Entre l’Eglise catholique et le gouvernement, l’heure est à l’apaisement pour un partenariat axé sur le développement. Invité jeudi 24 février 2011 du Comité permanent de la Conférence épiscopale du Congo, le Premier ministre Adolphe Muzito a plaidé pour un nouveau départ dans les relations entre l’Eglise catholique et l’Etat. Son message a eu un écho favorable dans le milieu du clergé concernant notamment l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE et ses implications dans les secteurs sociaux.
Le Comité permanent de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO) a reçu hier jeudi 24 février la visite du Premier ministre Adolphe Muzito. Une occasion pour le clergé de recevoir de vive voix les réponses à ses nombreuses interrogations.
C’est dans la matinée que le Premier ministre a accédé sur le site de Caritas Congo où se réunissait la CENCO. Tous étaient là, archevêques et évêques de différents diocèses de la République, disposés à entendre les réponses du gouvernement aux nombreuses préoccupations, notamment celles portant sur l’atteinte depuis le 1er juillet 2010 du point d’achèvement de l’initiative d’effacement de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et son impact sur la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.
La rencontre entre le Premier ministre et l’Eglise est une démarche qui s’inscrit dans le cadre du renforcement de la collaboration entre le gouvernement de la RDC et l’Eglise catholique au service du bien-être de la population congolaise, a indiqué le président de la CENCO, Mgr Nicolas Djomo, évêque de Tshumbe.
Dans son plaidoyer, le chef du gouvernement a plaidé en faveur des rapports apaisés entre l’Etat et l’Eglise, appelant de tous ses vœux la constitution d’une commission permanente comprenant les représentants de l’Eglise et du gouvernement pour un nouveau départ dans les relations Eglise-Etat.
La rencontre entre le Premier ministre et le clergé était donc de toute importance. Pour preuve, autour de lui, le chef du gouvernement s’était entouré des ministres des Finances, Augustin Matata Ponyo, de l’Enseignement supérieur et universitaire, Léonard Mashako Mamba, de l’Enseignement primaire secondaire et professionnel, Maker Mwangu, de la Santé publique, Victor Makwenge Kaput.
Du côté de la CENCO, on a noté la présence des archevêques et évêques-présidents des commissions épiscopales spécialisées au premier rang desquels le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, Mgr Joseph Kumuondala, archevêque de Mbandaka–Bikoro, Mgr Jean-Pierre Tafunga Mbayo, archevêque de Lubumbashi, Mgr Marcel Utembi, archevêque de Kisangani, Mgr François-Xavier Maroy Rusengo, archevêque de Bukavu, et Mgr Marcel Madila, archevêque de Kananga.
Les interrogations de l’Eglise
Les retombées de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE ont été au centre des préoccupations des évêques. Compte tenu de l’urgence de consacrer les économies réalisées par le fait de l’effacement d’une bonne partie de la dette extérieure de la RDC aux secteurs sociaux (santé et éducation), la CENCO a souhaité voir le gouvernement mettre en place un mécanisme « transparent » de gestion et de suivi des dépenses sociales.
Dans ce sens, la CENCO s’est dit favorable à la création, par Ordonnance présidentielle, d’un comité national chargé du suivi des dépenses de lutte contre la pauvreté en vue « d’identifier les projets à réaliser et s’assurer de leur réalisation ainsi que leur évaluation ».
Concernant la dette extérieure, la CENCO a exprimé l’urgence de procéder à son audit pour évaluer à leur juste valeur les retombées de la mesure d’annulation du 1er juillet 2010. D’autres préoccupations de la CENCO ont porté sur la gestion des ressources naturelles, la lutte contre la corruption, un appui conséquent aux secteurs de la santé, de l’éducation, l’assistance humanitaire, le développement et la bonne gouvernance. Il en est de même de l’accroissement de la part allouée à l’enseignement dans le budget national ainsi qu’une bonne collaboration dans le respect de la convention Eglise-Etat dans le secteur de l’éducation.
En réponse à ces préoccupations, le chef du gouvernement a rassuré les évêques de la disponibilité de l’Exécutif à traduire par des faits la volonté politique exprimée par le président de la République lors de son discours sur l’Etat de la nation prononcé le 9 décembre 2010 devant le Parlement réuni en Congrès. Dans son message à la nation, le chef de l’Etat s’est ouvert à l’Eglise, promettant de l’associer aux grands travaux de reconstruction nationale en vue de relever les défis des secteurs de la santé, de l’éducation, de l’action humanitaire et de l’économie par la promotion de la micro-finance et de l’agriculture. En outre, le chef du gouvernement a promis d’accorder une attention particulière aux avantages fiscaux à allouer aux actions menées par l’Eglise dans différents secteurs sociaux.