La présence remarquée du président de l’Assemblée nationale ainsi que d’autres leaders de l’Alliance de la majorité présidentielle apparaît un signe qui ne trompe pas de chance d’apaisement de la tempête soulevée autour des démissions en cascade au bureau de l’Assemblée nationale
S’achemine-t-on vers l’apaisement de la crise qui paralyse le bureau de l’assemblée nationale? On serait tenté de l’affirmer avec l’initiative en cours au plus haut sommet de l’Etat. En effet, selon diverses sources, le président de l’assemblée nationale, Vital Kamerhe, a rejoint mercredi dernier la ville de Beni où séjourne le Chef de Etat, Joseph Kabila.
On rapporte qu’il était accompagné dans ce déplacement du directeur de cabinet de la présidence de la République, le Pr. Lumanu Mulenda Bwana Sefu. Quelques membres de la direction politique de l’Amp ont également fait le déplacement vers Beni jeudi, ce qui annonce une grande concertation des responsables de cette famille politique autour du chef de l’Etat. En mission au Katanga, le secrétaire exécutif de l’Amp, M. Koyagialo Ngbasete Geremgbo a, lui aussi, été rappelé pour prendre part à cette grande messe politique.
S’il est hasardeux de supputer sur les conclusions de cette rencontre tant souhaitée, tout indique qu’elle devrait examiner les différents contours de la situation qui prévaut actuellement à l’assemblée nationale. On sait que cinq des sept membres du bureau de la chambre basse ont rendu le tablier la semaine dernière, sous la pression de l’Amp. A dix jours de la rentrée parlementaire, ces démissions en cascade « avec effet immédiat », selon la formule de l’Amp, laissaient présager une session parlementaire des plus agitées.
En effet, décapité de la majorité de ses membres, la survie de l’actuel bureau devenait hypothétique devant la pression chaque jour plus forte de la coalition majoritaire. L’opinion se perdait ainsi en conjecture sur la démission ou non de Vital Kamerhe avant le 15 mars, sur la personne qui présiderait la Séance d’ouverture de cette session parlementaire (Vital Kamerhe ou le secrétaire général de l’assemblée nationale, selon l’Amp) mais aussi sur la rédaction des députés face à ces démissions présentées à l’Amp plutôt que devant la plénière de la chambre basse, seule compétente en la matière.
Les plus pessimistes en sont même arrivés à craindre une éventuelle dissolution de l’assemblée nationale comme ultime solution à cette crise où l’Amp est apparue comme un véritable Parti-Etat en plein processus démocratique. Il faut espérer que l’ensemble de ces questions trouveront de réponses au cours de cette réunion.
Rentré au pays le 22 février dernier, après quelques jours de vacances en Afrique du Sud, Vital Kamerhe avait rencontré une première fois le chef de l’Etat la semaine dernière à Kinshasa. Selon des sources, ils devaient encore se retrouver pour examiner les voies et moyens susceptibles de dénouer cette crise politique. L’annonce, mercredi dernier, du déplacement de Vital Kamerhe à Beni pour rencontrer le chef de l’Etat a suscité beaucoup d’espoirs dans la classe politique.
Il faut dire, en effet, que la démission éventuelle du président de l’assemblée nationale faisait planer beaucoup d’incertitudes quant à la cohésion au sein du Pprd et de l’Amp. Le même doute subsistait aussi sur la possibilité pour l’Amp de parvenir à sa destitution par ses collègues par un vote au bulletin secret.
Les députés de la majorité, on le sait, ne tiennent pas toujours compte des consignes de vote données par cette plateforme. Ils ont eu a le démontrer notamment lors de l’élection des membres du bureau de la chambre haute. Les sénateurs Amp, majoritaires, avaient plébiscité, à la surprise générale, M. Léon Kengo wa Dondo contre le candidat du parti, She Okitundu. Beaucoup redoutaient ainsi un vote-sanction contre l’Amp en cas d’une tentative de destitution de Vital Kamerhe dans des conditions politiques aussi controversées.
Devant cette impasse, de nombreuses voix au sein de la famille kabiliste recommandaient ces derniers jours l’apaisement. On l’a décelé notamment dans l’attitude des responsables du Pprd face à l’ultimatum de l’Amp qui avait sommé l’Udemo et le parti présidentiel de clarifier leur position sur ce dossier ultrasensible des démissions des membres du bureau de l’assemblée nationale ?
Il faut espérer que l’appel à la raison et au dialogue lances par le comité permanent des évêques catholiques, un collectif des Ong des droits de l’homme, les étudiants de Kinshasa et le Comité des églises de réveil sera entendu par les décideurs politiques de l’Amp réunis à Beni.