L'ex-chef rebelle congolais Laurent Nkunda, détenu depuis près d'un an au Rwanda, n'a "pas peur" d'être jugé en République démocratique du Congo (RDC) ou par la Cour pénale internationale. Il se dit aussi « prêt à aller en exil », a déclaré samedi son avocat à l'AFP, rapporte radiookapi.net
«Au tout début, il demandait la liberté pure et simple, aujourd'hui Laurent Nkunda est prêt à considérer toute solution raisonnable, sauf la détention illégale », a indiqué son avocat, Me Stéphane Bourgon. « Il n'a pas peur d’être jugé à Kinshasa (...). Il n'a pas peur d’être jugé par la Cour pénale internationale (à La Haye), mais il n’y a ni mandat ni accusation de la CPI. Et il est prêt à aller en exil, il a même identifié trois Etats », a ajouté l'avocat canadien, sans préciser les trois pays qui ne sont pas tous en Afrique.
La Cour suprême du Rwanda devait examiner, mercredi , une requête des avocats de Nkunda, visant sa remise en liberté. Mais, la cour a reporté son audience au 1er mars prochain. L’ex-chef rebelle du CNDP est actuellement en résidence surveillée dans la banlieue de Kigali au Rwanda, selon M. Bourgon.
Saisir la balle au bond
Le souhait du gouvernement congolais, est que Laurent Nkunda revienne à Kinshasa, pour y répondre des crimes commis par le CNDP, au moment où le général déchu était aux commandes de ce mouvement insurrectionnel. Arrêté le 22 janvier 2009 à Gisenyi, ville rwandaise frontalière avec Goma dans l'Est de la RDC, Nkunda aura passé près d’une année sans jugement au Rwanda. Certains observateurs, qui croyaient sur parole le ministre congolais de la Communication, pensaient que le transfèrement vers Kinshasa de l’ancien chef du CNDP ne serait qu’une simple formalité. Lambert Mende avait affirmé que Kigali allait sans atermoiement renvoyer le « colis à Kinshasa ». On s’attendait à une bonne dose de bonne foi des autorités rwandaises pour mettre en branle tout l’arsenal juridique et autres conventions liant les deux pays en matière d’extradition des prévenus. Rien de tel ne fut fait. Le Rwanda qui, au départ, n’excluait pas le transfèrement de Nkunda vers la RDC, tergiversait, proposant soit de le juger sur son sol, soit de lui trouver un pays d’asile.
Près d’une année après, l’ex-chef du CNDP vient de se déclarer prêt à rentrer en RDC pour y être jugé. C’est une occasion bien indiquée. Kinshasa doit saisir la balle au bond pour matérialiser d’urgence le souhait de Nkunda. Juger ce dernier au pays où il aurait commis des exactions ne serait que justice, affirment certains juristes.
La longue aventure qui risque de tourner court
Ex-général déchu de l'armée congolaise, Laurent Nkunda a été arrêté alors qu'il était alors à la tête de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), aujourd'hui ralliée au pouvoir de Kinshasa et dont les combattants ont été intégrés dans l'armée. Il avait mis en déroute dans le Nord-Kivu l'armée congolaise en octobre 2008 et menacé de faire tomber Goma. Mais, à la suite d'un retournement d'alliance, les armées congolaise et rwandaise avaient lancé le 20 janvier 2009 une opération conjointe sans précédent contre les rebelles hutus rwandais dans l'Est de la RDC, qui avait par ailleurs abouti à l'arrestation de Nkunda deux jours plus tard.
L'ex-chef rebelle fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en 2005 par la Haute Cour militaire congolaise pour désobéissance et crimes de guerre à Bukavu, au Sud-Kivu (est), qu'il avait prise brièvement en juin 2004. Il est aussi accusé par nombre d'ONG d'avoir enrôlé des enfants dans les rangs de l'ex-CNDP.
«Nous sommes toujours en pourparlers" avec le Rwanda pour une extradition de Laurent Nkunda, a déclaré le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende à radiookapi.net», avant d’ajouter : « Nous souhaitons toujours qu'il puisse venir ici répondre de ce qu'on lui reproche. Le président Joseph Kabila a dit que tout semble indiqué que cette année nous aurons le fin mot de cette histoire.Car, aussi bien les Rwandais que nous, nous souhaitons vraiment qu'on mettre un terme à l'impunité dans cette région », a-t-il ajouté.
«L'exil ne serait pas une solution satisfaisante. Notre préférence est qu'il n'y ait pas d'impunité. Il y a eu des faits répréhensibles, il faut absolument qu'il (Nkunda) en réponde.