Après l'attaque surprise sur la résidence du président Joseph Kabila dimanche, des questions émergent sur la version officielle actuelle, telle que présentée par le ministre de l'information et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende.
Alors que M. Mende annonçait dès dimanche qu'une « cinquantaine » d'assaillants auraient participé à l'assaut contre la résidence du chef de l'État et le camp Kokolo, des sources des services de sécurité congolais ont avancé lundi le chiffre d'une « centaine d'hommes » à l'Agence France Presse.
M. Mende est revenu sur ses affirmations hier à la Voix de l'Amérique selon lesquelles le président Kabila était dans sa résidence au moment de l'attaque.
« Après avoir affirmé dimanche que le président Kabila était dans sa résidence au moment de l'attaque, M. Mende a déclaré lundi à l'AFP qu'il en était parti peu avant pour visiter un chantier près de l'aéroport, et y serait revenu peu après », a rapporté l'AFP lundi.
Alors qu'une « cinquantaine », ou même une « centaine », d'assaillants auraient tenté un « coup d'État » et qu'une dizaine d'entre eux seulement auraient été tués et une trentaine arrêtés, les autres parvenant à s'échapper et étant poursuivis dans la ville, il est surprenant de constater que « le gouvernement n'a pas décrété un couvre-feu, le match opposant V. Club au club tanzanien Zanzibar Ocean View s'est déroulé au stade des Martyrs dans la sérénité, les Kinois ont vaqué librement à leurs occupations, le transport public n'a nullement été perturbé. D'ailleurs, le lundi 28 février 2011 Kinshasa s'est réveillé avec sa bonne humeur habituelle », comme le rapportait le service de presse de la présidence lundi.
Implication de l'opposition?
M. Mende a dit à l'AFP qu'un des assaillants arrêtés est un ancien membre du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba.
Radio France Internationale rapporte que « la Monusco et l'opposition craignent des arrestations arbitraires d'opposants ». « A 9 mois de l'élection présidentielle, la Monusco craint que Joseph Kabila et son entourage ne mettent cette action sur le dos de l’opposition et ne commencent à effectuer des rafles d’opposants », ajoute RFI.
Coup d'État ou coup de théâtre?
Quel était le nombre réel des assaillants? S'agissait-t-il de quelques aventuriers, qui ont certes réussi un coup de théâtre, ou d'une véritable atteinte aux institutions de l'État, à quelques mois des élections? Pourquoi ne pas décréter un couvre-feu après une telle attaque? Le gouvernement savait-t-il alors qu'il n'y aura plus d'autres attaques dans la ville?
Des questions auxquelles l'enquête ouverte par les autorités pourra, peut-être, apporter plus de précisions.