Alors que la CEI s?apprête à publier les résultats provisoires des élections législatives, nous avons interrogé le président de la Commission Electorale Indépendante, l?abbé Malu Malu, sur les troubles récents et leur impact sur le processus électoral.
INTERVIEW
Comment réagissez-vous à ce qui s?est passé a Kinshasa?
On ne peut accepter ce qui s?est passé, nous le condamnons avec la dernière énergie et espérons que c?est la dernière fois que nous allons vivre ce type de drames. Ce n?est pas digne de notre pays et du peuple congolais, qui a exprimé sa volonté très clairement. Il faut respecter son choix. J?espère nous allons tous nous concentrer sur ce que l?on attend de nous: organiser des élections libres, démocratiques et transparentes.
Nous demandons à tous, en particulier aux media, à l?armée, à la population de soutenir le processus dans la paix, la tolérance. Tous doivent respecter les règles démocratiques pour permettre l?organisation des prochaines élections.
Vous sortez d?une rencontre avec les membres de CIAT. Quel a été l?objet de cette réunion?
Nous avons fait l?état des lieux du processus électoral - la compilation des résultats élections législatives et des préparatifs pour dans l?organisation du deuxième tour de l?élection présidentielle et des élections provinciales - et aussi des questions d?ordre politique et sécuritaire.
Nous avons aussi évoqué tout ce qui pourrait concourir à créer un climat apaisé. Nous avons notamment posé le problème de l?encadrement des media et du rôle de l?armée dans le processus pour permettre que les élections se passent dans de bonnes conditions, conformément a la volonté du peuple congolais.
Une volonté manifestée lors de l?enregistrement des électeurs, du referendum constitutionnel et du premier tour des élections. Un taux de participation de 70%, c?est un message fort pour toutes les élites congolaises, qui doivent en tirer tous les conséquences.
Vous avez publiez les résultats provisoires de l?élection présidentielle. Quand publierez-vous les résultats des législatives?
Nous avons annoncé que les résultats des élections législatives seraient publiés d?ici au 4 septembre. Ce calendrier sera respecté comme a été respecté le calendrier de publication des résultats provisoires de l?élection présidentielle.
Si les conditions sont réunies, nous commencerons à annoncer les résultats des élections législatives, dès vendredi, circonscription par circonscription, au fur et 133 mesure que les centres de compilation termineront leur travail.
Le financement du second tour est-il assuré?
Nous avons besoin de fonds supplémentaires, environ 45 millions de dollars, selon les calculs établis avec le PNUD pour pouvoir aller de l?avant. 10 millions ont déjà été promis, d?autres engagements sont à venir.
La communauté internationale continue de se mobiliser à nos côtés. Aucune crainte à avoir quant à la réalisation des élections. L?enjeu est avant tout démocratique et politique. Le pari matériel et financier, nous allons le gagner.
Le Président Kabila a demandé l?organisation du deuxième tour de l?élection présidentielle 15 jours après la publication des résultats officiels. Comment réagit la CEI?
L?article 71 de la constitution et l?article 114 de la loi électorale - qu?il faut mettre en relation avec les articles 110 et 108 - nous indique que la volonté aurait été de pouvoir organiser ces élections 15 jours après. Mais il y a deux éléments dans les textes qui peuvent nous guider dans ce débat juridique.
Le premier élément, c?est la proclamation des résultats définitifs et le deuxième élément, c?est la présentation des deux candidats par la Commission Electorale Indépendant (CEI) pour le second tour.
Entre le principe et la réalité, que faut-t-il faire? Nous nous sommes efforcés de considérer une date réaliste pour l?organisation de ce second tour. La Cour Suprême de Justice est appelée à se prononcer à ce sujet. Ce que nous pouvons recommander, c?est que tous les intervenants principaux dans l?organisation de ces élections, à titre financier, logistique ou politique, puissent se retrouver autour de la même table et discuter de la décision prise par la CEI d?organiser le deuxième tour présidentiel en même temps que les élections provinciales, le 29 octobre.
Avez-vous des craintes quant à votre propre sécurité?
Ce qui importe c?est la sécurité de tous les congolais, car la vie humaine est sacrée. La seule question à poser est les Congolais craignent-ils pour leur sécurité? Je crois qu?ils voudraient qu?on améliore les conditions de sécurité, qu?il n?y ait plus de groupes incontrôlés sur le territoire et que l?armée et les forces de sécurité fassent preuve de discipline.
Nous tous, organisateurs des élections, électeurs, candidats, observateurs, amis venus appuyer ce processus, nous tous avons besoin de sécurité et nous ne pouvons pas tolérer que ceux qui doivent l?assurer soient les premiers à nous mettre en danger, comme nous ne pouvons pas accepter que l?on manipule des jeunes gens pour semer l?insécurité dans les villes. C?est une question de responsabilité partagée par tous.