A peine de retour d'exil, le fondateur de l'Eglise l' «Armée de victoire» a été arrêté dimanche 14 mai par la police congolaise au siège de cette église, dans la commune de Kasa-Vubu. Kutino Fernando revenait du stade Tata Rapahaël où il avait prêché devant ses fidèles, venus nombreux l'écouter. Il est accusé de détention illégale d'armes et des propos incitant à la haine, selon le gouverneur de la ville de Kinshasa abordé par radiookapi.net
Selon l'une de ses fidèles interrogée sur le lieu, après sa prédication, le pasteur Kutino a été filé par des services du stade au siège de son église située sur l'avenue de l'Enseignement, dans la commune de Kasa-Vubu. «Moins de cinq minutes après son retour, une dizaine des jeeps bondées de soldats sont arrivées. Ils ont entouré l'église avant qu'un groupe n'aille à l'intérieur. Ils sont ressortis avec le pasteur comme s'il s'agissait d'un voleur. Ensuite, d'autres militaires se sont mis à tabasser les fidèles et à tirer en l'air», a témoigné cette fidèle.
«Moi je revenais du stade du 20 Mai. Je ne savais pas que papa était arrêté. Arrivé au niveau de l'avenue des Huileries, j'ai vu trois jeeps avec soldats stationnés à côté d'un camion. Après, j'ai encore vu une voiture d'où le pasteur Kutino sera tiré pour être immédiatement embarqué à bord d'une autre sans numéro d'immatriculation. Il était en singlet, les mains menottées et il transpirait. Ensuite le cortège a roulé à vive allure», a témoigné un autre fidèle.
Contacté à son tour par radiookapi.net, le gouverneur de la ville Kimbembe Mazunga a confirmé et justifié l'arrestation de l'homme de Dieu. D'après lui, Kutino a été arrêté pour détention d'armes de guerre et incitation à la haine et à la violence.
«Il a déclaré entre autre que le pays est vendu aux étrangers. Je voudrais bien savoir qui de Joseph Kabila, de Jean-Pierre Bemba, de Ruberwa, de Z'Ahidi ou de Yerodia et même de quel ministre est étranger», s'est interrogé le patron de la ville. Concernant la détention des armes de guerre, Kimbembe a ajouté que parmi les gardes du corps de Kutino, deux ont été appréhendés. L'un appartiendrait, selon lui, à l'état-major de la garde rapprochée du vice-président Bemba, et l'autre serait l'un des éléments ayant été cités dans plusieurs coups dont celui de l'opération «Pentecôte» de 2004.
A la question de savoir quel type et combien d'armes ont été trouvées chez Kutino, le gouverneur Kimbembe a répondu sèchement: «Ecoutez monsieur, vous n'êtes pas entrain de faire une instruction. Vous êtes en train de chercher une information»
«Réactions»Face à cette situation, des réactions ne se sont pas fait attendre. Parmi elles, celle de l'ONG de défense des droit de l'homme, la Voix des sans voix (VSV). Dans un communique publié dimanche même dans la soirée, cette organisation non gouvernementale condamne ce qu'elle qualifie d'enlèvement du pasteur Kutino. Elle invite le gouvernement de transition, à diligenter une enquête indépendante sur les actes de violence et l'enlèvement du pasteur Kutino et exige en même temps sa libération immédiate et sans condition.
Pour rappel, le pasteur Fernando Kutino est rentré de son exil de trois ans il y a seulement une semaine.