et candidat de l’opposition. Pour les proches de Kamerhe, si démission il peut y avoir, ils affirment qu’il le fera à la seule plénière de l’assemblée nationale qui l’a élu.
Que reproche-t-on à Vital Kamerhe ?
Selon certains indices, il y a tout d’abord son intervention du 21 janvier sur Radio Okapi où il avait déclaré ne pas être informé de l’entrée des troupes rwandaises en RDC. Mais d’après d’autres sources, il y a aussi et surtout les résolutions de l’Assemblée nationale, datant du 14 janvier qui avaient créé des commissions parlementaires devant procéder aux contrôles sur la gestion de différentes institutions de l’Etat. Notamment le gouvernement, l’armée, la police, les services de sécurité, les secteurs des mines et hydrocarbures, les gouvernements provinciaux ainsi que les entreprises publiques. Or, en cette matière, on le sait, les Romains s’empoignèrent. Les partisans de Kamerhe, dont des députés, pensent que le départ du président de l’assemblée viserait également à étouffer l’exécution de ces résolutions.
Peut-on parler d’une crise au sommet de l’Etat ?
Ça parait évident au vu de ce qui se passe. Ce qui est vraisemblable, ce que le divorce est consommé entre Joseph Kabila et Vital Kamerhe. Les observateurs politiques n’hésitent pas à comparer la crise actuelle avec celle de 1960 entre Kasa-Vubu et son premier Lumumba et entre Kasa Vubu et Tshombé, avec les conséquences politiques que nous connaissons. Toutefois, connaissant les liens politiques et mêmes extrapolitiques liant les deux personnalités, il n’est pas exclu que les violons s’accordent de nouveau. Il faut signaler le rôle de la Communauté internationale dans ce dossier.
En effet, quelques diplomates tentent de rapprocher les deux hommes afin, disent-ils, de sauver la démocratie.
Le ballet diplomatique est signalé si pas enregistré. Lundi, c’était Jean Ping, le président de l’Union Africaine. Le week-end, ce sera Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU et plus tard le président français Nicolas Sarkozy. Toutes ces personnalités pourront, peut-être, aider à rapprocher les vues. Mais, d’ici là, tout est possible.
Morosité et tristesse à l'Assemblée nationale
La démission de quelques membres du bureau de l’Assemblée nationale est à la base du malaise qui prévaut actuellement dans les installations de la chambre basse du parlement. Selon le secrétariat du bureau du président de l’Assemblée nationale, deux membres du bureau, en l’occurrence Christophe Lutundula et Brigitte Kalaba, respectivement 1er vice-président et questeur adjointe ont déposé leur démission au secrétariat du président de l'Assemblée nationale. Toujours selon la même source, par après, Christophe Lutundula a, à nouveau, retiré sa lettre de démission. Tout s'est passé dans une ambiance de tristesse affichée par le personnel administratif du parlement.
« Au revoir ex-collègue. Ah non, moi je ne pars pas ». Ces mots sont prononcés par le personnel d'appoint des membres du bureau de l’Assemblée nationale, non pas avec joie, mais avec mélancolie. Quelques bureaux fermés. Certains meubles et matériels didactiques pour les bureaux dehors laissent à penser à quelqu’un qui déménage. Tout le charroi automobile est immobilisé dans l’enceinte du Palais du peuple. Le silence ressemble à celui du cimetière. L’ambiance est inhabituelle. Pourquoi alors ?
La réponse à travers ces réactions de quelques travailleuses des cabinets de l’Assemblée : « Le président de la République demande aux membres du bureau de démissionner. Ça ne se passe pas comme ça. C’est anti-constitutionnel »
Un analyste politique rencontré dans les couloirs du Palais du peuple
critique le vice de procédure. Il dénonce la tentative de déstabilisation de l’Assemblée nationale. Dieudonné Tombe explique : « Il y a une tentative de déstabilisation du bureau qui est partie d’un malaise au sein de l’AMP. Aujourd’hui, si on veut se débarrasser de Vital Kamhere, je crois qu’on peut, qu’au niveau de la forme, soigner beaucoup de choses. Et la forme ne paraît pas être respectée »
Selon un haut cadre du PPRD rencontré au siège du parti présidentiel, la procédure de destitution de Vital Kamerhe est en train d’être peaufinée. La crise s’est accentuée au lendemain du retour du président de l'Assemblée nationale et pendant que les députés pétitionnaires attendent de remettre leur pétition à Vital Kamhere.