C’est depuis un bon bout de temps que, face à l’avalanche des taxes et au vu des conditions difficiles dans lesquelles ils vivent, les Kinois se posent éternellement la question: où sont passées les recettes de la vente des vignettes 2007-2008? Quelques fois, le Gouverneur André Kimbuta, profitant de certaines manifestations, a tenté d’y répondre sans vraiment convaincre. Voilà maintenant qu’un député provincial de Kinshasa vole au secours des habitants de la capitale congolaise en s’appropriant cette démarche à travers une question orale.
Toujours sous la houlette du député Martin Fayulu, presque le seul à actionner le mécanisme de contrôle parlementaire sur l’exécutif provincial, la question de la gestion des vignettes 2007-2008 et des impôts tant foncier que sur le revenu locatif est au centre des débats. Cela, à travers une question orale initiée par Martin Fayulu et adressée à qui de droit, à savoir le ministre provincial en charge des Finances, M. Guy Matondo.
C’est donc l’occasion pour les Kinois de connaître la direction prise par ces importantes recettes recouvrées à coup de toutes sortes de menaces et même des mesures draconiennes sans prendre en compte les difficiles conditions de vie des habitants de la capitale. Un dispositif appelé «sabot» avait même été mis à contribution pour bloquer les pneus des véhicules qui n’arboraient aucune vignette. L’Hôtel de ville de Kinshasa y était allé de la manière la plus forte pour contraindre les automobilistes de la capitale à s’acquitter de ce devoir civique ou patriotique.
Par logique du contraire, le contrôle de la gestion des recettes des vignettes est tout aussi un devoir «civique» ou «patriotique». Car, après s’être tant dépensés pour payer cette vignette, les Kinois ont le droit de savoir où sont passées les recettes de la vente des vignettes 2007-2008, si l’autorité provinciale ne rend pas tout à fait compte à ses administrés avec des détails précis. D’ailleurs, à chaque fois qu’il a été amené à s’expliquer sur cette question, le gouverneur Kimbuta n’a jamais affiché une bonne mine. On se souvient encore lorsque, dernièrement, il clamait presqu’en colère «bo zali ko tuna mbongo ya vignettes ekeyi wapi?»
C’est donc pour éclairer la lanterne du public que le ministre provincial Guy Matondo est aujourd’hui à la barre. Il lui revient d’expliquer comment toutes ces recettes ont été dépensées et si elles ont effectivement contribué à ne fût-ce qu’un chantier à Kinshasa. Il est donc question de savoir si c’est avec cet argent que l’on a pu éclairer l’avenue des Huileries dont le coût des travaux, à en croire le gouverneur Kimbuta, se situe bien au-delà du montant de la vente des vignettes. Il sera également question de savoir ce que l’exécutif provincial fait des recettes de l’impôt sur le revenu locatif et sur l’impôt foncier.
Maintenant qu’il est encore question pour les Kinois de payer d’autres vignettes et impôts, il est donc de leur droit de savoir d’abord à quoi ont servi les premières recettes réalisées. En démocratie, les contribuables ont le droit de savoir ce qu’on fait de leurs souscriptions. Cela entre aussi dans le cadre de la bonne gouvernance. Ne dit-on pas que le fait de destiner des fonds à une autre tâche que celle à laquelle ils étaient destinés constitue un détournement de fonds? Si les Kinois demandent toujours à quoi ont servi les recettes des vignettes 2007-2008, c’est qu’ils ne sont pas encore convaincus de ce qu’on leur a dit jusqu’à ce jour.
Tout l’honneur revient au ministre Guy Matondo pour éclairer les Kinois une bonne fois pour toutes afin que, grâce au contrôle parlementaire, un vent d’orthodoxie souffle désormais sur la gestion de la ville de Kinshasa. Le ministre des Fiances, Guy Matondo, a sollicité un délai de 48 heures pour se défendre, délai qui expire ce vendredi 05 février 2010 où il est attendu à l’Assemblée provinciale de Kinshasa. C’est donc une affaire à suivre.