Honorable Président du Sénat ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême de Justice ;
Monsieur le Procureur Général de la République ;
Honorables Membres des Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat ;
Messieurs les Vice-Premiers Ministres ;
Honorables Députés et Sénateurs, Chers Collègues ;
Mesdames et Messieurs les Ministres et Vice-Ministres ;
Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques ;
Excellences Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;
Messeigneurs et Chefs spirituels des Confessions religieuses et des Eglises de réveil ;
Monsieur le Gouverneur de la Ville de Kinshasa ;
Monsieur le Bourgmestre de la Commune de Lingwala ;
Mesdames et Messieurs, Distingués invités,
C’est pour moi un honneur et un réel plaisir de procéder ce matin à l’ouverture solennelle de la Session ordinaire de mars 2009 de l’Assemblée nationale.
Je voudrais, à cette occasion, rendre d’abord grâce à Dieu qui est le Maître des temps et des circonstances.
Je remercie ensuite nos invités qui ont sacrifié un peu de leur temps précieux pour rehausser de leur présence cette cérémonie officielle et solennelle prévue par les articles 115 de la Constitution et 55 du Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale.
Enfin, je souhaite la bienvenue aux Honorables Sénateurs et Députés, nos Chers Collègues qui reviennent de leurs vacances parlementaires.
Honorables Députés et Chers Collègues,
L’article 113 de notre Règlement intérieur nous impose à la fin des vacances parlementaires, de dresser, conformément au canevas établi par le Bureau de l’Assemblée nationale et de déposer auprès de ce dernier, un rapport sur la vie politique, administrative, économique, sociale et culturelle de l’entité dans laquelle nous avons passé les vacances parlementaires.
Je sais que pour des raisons évidentes, beaucoup d’entre nous n’ont pas pu atteindre leurs circonscriptions électorales. Le Bureau sera indulgent à leur égard.
Mais pour les autres, le Bureau attend, dès à présent, le rapport d’un chacun d’eux, afin qu’il en fasse la synthèse qu’il soumettra à l’adoption de la plénière, avant sa transmission au Gouvernement de la République pour dispositions utiles.
Ce n’est pas en vain que j’ai rendu grâce tout à l’heure à Dieu, car il fait répandre sa miséricorde et ses bénédictions sur nous tous, en nous renouvelant son souffle de vie et en permettant la réalisation du rendez-vous de ce jour.
Honorable Président du Sénat ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême de Justice ;
Monsieur le Procureur Général de la République ;
Honorables Membres des Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat ;
Messieurs les Vice-Premiers Ministres ;
Honorables Députés et Sénateurs, Chers Collègues ;
Mesdames et Messieurs les Ministres et Vice-Ministres ;
Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques ;
Excellences Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;
Messeigneurs et Chefs spirituels des Confessions religieuses et des Eglises de réveil ;
Monsieur le Gouverneur de la Ville de Kinshasa ;
Monsieur le Bourgmestre de la Commune de Lingwala ;
Mesdames et Messieurs, Distingués invités,
Qu’il me soit permis, dans le cadre de ce discours de vous brosser, en un premier point, le bilan de la Session ordinaire de septembre 2008 et de la Session Extraordinaire de décembre de la même année, en deuxième lieu, de m’appesantir, un tant soit peu, sur quelques faits saillants ayant emmaillé la période des vacances parlementaires et enfin, vous faire les perspectives et recommandations de la session qui s’ouvre aujourd’hui.
La formation du Gouvernement Muzito subséquente à la démission du Patriarche et Vénérable Gizenga Funji de ses fonctions de Premier Ministre, la procédure de son investiture après adoption de son programme d’action ainsi que le dépôt tardif du budget de l’Etat pour l’exercice 2009 expliquent le maigre bilan de la Session ordinaire de septembre 2008, au cours de laquelle notre Institution a adopté :
1. La proposition de loi portant composition, organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de l’Audio-visuel et de la communication de notre collègue, l’Honorable BOFASA DJEMA ;
2. La proposition de loi organique portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle de notre collègue, l’Honorable BULE Mohamed.
A la fin de la durée constitutionnelle de la Session ordinaire de septembre 2008, les deux Chambres n’avaient pas encore adopté, en des termes identiques, la Loi portant budget de l’Etat pour l’exercice 2009. Et comme les Députés étaient déterminés à donner au Gouvernement une loi budgétaire au plus tard le 31 décembre de l’année écoulée, de façon à commencer la nouvelle année avec un budget, la convocation de l’Assemblée en Session extraordinaire s’était donc imposée.
C’est pour cela que par ma décision n°0079/CAB/P/AN/2008 du 15 décembre 2008, j’avais convoqué l’Assemblée nationale en Session extraordinaire avec un ordre du jour précis.
Je voudrais à ce stade, réitérer mes félicitations aux Honorables Députés pour l’ab dénégation et l’assiduité au travail.
Aux termes de ces travaux et sur le plan de la production législative, notre Chambre a adopté, après les rapports des commissions mixtes paritaires avec le Sénat, les lois suivantes :
1. Loi portant protection de l’enfant ;
2. Loi portant budget de l’Etat pour l’exercice 2009.
Nous avons reçu du Sénat la Proposition de loi organique portant fixation de subdivision des territoires à l’intérieur des provinces que nous avons envoyée à la Commission Politique, Administrative et Juridique de notre Chambre pour examen et rapport à la plénière.
Au cours de cette Session extraordinaire, l’Assemblée nationale a examiné les initiatives de contrôle parlementaire prises par quelques uns de nos collègues.
Il s’agit de :
1. L’audition du Rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur le détournement de la paie complémentaire des salaires de février et mars 2008 des enseignants du Sud-Ubangi dans la Province de l’Equateur.
La plénière a décidé de transmettre ledit rapport au Procureur Général de la République et de recommander à l’Assemblée Provinciale de l’Equateur d’en tirer les conséquences qui s’imposaient.
2. L’audition du Rapport de la Cellule de réflexion sur la problématique de l’industrie et du commerce du ciment en République Démocratique du Congo à la suite de la motion de notre collègue Jean BAMANISA.
La plénière peut se réjouir ensemble avec le peuple congolais car les travaux sur le rapport de cette Cellule dirigée par le Professeur KATANGA MUKUMADI, couplé avec les mesures appropriées prises par le Ministre de l’Economie et Commerce, Philipe FUTA, ont conduit à ramener le prix du ciment dans des proportions accessibles à tout le monde. Voilà un exemple d’une collaboration Assemblée nationale et Gouvernement qui a produit des effets bénéfiques pour l’ensemble de notre population.
Nous voulons donc exhorter le Premier Ministre à appliquer les autres recommandations de cette Cellule, spécialement celles qui concernent la CINAT.
La plénière a décidé aussi de charger la même Cellule de s’intéresser à d’autres produits de base pour en améliorer le circuit de desserte ainsi que le prix de vente.
3. La poursuite de l’examen du dossier SNEL-MAG Energy et celui des passeports biométriques.
A cet égard, la plénière a pris la résolution de charger la Cour des Comptes d’en finaliser l’examen. Le moment venu, le rapport de la Cour des Comptes sera présenté à la plénière pour examen et délibérations.
4. La question d’actualité adressée au Ministre des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction par l’Honorable Jean-Pierre PASI ZAPAMBA BUKA sur la détérioration des routes sur l’ensemble du pays en général et dans la Ville de Kinshasa en particulier.
Le Ministre concerné a donné un chronogramme de début des travaux de réfection des routes à partir de fin mars 2009.
5. La question orale avec débat adressée au Ministre des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction par l’Honorable PUELA sur la signature depuis le 18 novembre 2008, d’un contrat entre la RDC par l’entremise du Ministre des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction avec l’entreprise chinoise, groupe du 7e Bureau de Chemin de Fer de Chine (CREC7) pour l’exploitation en Built-operet transfert (BOT) de la Route Nationale n°1 Kinshasa-Matadi.
Le Ministre a donné des informations utiles qui ont emporté l’adhésion de la plénière.
6. La question orale avec débat adressée au Ministre des Mines par l’Honorable Ghislain KIENGE DYASHI concernant la gestion du secteur minier face à la crise financière internationale.
La plénière a recommandé au Gouvernement par l’entremise du Ministre des Mines de procéder à la révisitation des contrats répertoriés comme posant problème et de faire rapport à l’Assemblée.
Un délai de 60 jours avait été accordé au Gouvernement pour ce faire.
7. La question orale avec débat adressée au Ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel par l’Honorable Christophe MBOSO N’KODIA PWANGA sur la correction informatisée des Examens d’Etat édition 2007-2008.
Nous avons chargé, après débats, la Commission Sociale et Culturelle de notre Chambre à laquelle devait se joindre l’auteur de la motion, et d’ailleurs à l’invitation du Ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnelle de descendre dans les services compétents de ce ministère pour se rendre compte des insuffisances réelles ou supposées de la correction informatisée des examens d’Etat.
La Commission présentera son rapport à cet effet, au cours de cette session.
8. La question orale avec débat adressée au Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire par l’Honorable Jean-Lucien BUSSA TONGBA concernant les réformes à envisager sur tous les plans en vue de la valorisation de l’Enseignement Supérieur et Universitaire dans notre pays.
Le Ministre concerné, après avoir brossé avec maitrise l’historique de l’Enseignement Supérieur et Universitaire dans notre pays et après avoir présenté les maux dont celui-ci souffrent, a dégagé les pistes des reformes envisagées dans son ministère.
La plénière en a pris acte et l’en a félicité.
9. La question orale avec débat adressée au Ministre de la Fonction Publique par l’Honorable Nicolas MODUA MOLENGOMO à propos des mises en place intempestives des Secrétaires Généraux de l’Administration publique.
Le Ministre invité à cet effet, a reconnu la pertinence de la préoccupation soulevée par l’Honorable MODUA dans sa question. Il a promis de s’y mettre afin de régulariser la situation des Secrétaires Généraux se trouvant dans leurs droits.
L’examen du dossier de validation des pouvoirs des suppléants présenté par la Commission Politique, Administrative et Juridique, a conduit la plénière à constater des infractions de faux et usage de faux dans le chef du Ministre des Affaires Sociales et Humanitaires, Barthélemy BOTWALI LENGOMO. Les débats qui s’en étaient suivis ont conduit au vote de sa mise en accusation devant le Procureur Général de la République.
Ce vote n’a pas pu atteindre le quorum de la majorité qualifiée par le Règlement Intérieur. Ce dossier a été ainsi clôturé.
Enfin, trois questions écrites ont été adressées à trois membres de l’Exécutif.
Il s’agit de :
Primo : La question écrite de l’Honorable TAKIZALA MASOSO Alexis adressée au Directeur Général des Migrations ;
Secundo : La question écrite des Honorables BULAMBO KILOSHO et JEMSI MULENGWA Jean-Kevin adressée aux Ministres de la Fonction Publique et de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel sur la situation administrative et salariale des Agents et Fonctionnaires de l’Etat et la mécanisation des écoles des territoires de Fizi et de Mwenga ;
Tertio : La question écrite de l’Honorable ANZIAMA KAMUZIBAMI adressée au Ministre de l’Energie au sujet de la non réalisation des projets financés sur le crédit PPTE, exercice 2005.
Les Ministres concernés y ont répondu et un rapport y afférent sera présenté au cours de la présente session.
Faudra-t-il vous rappeler que l’œuvre de la réforme de l’Etat est loin d’être achevée ? Il nous reste beaucoup à faire ! C’est pourquoi, je demande à tous, à commencer par moi-même, de mettre les bouchées doubles pour que les lois en rapport, notamment avec la décentralisation, la justice, les finances, les services de sécurité et les élections puissent être adoptées au cours de cette session.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Je voudrais dire à présent, un mot sur le contrôle parlementaire qui est une mission constitutionnelle importante de notre Chambre.
En effet, il vous souviendra que la plénière avait pris un bon nombre des résolutions portant création des commissions d’enquêtes parlementaires. Faute des moyens financiers, nous n’avons pas pu vous charger de ces missions de contrôle durant les vacances parlementaires comme il avait été décidé.
Sans non plus verser dans la léthargie, votre Bureau a chargé la Cour des Comptes de toutes ces missions qui, au moment où je vous parle, est à pied d’œuvre sur le terrain.
Les rapports de toutes ces missions vous seront soumis le moment venu pour examen et décisions à prendre.
Honorable Députés et Chers Collègues,
J’en arrive maintenant au chapitre des points saillants qui ont émaillé la vie politique nationale au cours de nos deux mois des vacances parlementaires.
Il vous souviendra qu’au cours de ces vacances parlementaires, deux événements et non des moindres, ont accaparé l’attention de tout le monde. Deux événements, qui ont dû surprendre nombre d’entre vous, y compris moi-même. Il s’agit, vous vous en doutez bien, de la démission en cascade des membres du Bureau de l’Assemblée nationale et de la pétition initiée par certains de nos collègues.
D’aucuns peuvent s’étonner que dans ma position de Président de l’Assemblée nationale, je ne puisse tenir informée l’opinion nationale et internationale des problèmes que connait notre institution.
Concernant la pétition initiée par l’Honorable KYAVIRO, qui a tant défrayé la chronique, je peux affirmer qu’il y a eu plus de peur que de mal. Il sied de rappeler que la pétition est un droit reconnu par la Constitution à tout député et même à tout Congolais.
Cette pétition dont certains m’attribuent la paternité, plus pour nuire à ma personne que pour établir la vérité, était, en réalité, adressée non pas au Président de la République mais au Premier Ministre, le Chef de l’Etat n’étant pas responsable devant l’Assemblée nationale.
Comme vous venez de le remarquer, c’est donc au Premier Ministre que cette pétition était adressée afin qu’il vienne expliquer aux élus du peuple ce qui s’est passé dans le Nord-Kivu. C’est un droit pour les députés d’exiger au Gouvernement des explications, dès lors que la situation du pays l’exige. Et c’est une obligation pour le Gouvernement de se soumettre à cet exercice. C’est pour vous dire que le Président de l’Assemblée nationale n’est ni à la base, ni un des auteurs de la pétition qui était adressée au Gouvernement.
L’objet de cette pétition pour peu que je m’en souvienne, visait à obtenir du Premier Ministre et des membres du Gouvernement concernés, les informations utiles en rapport avec les opérations militaires conjointes des forces armées de la RDC et du Rwanda dans le Nord-Kivu.
Puisque cette opération n’était pas la première du genre et se souvenant encore des dégâts collatéraux parmi les populations civiles consécutives aux opérations contre la LRA dans la Province Orientale, les Députés Nationaux ont voulu tout simplement savoir, sans entrer dans le secret de la défense, si cette fois, toutes les dispositions ont été prises pour la protection des populations civiles afin d’éviter une nouvelle tragédie humaine au Nord-Kivu.
Dire cela, n’est ni empiéter sur les prérogatives constitutionnelles du Gouvernement, ni chercher à s’opposer au retour de la paix dans le Nord-Kivu, au contraire, cela a toujours été notre prière et nous n’avons jamais ménagé d’effort pour le rétablissement de la paix sur l’ensemble de notre territoire.
Tout ce que nous souhaitons est que les choses se passent correctement avec l’appui et le soutien de tous, de manière à ce que le processus ainsi enclenché devienne irréversible pour le bien de tous.
Ces députés étaient dans leurs droits conformément à la Constitution et au Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale.
Cette question ne devait donc pas soulever une levée de boucliers pour le cas de notre pays, la RDC, qui a toujours été cité en Afrique comme un modèle de démocratie réussie au regard des dernières élections présidentielles, législatives nationale et provinciales.
On ne peut pas jeter le discrédit sur les députés tout simplement parce qu’ils ont exercé une prérogative qui leur est reconnue constitutionnellement, encore qu’en l’espèce, cette pétition n’a jamais été déposée à mes services.
Il est nécessaire d’insister que celle-ci n’était pas adressée au Président de la République qui, constitutionnellement, n’est pas politiquement responsable devant l’Assemblée nationale.
Le Chef de l’Etat, symbole de l’Unité nationale mérite respect et protection par nous tous. Je ne permettrais pas que son image soit ternie, ni au sein de notre Institution, ni ailleurs.
Je pense que les membres du Gouvernement de la République doivent éviter de se cacher derrière le Chef de l’Etat, qu’ils exposent inutilement, pour chercher à échapper à leur responsabilité politique devant l’Assemblée nationale. Le Chef de l’Etat n’est pas leur bouclier. Quant on les invite à l’Assemblée nationale, ils doivent savoir que c’est un exercice démocratique auquel ils doivent se soumettre et s’habituer.
J’invite donc, le Gouvernement dans son ensemble, à s’assumer et à justifier promptement sa gestion des affaires de l’Etat devant les Honorables Députés d’une part, et à éviter de mêler le Chef de l’Etat qui, pourtant, au terme de l’article 69 de la Constitution, est l’arbitre neutre chargé de veiller au bon fonctionnement des toutes les institutions.
Faut-il rappeler que notre Chambre a reçu de la Constitution les missions de légiférer, de contrôler le Gouvernement, les entreprises publiques et tous les établissements et services publics ainsi que, le cas échéant, celle de les sanctionner.
L’Assemblée nationale composée de 500 Députés élus démocratiquement entend assumer pleinement et en toute responsabilité, les missions lui dévolues par la Constitution. C’est pour cela que je félicite les Honorables Députés, qu’ils soient de la Majorité ou de l’Opposition pour leurs initiatives de contrôle parlementaire.
Le fait de détenir la majorité à l’Assemblée nationale ne dispense pas le Gouvernement du contrôle parlementaire, de même qu’il ne condamne pas les députés de la majorité au déni ou mieux au silence.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Compte tenu de ce qui précède, il s’impose à moi le devoir de vous rappeler que le mandat du Député national n’est pas impératif, conformément à l’article 101 alinéa 5 de la Constitution qui dispose que «Tout mandat impératif est nul ».
En effet, Pierre AVRIL et Jean GICQUEL dans leur ouvrage intitulé droit parlementaire, 3e édition, publié par les éditions Montchrestien, édition de 2004, enseignent en page 33 que « le terme mandat impératif doit être entendu comme un acte établissant un rapport de droit entre le mandataire et le ou les mandants, tel que le premier se trouve dans leur dépendance étroite. Cette dépendance se traduit par la révocation de l’élu qui ne se conformerait pas aux engagements qu’il a contractés ». C’est donc ce mandat impératif que notre Constitution a proscrit.
Car, ainsi qu’on peut lire dans la revue Parlement et Démocratie au vingt et unième siècle, guide des bonnes pratiques, édition de 2006 en page 41, je cite : « les parlementaires ont l’obligation individuelle de défendre les intérêts de leurs électeurs, de s’opposer aux politiques qu’ils estiment dévoyées ou nocives, même lorsqu’elles sont soutenues par leur propre parti politique».
Nous devons donc arrêter rapidement cette tendance observée ces derniers temps de l’intrusion des partis et regroupements politiques, faits privés dans le fonctionnement des Institutions de l’Etat.
Honorables Députés et Chers Collègues,
S’agissant de la démission, beaucoup de gens s’interrogent ici et là sur les raisons de ces démissions en cascade des membres du Bureau de l’Assemblée nationale ? Quelle faute collective ont-ils commise pour démissionner tous en même temps ? Qu’est-ce qui se cache derrière ces démissions qui soulèvent beaucoup d’interrogations dans l’opinion alors que tout le monde sait que chacun a été élu de façon individuelle, la démission de l’un ne devant pas entrainer celle des autres ?
Pourquoi, se demande-t-on aussi, les démissionnaires n’ont-ils pas attendu l’ouverture de la présente session pour quitter le Bureau en toute légalité ? Ont-ils quelque chose à cacher ou bien c’est dans le seul souci de les humilier ?
Le public s’interroge, aussi, pourquoi le Président de l’Assemblée nationale n’a pas lui aussi rendu le tablier ? Autrement-dit, l’opinion cherche à savoir pourquoi le Président de l’Assemblée nationale ne démissionne toujours pas alors que cela lui aurait été demandé par son parti. Des gens se demandent aussi pourquoi l’UDEMO qui est aussi membre de la coalition AMP-PALU-UDEMO a demandé à son représentant au Bureau de l’Assemblée nationale d’attendre l’ouverture de la présente session pour présenter sa démission devant la plénière ?
En ce qui me concerne en tant que Président de l’Assemblée nationale, je n’ai pas voulu m’expliquer en dehors de cet hémicycle de peur d’enfreindre moi-même la loi. Si j’avais démissionné en votre absence, j’aurais violé l’esprit et la lettre de la Constitution, j’aurais abusé de votre confiance vous tous qui m’aviez élu, et j’aurais en même temps bafoué les règles qui régissent notre Institution.
Le Président Mitterrand, que je cite de mémoire disait : « on sauve la démocratie par le respect des lois. On la perd par la raison d’Etat ».
Pour revenir à la démission des membres du Bureau de l’Assemblée nationale, je vous informe qu’à ce jour, le Secrétariat de mon Cabinet a enregistré, de façon formelle, les lettres de démission de quatre membres du Bureau de l’Assemblée nationale, à savoir :
- l’Honorable Christophe LUTUNDULA APALA Pen’APALA, Premier Vice-Président ;
- l’Honorable Marc MVWAMA ANEDU, Deuxième Vice-Président et ;
- Honorable KATENDE wa NDAYE MULEDI, Rapporteur ;
- l’Honorable Brigitte KALABA SANKWE, Questeur Adjoint.
Pour l’Honorable BAHATI LUKWEBO Modeste, Questeur, donné comme démissionnaire, mon secrétariat n’a pas enregistré à ce jour leurs lettres de démission.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Pour n’avoir pas présenté ma démission en votre absence, certains m’ont accusé, à tort, de vouloir engager un bras de fer avec la hiérarchie de mon parti.
En effet, je n’ai jamais, dans ma vie politique, vécu un moment aussi palpitant que celui-ci, où la quasi-totalité de la presse tant écrite qu’audiovisuelle, toutes tendances confondues, m’a réservé autant de titres et d’émissions, les uns pour me vilipender, ne comprenant pas mon attitude de ne pas présenter ma démission, les autres pour me féliciter pour mes convictions et ma détermination de préserver du naufrage la démocratie et l’institution Assemblée nationale.
Car, à la moindre maladresse de ma part, on pourrait se retrouver à la case de départ où finalement ce serait les membres du Gouvernement, pour la plupart Chefs des partis, qui désormais en viendrait à donner les ordres aux députés, à leur guise, au risque de conduire ces derniers de façon inconsciente dans le piège de l’autodissolution de l’Assemblée nationale ; Ce qui est aussi contraire à la nature du mandat de député, qui n’est pas impératif comme j’ai eu à le souligner plus haut.
Ma position m’a valu aussi une campagne de diabolisation systématique à Kinshasa comme à l’intérieur jusque dans mon fief électoral au Sud-Kivu par des personnes qui pensaient bien faire !
Pendant toute cette période, j’ai gardé le silence, non pas parce que je n’avais rien à dire, ou que je pensais surtout à préserver ma propre personne, mais plutôt à préserver la démocratie pour laquelle notre peuple s’est battu jusqu’au sacrifice suprême. Et j’ai fait mienne la sagesse d’un auteur français du nom d’Alfred de Vigny, qui disait : « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ».
Je mets donc toutes ces pratiques et actions sur le compte de l’apprentissage de la démocratie, chacun de nous étant appelé à gagner à son niveau le combat de la tolérance et de l’amour du prochain.
Comme disait Ghandi, « le plus grand combat que l’on doit gagner, c’est contre soi-même qu’il faut le gagner, en refoulant constamment la mauvaise nature qui nous pousse à détruire ce que nous avons érigé au prix de beaucoup de sacrifices ».
Honorables Députés et Chers Collègues,
J’ai gardé aussi le silence par respect pour cette liberté des autres d’exprimer leur opinion et j’ai porté sur moi le poids de tolérer les opinions différentes aux miennes.
Cette attitude que je continue à observer jusqu’à ce jour, n’est nullement, j’insiste, de l’indiscipline face à la hiérarchie de ma famille politique, encore moins un bras de fer, comme certains l’ont prétendu, ni de la surenchère politique, ni la recherche d’une singularisation quelconque, mais la conviction qu’en tout temps et en tout lieu, la vérité est dans la mesure, et que jamais les Nations ne se construisent aux extrêmes. Car la dialectique nous apprend qu’aucune thèse n’est exacte si elle n’a été confrontée à son antithèse.
C’est du choc de ces deux réalités que l’on progresse par la synthèse. C’est aussi du choc des idées que jaillit la lumière.
C’est cela et rien d’autre. Tout en étant conscient de ce que les membres de ma famille politique attendaient de moi, c’est-à-dire, démissionner avec effet immédiat, j’étais en même temps persuadé que quelque part dans le pays, les députés et sénateurs en vacances, les femmes, les hommes, les jeunes, les défenseurs de droit de l’homme et les églises ainsi que toute la société civile et nos chers compatriotes de la diaspora voulaient de moi, une attitude, un comportement responsable pour d’abord préserver la démocratie et son artisan, j’ai cité le Président Joseph KABILA ; pour ensuite sauver l’honneur et le prestige de l’Assemblée nationale, et pour protéger la loi suprême du pays, j’ai cité la Constitution, et enfin observer strictement le texte qui régit l’Assemblée nationale, à savoir le Règlement Intérieur.
Je reste convaincu que cette attitude que je me suis imposée n’était pas vaine. Cette attitude, disais-je, n’était pas inutile pour la démocratie pour laquelle nous nous sommes tous mobilisés avec l’aide très appréciable de la Communauté Internationale. Car en revisitant l’histoire politique de notre pays, je me suis rendu compte des ravages et dégâts irréparables que peut causer toute décision hasardeuse. J’ai voulu donc épargner notre pays des divisions inutiles.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Maintenant que je procède à l’ouverture de cette session de mars 2009, je voudrais rassurer le Président de la République, Chef de l’Etat et ma famille politique, que j’inscrirai la question de ma démission et du renouvellement du Bureau à la prochaine réunion de la Conférence des Présidents, avant de venir en débattre en plénière, et ce, en conformité avec la Constitution et notre Règlement Intérieur.
Même si je me suis imposé le silence, j’aimerais quand même préciser certaines choses qui m’ont paru comme des contre-vérités monstrueuses et grossières dans les déclarations de certains politiciens en mal d’arguments et de positionnement.
Je voudrais ici dire et prendre l’Assemblée nationale à témoins que j’ai été parmi les premiers à prôner le rapprochement avec le Rwanda par le rétablissement de nos relations diplomatiques qui devaient conduire rapidement à l’accréditation des ambassadeurs dans nos deux pays respectifs.
Puisque l’histoire est têtue, j’ai eu le privilège de m’exprimer tout récemment au Parlement du Rwanda où j’ai affirmé clairement que l’histoire et la géographie condamnent nos deux peuples et nos deux pays à vivre en une parfaite harmonie et entente.
Au cours de cette adresse, j’ai insisté aussi en disant que personne ne déplacera le Rwanda et personne non plus ne déplacera la RDC.
Mon choix au cours des récents conflits que le pays a connu a toujours été constant : C’est celui de privilégier le dialogue, la négociation à la guerre.
Je n’ai pas besoin d’énumérer ici toutes les étapes auxquelles j’ai pris part depuis le processus de Lusaka en passant par Sun City jusqu’à la toute récente Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement dans les Provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Mon expérience dans les travaux réussis de la Commission de pacification de l’Ituri, où nous avons pris des risques énormes avec le Professeur NTUMBA LWABA me conforte dans mes convictions.
En juin 2007, mû uniquement par le souci de la recherche de la paix, j’avais présenté un plan de sécurisation des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont la copie avait été remise à la mission du Conseil de Sécurité des Nations Unies de passage dans notre pays.
Tout récemment encore, en octobre 2008, l’Assemblée nationale a adopté un plan de sortie de crise à l’Est de la RDC au cours de sa plénière du mercredi 29 octobre 2008.
Ce plan qui avait été entériné par le Gouvernement a ouvert la voie aux négociations avec le CNDP et entre les Ministres des Affaires Etrangères du Rwanda et de la RDC.
Il s’est fait qu’au cours des négociations de Nairobi, Laurent NKUNDA, leader du CNDP, dans une lettre adressée au Président de l’Assemblée nationale et à celui du Sénat, avait exigé la présence du Président KENGO et de moi-même pour parrainer ces discussions.
Moi j’ai appris qu’on ne peut négocier qu’avec son ennemi ou son adversaire et ce n’est pas un signe de faiblesse. C’est pourquoi, j’avais encouragé les pourparlers de Nairobi qui se poursuivent présentement à Goma. Je ne doute pas que l’expérience des anciens Présidents OBASANJO du Nigeria et MKAPA de la Tanzanie constitue une garantie à l’aboutissement heureux de ces négociations.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Nous avons donc à cet instant précis, une responsabilité historique d’incarner pour les générations futures, les chances d’un passage à témoins. Car nous devons leur léguer une société meilleure que celle dont nous avons héritée. Et nous ne pouvons le faire que si nous mettons Dieu au centre de nos actions d’une part, et d’autre part si nous renonçons aux anciennes habitudes, ces antivaleurs qui sont déjà un obstacle aujourd’hui au développement et qui seront demain un frein à l’épanouissement d’une nouvelle société congolaise.
Dieu doit être de tous nos projets. Car il est dit dans la Bible : « Si Dieu n’est battu la maison, en vain peinent les bâtisseurs, si Dieu ne garde la Ville, en vain la garde veille »
Nous sommes tous, donc, acteurs de l’histoire commune de notre pays. Il nous revient à nous-mêmes de choisir la partition que nous voulons jouer, celle de la discorde, de la division ou celle de l’union pour le progrès.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Dans mon discours d’investiture à l’occasion de l’installation du Bureau de l’Assemblée nationale, j’avais promis de faire de l’Assemblée le creuset de la démocratie dans notre pays. J’entendais par là, en faire le lieu où la Majorité et l’Opposition devraient s’exprimer librement afin de réduire la tension politique dans les rues et les cités du pays. En le faisant, je ne pense pas avoir trahi mon parti et le peuple congolais.
J’avais promis de faire de notre Chambre une famille parlementaire où les Députés de la Majorité et de l’Opposition devraient croiser leurs idées dans la convivialité pour booster notre société vers le progrès. Je me réjouis que cela soit devenu aujourd’hui une réalité. J’invite donc tout le monde à faire un effort pour accéder à cette exigence démocratique d’une société moderne.
La situation de notre pays qui renoue avec la paix, demande de nous tous, un sursaut patriotique pour tendre vers une sorte d’union sacrée dans la communion des esprits et des efforts nécessaires à l’amorce du combat de la reconstruction et du développement sous l’égide du Président de la République, Chef de l’Etat.
Trêve de divisions, de dissensions et de crises artificielles, car l’heure est aux débats d’idées, à la justice pour tous et au travail bien fait, bref au respect des valeurs républicaines qui intègrent les exigences de bonne gouvernance, de démocratie et d’observation des droits de l’homme.
Honorable Président du Sénat ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Monsieur le Premier Président de la Cour Suprême de Justice ;
Monsieur le Procureur Général de la République ;
Honorables Membres des Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat ;
Messieurs les Vice-Premier Ministres ;
Honorables Députés et Sénateurs, Chers Collègues ;
Mesdames et Messieurs les Ministres et Vice-ministres ;
Excellences Messieurs les Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques ;
Excellences Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;
Messeigneurs et Chefs spirituels des Confessions religieuses et des Eglises de réveil ;
Monsieur le Gouverneur de la Ville de Kinshasa ;
Monsieur le Bourgmestre de la Commune de Lingwala ;
Mesdames et Messieurs distingués invités,
Je ne saurais terminer ce discours sans faire allusion à la femme et à la jeune fille congolaises auxquelles le mois de mars est dédié. L’Assemblée nationale ne ménagera aucun effort pour améliorer la protection légale de la femme dans notre société et pour veiller, dans la mesure de ses compétences, à leur représentation dans la vie publique. Je tiens à les féliciter au nom de tous les Députés.
Je ne cesserai de condamner de la manière la plus vigoureuse toutes les violences faites aux femmes. Et j’exhorte les instances compétentes pour poursuivre et sanctionner les auteurs de ces crimes odieux.
Comme j’ai eu à le dire, à l’occasion de l’installation du Comité de pilotage du projet de mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, les hommes de notre pays et de beaucoup de pays africains, doivent cesser de considérer la promotion de la femme comme un cadeau.
Les femmes congolaises, j’allais dire les femmes africaines, sont très compétentes. Je ne comprends pas pourquoi certaines fonctions sont considérées dans le cas de mon pays, comme une chasse gardée des hommes.
Par ailleurs, pour terminer sur une note positive, notre pays vient de connaitre un événement sportif historique. Il s’agit de la victoire de nos Léopards au premier Championnat africain de Football des Nations réservé aux joueurs évoluant sur le continent.
Emboitant le pas au Chef de l’Etat, je voudrais, au nom des Honorables Députés et au mien propre, présenter mes sincères félicitations à ces vaillants fils du pays. Autant que la Nation toute entière, l’Assemblée nationale leur exprime toute sa reconnaissance et son admiration.
Il ne me reste plus qu’à réaffirmer mon appel à l’apaisement et à la concorde nationale. Et je voudrais insister sur l’obligation qui nous est faite de respecter les droits de l’homme, fondement de notre vie en commun.
C’est ici donc le lieu de demander aux services compétents de procéder à la relaxation de tous les activistes de droits de l’homme et toutes les autres personnes qui ont été arrêtées uniquement pour avoir exprimé leur opinion en rapport avec la réconciliation nationale, la démocratie et la présente rentrée parlementaire.
Je voudrais en terminant emprunter l’étoffe du Pasteur et faire mien le message qu’un ami, un collègue député élu du Katanga vient de m’envoyer et que j’adresse à notre peuple en n’inspirant des saintes écritures : « Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous » et il ajoute : « Tant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous ».
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo,
Que Dieu bénisse notre Assemblée Nationale,
Je déclare ouverte la Session ordinaire de mars 2009.
Je vous remercie.