KINSHASA, le 1 avril (IRIN) - Par crainte de voir l'épidémie de la fièvre de Marburg qui sévit en Angola se propager au-delà des 1750 km de frontière que ce pays partage avec la République démocratique du Congo (RDC), le ministre congolais de la Santé, Emile Bongeli, a indiqué qu'un cordon sanitaire a été établi le long de la frontière.
«Bien qu'il n'y a pour l'instant aucun cas avéré de fièvre de Marburg en RDC, le risque d'une contagion existe et nous prenons nos précautions», a-t-il déclaré.
La fièvre de Marburg provoque de graves hémorragies, une forte fièvre, des maux de tête, des vomissements et la diarrhée. Apparentée au virus mortel d'Ebola, cette maladie est spécifique à l'Afrique et se transmet par les fluides corporels comme la sueur.
Découverte par les scientifiques en 1967, la première grande épidémie en RDC de cette rare maladie a fait 123 victimes entre 1998 et 2000.
En 2000, une épidémie plus importante a causé la mort de 140 personnes en l'espace de trois semaines, a expliqué le docteur Muyembe Tamfun, directeur médical à l'Institut de recherche biomédicale de la capitale Kinshasa.
Il n'existe pas de traitement spécifique pour cette maladie. Une hospitalisation, suivie d'une réhydratation, d'un contrôle de l'oxygénation et de la pression artérielle du patient et d'un traitement des infections opportunistes peuvent contribuer à la guérison du malade.
En Angola, au moins 117 personnes sont décédées de la fièvre de Marburg dans la province nord d'Uige proche des provinces du Bas Congo et de Bandundu en République démocratique du Congo.
Lundi dernier, Bongeli est rentré d'une tournée dans les zones frontalières avec l'Angola. Une équipe de 15 experts y a été dépêchée pour apprendre aux agents de santé locaux à mieux détecter la maladie.
«Nous voulons être en mesure de détecter et de diagnostiquer le plus rapidement possible tout cas suspect», explique Muyembe, membre de la délégation qui accompagnait le ministre Bongeli.
Les autorités sanitaires de RDC reconnaissent qu'il est difficile d'empêcher que la maladie ne passe la frontière qui sépare des groupes ethniques et sert de zone d'échange commercial entre l'Angola et la RDC.
«Nous pouvons attirer l'attention des communautés locales sur la gravité de la maladie», a indiqué le docteur Daniel Kyandja, inspecteur médical dans la province de Bas-Congo et membre de la délégation ministérielle.
«Les communautés locales informeront immédiatement les autorités médicales de tout cas suspect»
L'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies à Atlanta aux Etats-Unis ont fait fourni une aide substantielle au ministère congolais de la Santé pour l'aider à faire face à l'épidémie.
Lire l'article sur l'épidémie de la fièvre de Marburg en Angola (version anglaise)