Christophe Lutundula et Brigitte Kalama ont remis leur démission hier
La crise au sein de l'Alliance pour la majorité présidentielle a atteint le point de non retour. Hier mardi 24 février 2009, dans la matinée, le vice-président de l'Assemblée nationale Christophe Lutundula et la questeur adjointe Brigitte Kalama ont présenté leur démission au bureau du secrétariat de l'Assemblée nationale. Des sources concordantes annonçaient quelques heures après que le président de l'Assemblée national Vital Kamerhe allait à son tour présenter sa démission. La tension a monté d'un cran au Palais du peuple. Que non !
Réagissant à ces rumeurs, le cabinet du président de l'Assemblée nationale a fait, dans la soirée, une déclaration dans laquelle il indiquait que Vital Kamerhe n'allait pas démissionner de son poste de président de l'Assemblée nationale. " Le président Vital Kamerhe reste à la tête du Bureau de l'Assemblée nationale. Il va y rester dans le but de sauver la jeune démocratie congolaise. En outre, Vital Kamerhe a été élu par la plénière de l'Assemblée nationale et non par l'Alliance pour la majorité présidentielle qui lui demande aujourd'hui de démissionner ", a déclaré à L'Observateur un membre du cabinet du président de l'Assemblée nationale.
La rupture
Un membre de l'AMP a vivement critiqué l'attitude de ses collègues de l'AMP qui ont provoqué une crise aux conséquences incalculables pour l'avenir de cette plate-forme politique.
Le dimanche 23 février 2009, les membres de l'AMP réunis loin de la capitale ont demandé à tous leurs collègues présents au bureau de l'Assemblée nationale de démissionner " L'AMP a décidé de retirer sa confiance aux membres qu'il a soutenu au bureau du Parlement. Par conséquent, M. Vital Kamerhe doit démissionner de son poste du président du bureau ". a déclaré Me Mbuyu du PPRD, le parti présidentiel à la radio Okapi.
A la question relative aux faits reprochés à Vital Kamerhe, Me Mbuyu affirme ne rien savoir. " Je ne sais pas exactement ce que l'AMP reproche à M. Kamerhe, Mais toutefois il doit démissionner " a-t-il affirmé sur un ton hésitant. Cependant, selon les membres de l'opposition contactés par L'Observateur, les membres de l'AMP mènent une campagne de diabolisation contre Kamerhe du fait qu'ils estiment qu'il n'est pus loyal vis-à-vis du chef de l'Etat Joseph Kabila. Deuxièmement, affirment-ils, il est reproché à Vital Kamerhe de faire de la tribune de l'Assemblée nationale une tribune de l'opposition. " On reproche à Kamerhe d'être trop proche de l'opposition ce qui n'est pas vrai. L'opposition peut dès lors comprendre que l'AMP fait de la pensée inique son cheval de bataille " a déclaré Thomas Luhaka du Mouvement de libération du Congo.
A la lumière de ces faits, force est de constater que la démission en bloc du bureau de l'Assemblée nationale va provoquer une crise institutionnelle qui risque de faire vaciller la fragile démocratie de la RDC.
Cette crise révèle également le manque de maturité politique, l'absence du dialogue et l'intolérance au sein de l'Alliance pour la majorité présidentielle qui aujourd'hui est en train de voler en éclats par la faute de ces principaux animateurs.
De l'avis de plusieurs observateurs, la Présidence de la République et le président de l'Assemblée nationale doivent mettre de côté leurs divergences de vues. Car, il importe de souligner que démissionner pour Vital Kamerhe équivaudrait à renier son frère joseph Kabila et le peuple congolais. Bien plus, en cas de la démission de Vital Kamerhe, c'est l'autorité de la plénière qui doit prendre acte de cette décision. Par conséquent, on fera recours à la plénière qui doit encore être présidée par le même Vital Kamerhe et les membres de son bureau. En d'autres termes, on reviendrait à la case de départ.
Dans cette crise, personne n'a intérêt à oublier d'où l'on vient. Il ne faut pas que cette crise fasse le lit des adversaires de Kabila père et fils. Parce que cela équivaudrait à fragiliser tout ce qui a été fait depuis la fin du mobutisme. L'entourage du chef de l'Etat et Vital Kamerhe lui-même doivent veuillez à ce que rien ne soit fait qui soit de nature à redonner le pouvoir à ceux qui avaient fui hier encore le pays. A Kamerhe de chercher à harmoniser correctement ses points de vue avec le président et à ce dernier de fermer résolument les oreilles aux cris de guerre contre Kamerhe que lancent nombre de ses collaborateurs. Pas toujours fidèles et toujours en quête de repositionnement politique.
Luc-Roger Mbala Bemba